Petit bonhomme de chemin

Jour 122

Le 01/11/11, 0:19

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Le 1er Novembre, les pays d’Amérique latine, Mexique en tête, célèbrent tous les saints avec une ferveur probablement plus intense qu’en Europe. Au Pérou, ces festivités s’accompagnent d’un folklore surtout gastronomique. C’est l’occasion de manger le lechon (du cochon de lait), des tamales, des figurines en pain appelées T’antawawas et des biscuits décorés. Bref, il y en a pour tous les goûts. Pour ma part, n’étant toujours pas devenue une grande mangeuse de viande, je fais l’impasse sur le lechon. Par contre, les biscuits sur les étalages du marché San Pedro me font de l’œil...



Mais ce qui m’intrigue le plus aujourd’hui, c’est ce qui se passe dans les cimetières. Les familles s’y réunissent pour commémorer leurs morts d’une manière assez festive. On partage des plats traditionnels, en particulier ceux que préférait le défunt, au son de la musique et des prières. En toute honnêteté, je suis partagée entre deux sentiments. D’un côté, je suis très curieuse. D’un autre, cette indiscrétion me pose question. N’est-elle pas irrespectueuse voire malsaine ? J’hésite donc à me rendre sur place. Au-delà du cas de conscience, un aspect pratique me freine également dans mon élan : je n’ai aucune idée d’où se trouvent les cimetières de la ville. Je décide donc de me contenter d’aller flâner en ville.

Mais dans la rue, le fait de voir plusieurs familles bouquet de fleur à la main ravive mon intérêt. Je décide donc d’emboiter le pas à l’une d’entre elles et de la suivre discrètement. Ma filature s’arrête environ 200 mètres plus loin, à l’arrêt de bus... Grimper dans le combi avec ces gens serait probablement pousser le bouchon trop loin. Loin de me laisser abattre par cette première tentative avortée, je décide d’adopter une autre tactique en allant me promener du côté de l’hôpital national. Si mes souvenirs sont bons, quelques semaines auparavant, en cherchant l’endroit sur le plan, j’avais remarqué qu’il était situé près d’un cimetière. Une fois sur place, il n’y aura qu’à suivre à nouveau les « gens aux fleurs ». Mais mon enthousiasme est un peu trop débordant. Dans le quartier, pas l’ombre d’un seul bouquet. Et comme ma conscience continue à me tourmenter encore un peu, je jette l’éponge. On se contentera aujourd’hui du concert qui a lieu sur la Plaza San Francisco.

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Jour 121

Le 31/10/11, 4:09

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Aujourd’hui est un jour un peu spécial au Pérou, celui d’Halloween ou celui de la chanson criolla, c’est selon les goûts... En effet, pour combattre l’invasion de la fête commerciale « made in US », les Péruviens ont adopté une stratégie peut-être plus efficace que le boycott généralement prôné en Europe. Ils ont inventé une nouvelle célébration pour la contrecarrer. C’est ainsi qu’est née la fête de la chanson criolla. Par «criolla», on entend de la côte, et plus précisément les airs issus de la fusion entre les musiques européens et africains au Pérou. Il s’agit d’un style tout-à-fait différent des rythmes andins (ou amérindiens), plus caractéristiques des régions montagneuses (et avec lesquels, j’ai personnellement peu d’atomes crochus). Par conséquent, les airs criollos sont surtout mis à l’honneur à Lima. A Cusco, c’est Halloween qui l’emporte.

Et les festivités commencent très tôt. Toutes les caissières du supermarché travaillent grimées. De nombreuses mamans emmènent à l’école leurs petits bouts qui arborent fièrement leur plus beau déguisement. Le Spiderman est très en vogue cette année...

En soirée, les rues sont particulièrement animées. Les costumes et les masques sont de sortie. La Plaza de Armas est noire de monde. Petits et grands s’y sont tous retrouvés. C’est à croire qu’une grande partie de la ville a finalement succombé aux tentations des coutumes importées. Seul petit bastion de résistance, sur la place Regocijo, un groupe de musiciens joue du cajón, un instrument de percussion en forme de caisse, symbole de la musique criolla. Mais il y a aussi d’autres exhibitions d’un genre un peu moins conventionnel. Par exemple, le fan club du groupe musical Sud-coréen SS501 reprend les chorégraphies de ses idoles dans la rue.


Après un petit tour en ville pour m’imprégner de l’ambiance, je rejoins mes amis au Muse. C’est le dernier soir de Pablo à Cusco, je me devais d’être là. Apparemment, ce serait aussi celui de Yann mais, comme à son habitude, il n’arrivera que plus tard. Il est encore en pleine séance maquillage... Je suis une des rares à ne pas être déguisée. L’intention y était mais je n’ai pas vraiment eu le temps de trouver un déguisement. Par contre, mes amis ont rivalisé d’ingéniosité pour se distinguer de la masse. Notamment Leo et Paul dans leur costume de ninja. Ils remporteront d’ailleurs le concours du meilleur déguisement organisé par le bar.

J’avoue que ce soir, je découvre Paul sous un nouveau jour. Moi qui voyais le petit (enfin, pas si petit) Australien comme un mec timide et très posé, quel n’est pas mon étonnement de le voir grimper sur la scène pour nous gratifier de quelques mouvement de « robot dance » plutôt réussis. Ce à quoi je ne m’attendais pas non plus, c'est de me retrouver à mon tour sur cette même scène quelques minutes plus tard, poussée par l’enthousiasme (un peu trop) débordant de Frankie...





Vers 2h du matin, les rangs commencent à se défaire. Il est grand temps que les coloc’s de Frankie la ramène chez elle. Mais Pamela et moi, sommes encore en état de faire la fête. Nous suivons donc Leo et Paul dans un autre bar. Ils sont encore complètement dans leur trip... Dans ces conditions, difficile de passer inaperçu sur la Plaza de Armas. Le déplacement à la ninja n’est-il pourtant pas censé permettre de se mouvoir ni vu, ni connu ?


Nous débarquons à l’Ukukus, une des boîtes les plus connues de Cusco qui vient tout juste de rouvrir ses portes. L’endroit est parait-il très prisé. Et en effet, il faut montrer patte blanche pour pouvoir entrer. Mais Leo semble connaître tout le monde ici, du videur au DJ. Nous passons donc le comité d’accueil sans entrave. Leo n’est pas nécessairement la personne avec qui je m’entends le mieux parmi les couch surfers mais sur ce coup-là, il gagne des points... Et la boîte en effet vaut le coup. Il faudra revenir...

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Jour 120

Le 29/10/11, 2:54

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Encore un lever difficile... Je commence à vraiment subir le contrecoup de cette semaine de folie. Mais aujourd’hui c’est la révision du plan de développement touristique de chaque communauté en présence de tous nos bénéficiaires. Même si Erland me propose de rester à Sta Ana pour me reposer, je ne veux pas manquer à l’appel. A tort peut-être car, au final, il s’agit plus d’un acte de présence qu’autre chose. Je passe ma matinée à travailler sur mon PC en écoutant d’une oreille discrète les présentations des étudiants.

Sur le chemin du retour, je ne peux m’empêcher de piquer du nez dans la voiture. Qu’est-ce que je donnerais pour pouvoir faire une petite sieste. Mais nous sommes invités ce soir par Goyo à Ollantaytambo à l’occasion de la fête d’anniversaire de la ville. Le temps de garer la camionnette à Sta Ana et nous repartons pour la gare routière... Heureusement, je vais pouvoir me reposer un peu pendant le trajet d’une heure et demi jusqu’à Ollenta. Ce sera encore l’occasion d’impressionner Erland par ma capacité à dormir n’importe où, n’importe quand et dans presque n’importe quelle position...

Lorsque nous arrivons à Ollantaytambo, la fête bat son plein. Un groupe se produit sur la grande scène installée sur la place principale. Les gens dansent dans la rue. Certains titubent déjà un peu. Les effluves de bière qui se dégagent des ruelles ne laissent guère de doute sur la raison de leurs vacillements.


Nous allons déposer nos affaires chez Goyo qui nous attend en compagnie de Beatriz. Comme promis, la maman de Goyo a préparé pour nous le fameux cuy. C’est l’heure du verdict... En fait, en dépit de mes appréhensions, ce n’est pas mauvais. Mais à mes yeux, ce n’est pas non plus, le délice que mes amis péruviens m’avaient vanté. Bref, ça se laisse manger. Sans plus.

Je m’attends à ce que l’on regagne ensuite la place principale pour se joindre à la fête. Mais une pluie torrentielle en a décidé autrement. De toute façon, Erland et Beatriz ne sont pas fans des bains de foule. Comme nous avons en outre de quoi faire la fête dans notre coin, nous restons à la maison en compagnie d’une bonne bouteille de rhum.

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Jour 119

Le 28/10/11, 1:53

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Vendredi nous avons prévu de nous rendre au vivier de Maras pour suivre une formation organisée par les ingénieurs responsables du projet. Il est intéressant pour nous de connaître mieux cette autre initiative de CENPRODIC pour éventuellement la présenter à nos futurs touristes tout comme à nos bénéficiaires.

Mais Erland me passe un coup de fil aux petites heures du matin pour m’annoncer que la formation est finalement annulée. Je réponds de ma voie la plus caverneuse car je suis encore au lit. Quelle heure peut-il bien être ? Six heures moins dix... Ici, il ne semble pas y avoir d’heure convenable pour appeler quelqu’un. Aurelio n’a par exemple eu aucun scrupule à réveiller Erland à cinq heures et demi pour le prévenir du changement de programme. Pire encore, si Erland n’avait pas répondu, je suis persuadée qu’Aurelio le lui aurait reproché...

Le plus ennuyeux dans cette histoire est que nous avions proposé à Guru de l’emmener en compagnie de ses amis à Maras. Il va falloir que je lui explique que nous ne sommes plus en mesure de le faire. Moi qui pensais pouvoir gagner des points grâce à cette initiative... Je suis un peu confuse du peu de fiabilité dont nous faisons preuve. Pour essayer de rattraper le coup, j’emmène moi-même nos touristes à la station de bus et me débrouille pour leur trouver un transport à un prix raisonnable.

Il est donc sept heures et demie quand je rentre à Sta Ana pour me mettre enfin au boulot et j’ai déjà une heure de marche dans les pattes... De toute façon, je ne me fais guère d’illusions quant à mon programme qui aujourd’hui encore ne sera probablement pas respecté. Il en a été ainsi pendant toute la semaine. Et pourtant, j’ai l’impression de ne pas avoir arrêté une minute. Il n’y a pas de miracle : pendant qu’Erland, Rosa et moi-même passons notre temps à terminer l’équipement de l’hospedaje, nous n’avançons pas au niveau de notre travail respectif.

Nous sommes justement en train de parler de toutes ces choses avec Erland et Rosa en plein séance d'achats au magasin de bricolage lorsque nous sommes interrompus par une secousse sismique. C’est ma première expérience du genre ici au Pérou. Honnêtement, si Erland et Rosa ne me l’avaient pas fait remarqué, je ne me serais même pas rendue compte que la terre venait de trembler. Mais ils ont raison. Le balancement de tous les écriteaux suspendus au plafond le prouve. Si à Cusco cette secousse relève plutôt de l’anecdotique, à Ica, près de l’épicentre, le séisme a eu une magnitude de 6.9 sur l’échelle de Richter. Ce qui n’est pas rien. Il n’y a cependant aucun mort à déplorer, juste 103 blessés légers et 134 maisons d’adobe détruites.

Lorsque nous arrivons au marché El Molino, une agitation inhabituelle règne au « rayon » TV-Hifi-Vidéo. Beaucoup de gens s’y sont réunis pour suivre, cette fois, la retransmission en direct de l’enterrement de Ciro Castillo Rojo, épilogue d’un fait divers qui met tout le Pérou en émoi depuis près de six mois. En effet, on vient tout juste de retrouver le corps de cet étudiant décédé en montagne dans des circonstances assez troubles. Partis en trekking dans le canyon de Colca, Ciro et sa petite copine, Rosario, avaient été portés disparus au début du mois d’avril. Trente jours plus tard, une équipe de sauveteurs avait localisé Rosario, vivante, mais Ciro restait introuvable. La récente découverte de son corps vient de relancer la polémique : Ciro est-il tombé tout seul ou a-t-il été aidé par Rosario ? A l’heure actuelle, le mystère demeure.

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Jour 117

Le 26/10/11, 1:00

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Après avoir travaillé deux jours de suite jusqu’à presque deux heures du matin, je suis vraiment claquée. Cette journée s’annonce pourtant encore mouvementée puisqu’il faut à nouveau apprêter une chambre pour deux potentiels nouveaux visiteurs.

Le manque de sommeil commence cependant à me mettre un peu à cran. Cette fois, c’est le Señor Javier qui en fait les frais. Je n’arrive pas à faire comprendre aux membres de l’ONG que, contrairement à eux, les touristes ne se lèvent pas aux aurores. Qu’ils sont en vacances pour se reposer et que, par conséquent, il faut arrêter de hurler dans les couloirs. Aujourd'hui, le Señor Javier prend pour tous les autres.

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Jour 116

Le 25/10/11, 0:56

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La journée commence à nouveau par une vidéo-conférence encourageante. J’ai un entretien avec une potentielle future volontaire. La personne présente un profil idéal pour donner un coup de pouce bien nécessaire à l’équipe technique. Elle semble très motivée et sur la même longueur d’onde que nous.

Avec la Señora Rosa et Erland, nous partons ensuite faire du lèche-vitrine. En effet, nous devons établir un budget de ce qu’il nous reste à acheter pour équiper notre hôtel ainsi que la casita verde. Pour ce faire, nous devons faire la « cotización » comme on dit ici. En d'autres termes, il s'agit d'aller vérifier le prix de chaque article dans différents magasins pour pouvoir ensuite demander au directeur de l’ONG d’en autoriser l’achat. C’est un exercice particulièrement fastidieux qui nous prendra le reste de la matinée et toute l’après-midi. Mais au moins cela m’aura permis de voir la seule véritable grande surface de Cusco, un magasin de matériaux de bricolage et de construction qui n’a rien à envier à nos GAMMA et autres Mr. Bricolage.

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Jour 114

Le 23/10/11, 0:45

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Rien de tel que de commencer un dimanche de farniente par un brunch dans un endroit sympa. C’est pour cela que j’ai lancé une sortie le dimanche midi au restaurant Aldea Aldea Yanapay. Le temps d’un repas, cet endroit aux allures d’énorme coffre à jouet vous fait retomber en enfance. La décoration est des plus colorées et il y a des peluches absolument partout. En plus, la cuisine est assez soignée et on a la satisfaction de soutenir un projet en faveur d’enfants démunis. C’est un exemple de réussite qui devrait inspirer CENPRODIC...

En plus de deux de mes compères de la veille, Frankie et Pamela, Cintia se joint à la tablée. Cet Argentine très sympa connait bien la Belgique pour y avoir travaillé pendant un an au sein de la société Inbev. C’est le genre de personne avec qui on peut parler de tout : de l’expérience professionnelle de Pamela sur un bateau de croisière 6 étoiles pendant six mois, des problèmes de prostitution à Cusco, des salons de beauté du centre-ville...

Un des thèmes sur lesquels je suis tout à fait d’accord avec elle est le peu d’intérêt qu’a « voyager pour voyager ». Au contact de tant de routards et globe trotteurs, l’une comme l’autre en sommes arrivées à la conclusion que poser son baluchon pour un certain temps dans un nouveau pays et y apprendre comment est la vie là-bas est probablement bien plus riche que de crapahuter de ville en ville sans vraiment pouvoir s’imprégner d’un lieu. Et cela tombe bien puisque c’est le mode de voyage que nous avons choisi l’une comme l’autre.

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Jour 113

Le 22/10/11, 0:34

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Jae et Guru me mettent ce matin quelque peu sous pression. Lorsqu’ils étaient venus visiter l’hospedaje mercredi, c’était la kitchenette de la casita verde qui les avait convaincus de séjourner chez nous. Comme je leur avais dit que les travaux seraient finis pour le week-end, ils ont invité des amis à manger ce soir. Quoi qu’il arrive, il faut donc que la cuisine soit prête. Ce qui est loin d’être le cas pour l’instant. Entre autres problèmes, nous ne parvenons pas à régler l’alimentation en gaz du petit réchaud qui tient lieu de cuisinière.

Comme nous avions d’ores et déjà prévu, le Señor Delfin et moi, d’aller acheter aujourd’hui du mobilier pour cette fameuse cuisine, je me dis que ce sera l’occasion de régler le souci. Mais le Señor Delfin est en mode promenade aujourd’hui. Au lieu d’aller directement au magasin où nous avions repéré il y a plusieurs semaines un buffet qui conviendrait parfaitement à la casita verde et qui serait dans notre budget, il m’emmène dans un tas de dépôts où les meubles sont plus chers les uns que les autres. Le temps passe et il ne se rend pas compte que si la cuisine n’est pas prête, nous allons au-devant d’un fâcheux malaise. Moi, par contre, je suis sur des charbons ardents et insiste lourdement (et pas nécessairement sympathiquement) pour qu’on s’occupe de la cuisinière et non du mobilier.

Vers 18h, comme prévu, les invités de Jae et Guru commencent à arriver. Les deux compères sont derrière les fourneaux pour concocter un plat de leur pays respectif. Je n’accompagne nos nouveaux visiteurs que le temps d’une bière car ce soir j’ai organisé une sortie avec les Couch Surfers.




Nous sommes d’abord censés nous retrouver au Real MacCoy pour un repas et/ou un verre. Mais à 20h, je suis la seule dans les parages. Heureusement, Frankie qui travaille depuis peu dans le pub n’a pas encore terminé son service et me tient compagnie entre deux commandes. Nous sommes ensuite rejointes par Leo puis Anabel et Octavio. La semaine a été longue pour la plupart d’entre nous. Nous sommes tous avachis dans le canapé. Le seul qui a l’air plein d’énergie est Leo qui est une vraie pipelette. Dans son flot de paroles, le seul truc qui m’intéresse est sa proposition de m’envoyer un groupe de touristes nationaux à l’hospedaje de Sta Ana. Il n’est peut-être pas de très bonne augure que je commence à faire du business pendant mes sorties nocturnes. En effet, c’est une bien trop bonne excuse pour sortir jusqu’à pas d’heure en ayant bonne conscience...

Un ami d’Octavio vient renforcer l’équipe. Si l’orientation sexuelle de notre copain brésilien ne fait guère de doute, celle de nouvel arrivant est plus énigmatique. Ce sera le sujet d’un grand nombre de messes basses. Alors, gay ou pas gay ? C’est le seul mec un peu mignon du groupe. Evidemment,il s'avère finalement être homosexuel.

Vers 23h, nous décidons de changer de crémerie pour nous rendre à The Muse puis au Mythology. Les deux endroits sont bondés. Les mecs sont collants. Il faut se battre pour se ménager un espace de survie au danser. Ce n’est pas une soirée exceptionnelle pour moi.

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Jour 112

Le 21/10/11, 7:04

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Ce matin, je me suis levée de bonne heure pour assister à un séminaire sur le thème « inclusion et développement » organisé dans le cadre de la journée mondiale du refus de la misère. La première conférence est censée commencer à 7h45. Les organisateurs de l’évènement arrivent sur place à 8h15. Hora peruana... J’assiste donc à tous les préparatifs. A première vue, il me semble y avoir ici moins de professionnalisme qu’au sein de Huaman Poma, moins de moyens aussi. L’un explique peut-être l’autre...

Mais peu à peu, je me laisse convaincre par les ONG présentes. ATD Cuarto Mundo, l’un des principaux instigateurs du séminaire, cherche à mettre les plus nécessiteux au cœur du combat contre la misère. Si cette démarche semble des plus logiques, elle n’est pas nécessairement des plus habituelles. Ainsi, l’association invite « un pauvre » à la table des orateurs. Personnellement, c’est la première fois que je vois cela.

Les deux premières conférences se déroulent de la même façon. Un invité issu des classes les plus défavorisées de la région expose ses conditions de vie. Les trois membres d’un panel d’experts sont ensuite amenés à réagir à ce témoignage avant de répondre aux questions du public. La première intervention est faite par un porteur qui exerce son métier dans un des nombreux marchés de la ville. Il décrit à quel point lui et ses collègues sont dénigrés par leurs employeurs et les clients du marché qui n’hésitent pas à les insulter ou les qualifier de bêtes de somme. De plus, ces travailleurs sont totalement invisibles aux yeux des autorités qui ne font rien pour que les lois qui veillent à leur sécurité ou à une juste rétribution de leur labeur soient respectées. Les membres du panel sont justement des représentants des autorités municipales ou régionales. Mais leur réaction est plutôt langue de bois...

Le deuxième exposé est fait par le représentant d’une communauté paysanne. Il explique qu’en tant qu’indigène parlant principalement le Quechua, il subit de nombreuses discriminations en matière d’accès à l’éducation, à la santé et à l’emploi. Il rapporte à quel point l’enseignement dans les écoles rurales, où les enseignants hésitent rarement à frapper les enfants, peut laisser à désirer. Il commente également que dans les hôpitaux, puisqu’elles ne peuvent expliquer leurs maux qu’en Quechua, les populations indigènes sont souvent mal reçues lorsque qu’on ne refuse pas tout simplement de les examiner.


Le séminaire se clôture par une conférence du sociologue Hector Bejar qui tente de donner une définition de l’exclusion, de déterminer qui sont les exclus dans la société péruvienne et d’imaginer comment serait le Pérou sans exclusion.

Ma journée se poursuit par un rendez-vous avec les représentantes d’une école d’espagnol que j’ai récemment contactées. Une fois de plus, je me rends compte que le milieu des écoles d’espagnol est sans pitié. Mes interlocutrices m’expliquent qu’elles viennent tout juste de se lancer sur le marché après avoir été licenciées de façon injuste par une autre école très connue ici à Cusco. Evidemment, elles critiquent leur précédent employeur, surtout au niveau de sa politique envers les volontaires. Lorsque j’avais rencontré leur ancien patron (un Belge qui plus est), il m’avait pourtant fait bonne impression. Difficile de savoir dans cette histoire qui sont réellement les victimes et les coupables. Je sais que l’instinct dans ce genre de situation est loin d’être mon fort. Mais j’ai envie de donner une chance à ces trois mères célibataires. De toute façon, l’autre école n’a pas vraiment besoin de nous...

Après ma réunion, je file au centre-ville. Comme chaque vendredi, j’ai proposé aux Couch Surfers qui le souhaitent de m’accompagner au ciné-club. Et pour une fois, j’ai eu du succès. Nous sommes six à aller voir le film allemand « delisiciosa Martha ». Cette comédie romantique est assez sympathique. Mais pour la plupart de mes compagnons, l’histoire est connue car un remake a été fait avec Catherine Zeta-Jones. Oups...

Après le film, nous décidons d’aller grignoter un truc dans un salon de thé. La conversation va bon train. C'est pour moi encore l'occasion de me rendre compte à quel point il est facile de tomber dans le cliché lorsque l’on n’est pas natif d’un pays. Je discute avec Yuri qui est agronome de formation et lui annonce très fièrement que nous avons découvert parmi nos bénéficiaires un producteur de pommes-de-terres natives. Très gentiment, il me répond que c’est le cas de la plupart des paysans andins. Je suis quelque peu désarçonnée par cette déclaration qui va à l’encontre de tout ce que j’ai entendu depuis mon arrivée. Mais en approfondissant le sujet avec Yuri, je me rends compte qu’à ce niveau, les communautés avec lesquelles je travaille sont l’exception à la règle générale qui veut que les paysans, visant en premier lieu l’autosuffisance alimentaire, continuent à cultiver diverses variétés de pommes-de-terres. Les communautés bénéficiaires de notre projet, elles, se situent dans la zone où l’on produit les pommes-de-terres pour l’exportation. Cela explique pourquoi elles cultivent presque exclusivement des pommes-de-terres améliorées. Comme quoi, je prenais pour une réalité péruvienne, le cas spécifique des rares communautés que je fréquente.

A part sur ce point, le pauvre Yuri n’a guère voix au chapitre ce soir. Nous sommes cinq filles pour un seul garçon. Et au niveau des conversations, on a presque l’impression de se trouver dans un épisode de « Sex and the City ». On n’arrête pas de parler de mecs et de faire des comparaisons entre les Péruviens et les Européens. Pas étonnant que Yuri n’aie pas l’air trop à l’aise. Je crois qu’il atteint le point culminant de l’embarras lorsque Jackie nous fait part d’un tuyau que seules quelques rares privilégiées cusquéniennes doivent connaître. Elle connait le meilleur endroit où se rendre les jours où le Cienciano, l’équipe locale de football, joue à domicile : le spa où les joueurs vont profiter du sauna après leur match. Et apparemment, cela en vaut la peine. Rien que d’en parler, Jackie a les yeux qui brillent...

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Jour 111

Le 20/10/11, 6:35

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Ce matin, j’ai un rendez-vous avec plusieurs responsables de l’Académie des Beaux-Arts. Mon idée est de faire de notre « hospedaje » une sorte d’hôtel boutique où les élèves de l’école pourraient exposer leurs œuvres dans l’objectif de les vendre à nos visiteurs. La proposition semble plaire à mes interlocuteurs qui me font différentes suggestions en ce sens. Nous sommes sur la même longueur d’onde mais il y a cependant un petit bémol, d’ordre pécunier. La collaboration ne pourra se réaliser que si nous finançons le matériel. Je me doutais bien que d’une manière ou d’une autre, nous devrions mettre la main au portefeuille. Maintenant, il faut voir dans quelle mesure nous pouvons le faire. Malgré ce point négatif, je reste emballée par ce projet, convaincue que chacune des parties aurait beaucoup à gagner dans ce genre d’association.

Nous consacrons une bonne partie de l’après-midi à acheter des ustensiles pour équiper la cuisine de la casita verde. Comme Rosita et moi sommes les deux seules femmes au bureau, c’est évidemment à nous que la mission est confiée. On change difficilement les vieilles mentalités... Mais, à vrai dire, je suis bien contente d’être accompagnée de Rosa qui doit être bien plus à l’aise que moi au fourneau et qui a l’air de savoir de quoi elle parle. Il est juste intéressant de voir comment ses choix sont influencés par la cuisine péruvienne. Elle considère comme primordiaux certains articles que personnellement je n’aurais même pas regardés. Etant donné que Rosa s’est débrouillée pour que nous soyons largement en dessous du budget prévu, je ne la freine pas dans ses achats. De plus, puisque la maison est destinée à un public international, il faut essayer d’adopter une certaine ouverture d’esprit. D’autres étrangers estimeront peut-être aussi le sucrier comme un must...

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