Petit bonhomme de chemin

Jour 168

Le 18/12/11, 22:21

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Le contraire aurait dû être étonnant... Je suis la seule capable de me lever comme prévu à 5h30. Comme j’ai finalement décidé de rester une nuit de plus pour profiter davantage du coin et pouvoir à mon tour sortir un peu, je ne suis finalement pas bien pressée et laisse une heure de répit à mes collègues.

Malgré cela, la petite bande reste difficile à faire sortir du lit et à faire bouger. Le temps de boucler les sacs, d’acheter les entrées et billets de train de chacun, de prendre un petit déjeuner au marché, il est plus de 10 heures quand nous montons enfin dans le bus qui doit nous mener au sommet de la montagne où se trouve le fameux Machu Picchu.


En raison d’un lendemain de veille difficile et d’une prise de tête au guichet de la gare, Erland est d’une humeur massacrante. Ce n’est pas bien de se réjouir du malheur des autres mais j’en profite pour prendre ma revanche de la veille : « Erland, tu râles ? ». D’un côté, je comprends son effroi. Voir comment Peru Rail, la compagnie ferroviaire qui exploite la ligne de Ollantaytambo a Aguas Caliente, traite les usagers locaux donne envie de crier au scandale. Les Péruviens ne peuvent pas se mélanger aux touristes. Au mieux, ils voyagent dans un autre wagon mais parfois carrément dans un autre train. Et ils ne peuvent prendre le train que deux à trois fois par jour tandis que les touristes en ont un presque toutes les heures. C’est dingue, on se croirait au temps de l’apartheid. Du point de vue des touristes, tout n’est pas rose non plus. Peru Rail et les autres pourvoyeurs de services touristiques tentent de leur « sucer le sang jusqu’à la dernière goutte ». Mine de rien, mon billet de train m’a couté neuf fois le prix de celui de mes collègues. Et encore, j’ai réussi à obtenir un des moins chers.

Fin prêts, nous attendons que le bus démarre. Du véhicule, nous apercevons José, un autre participant au projet TURURAL. L’un des benjamins du groupe. Il est venu en excursion avec le Club des Jeunes de sa communauté, Mahuaypampa. J’ai l’impression qu’il aurait préféré ne pas tomber sur nous. Je suppose qu’aux yeux des amis de son âge nous devons passer pour de vieux ringards. Nous n’insistons pas...

Le bus part enfin. Sur le chemin qui nous emmène à la Cité Perdue des Incas, je ne peux m’empêcher de me demander à quoi rime tout ce cirque. Dans un certain sens, j’ai l’impression d’être là sous une sorte de pression sociale et de n’être qu’un mouton de plus qui se plie au dictat de la visite obligatoire du Machu Picchu. J’espère qu’au moins cela en vaudra la peine. Mais au vue de tout ce matraquage touristique, je me dis que rien n’est moins sûr.

Sur place, j’ai la chance de faire la visite en compagnie de trois guides : Erland, Beatriz et Rolando. Goyo me fait remarquer que je dois être richissime pour bénéficier des services d’une telle équipe. Je me contente de répondre que vu la gueule de bois générale du groupe, il m’en faudra bien trois pour obtenir les résultats d’un seul frais et dispos. Et je ne me trompe pas. Au début, les explications sont plus que laborieuses. Beatriz se souvient vaguement que le site est divisé en deux parties, une agricole et une urbaine. A part cela, elle a tout oublié de ses cours. Merci Bea pour cette importante contribution...


Finalement, c’est Erland qui prend le relais et m’explique que le site était une citadelle imprenable destinée à défendre l’empire incas d’éventuelles attaques des peuplades rivales vivant dans la forêt amazonienne. Erland partage avec nous ses connaissances en matière de construction, d’organisation et de culture inca. Autant que faire se peut, il tente de donner la parole à Beatriz et Ronaldo dont le savoir en la matière semble assez vague. Bien sûre, ils ne sont encore qu’étudiants mais leur manque de maîtrise du sujet me laisse perplexe.

Malgré tout, le site est impressionnant. Peut-être pas exactement à la hauteur de tout le battage qu’on en fait mais remarquable quand même. En tout cas, Rolando qui, tout comme moi, visite l’endroit pour la première fois, mitraille avec son numérique. Et comme c’est un gentil garçon, il me propose à tout bout de champs de me prendre en photo avec mon propre appareil pour que j’aie quelques images immortalisant mon passage au cœur de ce qui est considéré comme une des sept merveilles du monde contemporain. Je pense n’avoir jamais eu autant de photos de ma petite personne sur ma carte mémoire...








Après la visite, nous décidons de regagner Aguas Caliente en empruntant le sentier réservé aux piétons. Il nous faut 45 minutes pour descendre cet escalier de pierre aux marches peu régulières. Je crois que cela finit d’achever mes collègues qui sentent de plus en plus les effets des excès de la veille. Il leur reste 5 heures à patienter avant de prendre leur train et semblent tous décidés à comater pendant ce temps. Mais moi, je ne suis pas vraiment de cet avis. Hors de question de zoner toute l’après-midi dans une chambre d’hôtel. Je pars me balader puis profiter du soleil et écrire mon carnet de voyage sur la petite place du village où trône un intéressant « sapin-crèche » fait de bouteilles de plastique vert, probablement de récupération.









José Luis est également de passage à Aguas Caliente avec un groupe de touristes. Nous passerons donc la soirée ensemble. Le petit guide francophone est toujours d’aussi agréable compagnie et a des verres à l’œil dans les bars qu’il recommande à ses clients. Que demander de plus ?

[ Voir les photos : Pérou - Cusco ]

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