Samedi dernier, nous parlions de prendre le lendemain, le train de nuit Chiang Mai-Bangkok, de rester 2 jours à Bangkok et de repartir par un train de nuit à destination de Surat Thani d'où nous aurions pris un bateau pour Ko Samui. En théorie, tout cela était parfait.
Dimanche à Chiang Mai, nous apprenons qu'à partir du lundi, et pendant une semaine, des manifestations politiques sont attendues à Bangkok, certains quartiers sont vivement déconseillés, il est demandé aux touristes de ne pas y être présent,... Ce n'est pas le meilleur moment pour visiter les lieux. Guide horaires des chemins de fer « Overseas » en main, nous avons décidé de maintenir notre voyage de nuit Chiang Mai- Bangkok (13 heures de trajet) et en arrivant à Bangkok, de reprendre une heure plus tard le train de jours (8 heures de trajet) à destination de Surat Thani, où nous passerions la nuit.
Désolée d'avance pour ceux qui trouveront que je parle trop de trains (un atavisme probablement). En gare de Chiang Mai, nous avons acheté nos billets Bangkok-Surat Tani. Au passage, nous admirons le chef de gare qui fait un discours à ces troupes.
Nous n'avions jamais voyagé dans ce type de matériel, un train-couchettes sans compartiment avec juste un couloir central et des sièges transformables en couchettes dans le sens de la marche. La chef de bord est venue nous faire lire un papier où il était indiqué « qu'aucun objet de valeurs ne doit être accessible, et que nous ne devons accepter ni boisson ni nourriture de la part d'un inconnu ». Voilà qui est rassurant.
Départ à 17h55, à 18h40 il fait nuit, et comme il fait nuit... il est l'heure de dormir. Et voilà la chef de bord qui commence à mettre tous les sièges en couchettes et les voyageurs Thaïlandais qui s'allongent, tirent le rideau et dorment! Evidemment, cela nous a un peu décontenancé, devant nous le monsieur Thailandais, qui a dormi dans la couchette inférieure à la mienne, travaillait sur son ordinateur portable. Nous lui demandons s'il souhaite dormir, poliment il nous répond qu'il fera en fonction de nous. Nous refusons et lui redemandons s'il veut dormir, un peu gêné, il nous dit qu'il préférerait finir son travail et se coucher vers 22 heures. Nous avons un air tellement réjoui qu'il nous demande d'où nous venons et rit quand on lui dit qu'en France nous dormons plutot vers 22h que vers 19h. C'était compter sans la chef de bord qui a commencé à passer, puis repasser dans le couloir en appelant les « couches-tards » à se mettre au lit. Finalement comme il ne restait plus que nous, elle a attaqué le problème de front en nous faisant lever de nos sièges, et hop, tout le monde dans sa couchette. Il n'était pas 21h00.
Les 20 couchettes du bas, 2 fois plus larges que les 20 du haut, sont toujours réservées très a l'avance. Nous étions donc en hauteur, nos sacs à dos à la place de nos pieds, pour ne pas les laisser sans surveillance dans le couloir. Mais ces couchettes ne sont pas désagréables, car leurs rideaux offrent une certaine intimité.
Le temps d'écouter de la musique, on s'est endormi vers 23 h 00 (nous n'arrivions qu'à 7h05 du matin). Oui, mais en Thailande (tout comme au Vietnam), on se couche tôt, mais on se lève très tôt aussi. A 5h00 du matin, notre toujours efficace chef de bord nous a réveillé par un discours, qui, vu le ton employé, devait pouvoir se traduire par « Assez dormi, tout le monde se réveille et on démonte les couchettes. » Aussitôt nous avons entendu les voyageurs descendre de leur lit. Les touristes devant être trop long à réagir, la chef de bord a repris son discours en le débutant par « good morning ». Elle a raison, on arrive dans seulement 2h00, il ne faudrait pas que l'on oublie de descendre au terminus!
Arrivés a Bangkok , fatigués, mais heureux à l'idée de n'avoir que 50 minutes à attendre notre deuxième train. Nous nous sommes précipités vers une boutique de la gare qui vend des croissants (!!!)
, un saut à la supérette voisine pour s'alimenter en eau et d'un pas joyeux, nous nous sommes dirigés vers les quais. Une femme en uniforme m'a interpellé pour savoir où j'allais : « Surat Thani », elle m'a dit qu'on ne vendait pas de tickets pour Surat Thani ce jour là. Je lui ai répondu que ce n'était pas gênant puisque nous avions déjà nos billets. Mais là, elle m'explique qu'il y a « a big problem today, and no train to Surat Thani ». Là j'ai réalisé et demandé « Big problem on a track or it's a strike ? » et elle, un peu gênée « it's a strike ». Les chemins de fer étaient en grève !
Pour combien de jours, elle n'en savait rien, c'était une grève des conducteurs, cela dépendaient d'eux. Les trains arrivaient encore en gare de Bangkok , mais n'en partaient plus. Elle nous a envoyé nous faire rembourser nos billets puis nous a emmené jusqu'à un voyagiste qui organisait des départs par bus vers Surat Thani.
Nous lui avons acheté un billet combiné « bus de nuit plus bateau pour Ko Samui », départ 19h00, il était 7h55. Retour en gare, dépité on s'assied sur un banc. Juste à côté un français d'un certain age, explique dans un anglais approximatif, à un autre touriste que « in France, always the grève ». Cela fait plaisir d'entendre cela à l'autre bout du monde. A cet instant on entend trois coups de sifflets. Autour de nous, tous les voyageurs assis se lèvent et ceux qui marchent s'arrêtent. Un homme nous fait signe de nous lever. Et là : hymne nationale, pendant que sur l'écran de télévision géant on voit le drapeau. Fin de la musique, coup de sifflet, tout le monde se rassoit, l'homme nous remercie en souriant.
Pour occuper nos 11 heures d'attentes nous sommes allées voir le superbe temple de Wat Pho.
Et son célèbre Bouddha couché (représentation de Bouddha arrivant au Nirvana), qui mesures 46 mètres de long et 12 mètres de hauteur.
Vu la chaleur sur Bangkok et l'impossibilité dans laquelle nous étions de nous doucher, nous avons fuit vers Siam, énorme centre commercial ultra moderne, doté de sanitaire, où nous avons tant bien que mal tenté de retrouver un semblant de propreté. Nous nous sommes fait quelque peu remarqué, vu notre tenue, alors que nous défilions entre les boutique PRADA, BOSS, et ARMANI, mais personne n'a osé nous mettre dehors.
17h 55 retour en gare. Sur l'écran géant on voit les images du journal télévisé filmé dans la gare (jolie mise en abîme). 18H00, 3 coups de sifflets, tous le monde debout, et de nouveau l'hymne nationale !
Devant les voyagistes cela parlait beaucoup anglais, un peu français, éventuellement espagnol et allemand et dans tous les cas l'ambiance était à la confusion. Loi de l'offre et de la demande oblige, entre nos billets achetés le matin et ceux vendus le soir, il y avait eu 50% d'inflation.
19h00 les départs pour les différentes destinations commencent, et la confusion augmentent. Tous les deux, nous sommes filmés de près par la télévision qui montrent des touristes victimes de la grève.(décidément beaucoup de succès avec les médias dans ce voyage). Dans le bus, un jeune français me dit en riant « c'est plutôt drôle pour nous qui sommes français d'avoir une grève des trains ici. » Moi, sourire poli, décidément, c'est une obsession !...
Le bus, assez confortable, part et, bonne surprise de la journée, on nous diffuse en Anglais le film « Grand Torino » que nous n'avions pas vu. La nuit commence, interrompue à minuit par un arrêt prolongé dans un endroit lugubre à souhait, puis à 2h, pour descendre les passagers à destination d'une autre île. A cet instant, nous pensions encore dormir dans le bus jusqu'à l'embarquement à 10h00. Quelle illusion ! 5H00 du matin, le bus nous arrête au milieu de nulle part. Juste un parking et un toit en tôle au milieu de la campagne. Le trajet est fini Nous devons attendre jusqu'à 8h00 du matin un autre bus qui nous conduira à Surat Thani. Nous sommes consternés, l'attente commence : 3heures sur des chaises en plastique, avec pour seule compagnie des moustiques affamés. Olivier a essayé de se rendormir, moi pour m'occuper je marchais en écoutant de la musique et en prenant des photos.
8h00 du matin, changement de programme, finalement nous reprenons le bus qui nous a emmené jusque là et dans lequel nous aurions pu dormir 3 heures de plus. Et c'est reparti pour 1 heure de route, jusqu'au port de Surat Thani où nous embarquons enfin dans un bateau. 1h20 de trajet, agréable (c'est déjà cela).
Nous sommes arrivés à Koh Samui à 11 heures du matin.
Il nous fallait rejoindre la côté est de l'île et pour cela nous avons pris un sorte de pick up doté d'un toit, comme il en existe beaucoup ici. Il était complet et nous avons fait le tout début du trajet debout, sur le marche pied arrière du véhicule. Rapidement nous avons pu nous installer à l'intérieur, occupé par 10 russes. De son côté le chauffeur était perdu et ne cessait de s'arrêter pour demander son chemin.
Finalement, épuisé par le voyage l'un des russes s'est endormi en s'affaissant sur moi. Avec Olivier on voulait éviter les voyages organisés, mais là, après 48 heures de trajet, n'avoir pas manger depuis 24 Heures, sales, fatigués, finir avec un chauffeur de « taxi » perdu et un russe de 90 kilos dormant sur mon épaule, je ne l'avais pas « espérée ».
Finalement notre chauffeur a retrouvé son chemin, a déposé les russes, et nous a déposé à notre hôtel.. Et après 2 jours et 30 minutes de trajet nous avons pu poser nos sacs à dos dans une chambre et prendre une douche.
Voilà, fin du périple. Nous venons juste de nous baigner dans la mer et de ce que côté là on est gâtés, elle est excellente.
Nathalie + Olivier