Le 15/10/12, 9:34
28.2611197259.21527828125
Buenas dias à toutes et à tous,
32. C'est le coût en bolivianos de mon transfert en train vers la frontière. Les agences proposent le trajet vers San Pedro de Atacama pour dix fois plus cher, le prix de la facilité.
Pourquoi l'unique train de la semaine sur cette ligne part à 3h30 du matin? Mystère. Peut-être pour éviter que les gens s'aperçoivent que 32, c'est aussi la vitesse de pointe du train. Ça saute, ça secoue, y'a pas de lumière, y'a pas de chauffage, on grelotte. Il avait prévenu le lonely planet, seulement pour les accrocs.
Arrivé au petit jour dans un village minier perdu au milieu du désert, l'unique locotracteur fait des manœuvres interminables pour raccrocher 2 wagons de plus.
On arrive à Avaroa, fin de la voie coté bolivien avec seulement 2 heures de retard. 20 baraques, dont celle du douanier qui me demande où est mon vélo. Ça doit faire longtemps qu'ils n'ont pas vu un blanc-bec venir par le chemin de fer. Je traverse à pieds un no man's land de plusieurs kilomètres pour arriver à Ollague, 30 baraques. Dont celle du douanier qui me demande où est mon vélo. Car il me dit que le bus est parti il y a une heure, que le prochain est dans 2 jours et qu'il y a belle lurette que le train coté chilien ne prends plus de voyageurs.
Pas de panique, passons au plan B. Euh, c'est quoi déjà le plan B ?
Une équipe de reporters irlandais est justement présente à cette douane pour faire un documentaire sur mon tortillard de train ! Je peux pas avoir tout faux quand même. Leur chauffeur repart à vide. Re-coup de chance, il habite à San Pedro, là où je me rends. Merci le dieu des trains.
Et voila, c'était fastoche. Coût record de l'opération : 32.
L'arrivée à San Pedro par la route est de toute beauté avec le coucher de soleil: vallée des dinosaures, vallée de la mort, vallée de la lune, et une petite ville arborée nichée au creux du désert.
Argh, enfer et damnation, c'est gringoland ici, que des touristes ! Et bien sûr, son cortège de prix trop chers, hôtels, restos, même la place de camping est exorbitante. Cela me déplait fortement. Au Chili, les gens ne sont quasiment pas typés, avec mon teint halé je peux aisément passer pour un local, mais ici je me sens comme un pigeon qu'on s'apprête à plumer.
Tant que je suis dans le chapitre anatomique, mon esprit scientifique a remarqué une proportion plus qu’intéressante de jolies filles, beautés naturelles sans artifices ostentatoires. Cela change des 3 pays précédents et je sens que je vais fatiguer du globe oculaire moi.
Je vais quand même me délester de quelques pesos pour aller voir la vallée de la lune et ses environs, un tour avec une bande de jeunes chiliens de Santiago un peu éméchés, dont un qui va se faire une entorse du genou dès le début en faisant le zouave. Mais l'ambiance était sympa, avec une grosse glacière remplie de canettes dans le van.
Le lendemain matin à 4 heures, tour un peu plus sérieux, avec des vieux, oh pardon, des personnes plus âgées, pour voir les geysers de Tatio.
On arrive de nuit sur le champ, il fait -15°C. Ça fume de çi, de là. Mais les geysers se réveillent avec l'aube et des panaches s'élèvent de partout.
Ce sont plus des fumerolles que des geysers car seuls quelques trous crachotent de l'eau. Rien à voir avec Yellowstone. 1 heure plus tard, extinction des feux.
Je fais escale à Calama, je crois qu'avec tous ces chauds et froids je me suis chopé une grippe...espagnole. 2 jours de repos dans une ville où j'ai du mal à trouver un logement décent pour pas cher. C'est qu'il y a ici la plus grande mine de cuivre du monde à ciel ouvert: Chuquicamata. L'exploitant fait même visiter gratuitement sa mine. Tout d'abord passage par la ville fantôme de chuquicamata. Une petite ville entière pour 20000 habitants, avec hospital et écoles, des commerces et pas une âme. Sensation étrange.
C'est pas que la mine est nocive, non, c'est juste une question de normes, c'est trop près. Visite du musée, explication sur les procédés de production, puis on remonte dans le bus, interdiction de se balader ni de toucher quoique ce soit. Sortie de nulle part toutes sirènes hurlantes, une jeep de la sécurité va rappeler à l'ordre 2 enfants qui se dirigeaient vers les balançoires.
Puis on rentre sur le site. D'énormes camions de 400 tonnes font la navette en spirale vers le fond. 3 litres de diesel à la minute le bestiau!
Notre ridicule petit bus monte jusqu'à un mirador qui permet d'apprécier l'ampleur de cette mine. Bientôt elle deviendra souterraine. C'est vrai que le Chili aime bien ensevelir ses mineurs. Encore 100 ans d'exploitation estimés, dont 45% ira vers la Chine technologique. Eh oui, ouvre ton ipad chinois et tu y verras le cuivre chilien.
Pourquoi il faut avoir obligatoirement un pantalon long, des manches longues, porter un casque, ne strictement toucher à rien, ne pas s'approcher à moins de deux mètres de ce tas de gravats? Pourquoi le guide nous encourage à faire un don à l'hospital des enfants qui souffrent de manière totalement incompréhensible d'un taux anormal de maladies et malformations? Parce que le monsieur il a dit que la mine est sans danger !
Convalescent, je me fais une toile, un film hautement intellectuel, resident evil 5 en 3D svp. Même en castillan, tu comprends aisément la teneur des riches dialogues de ce film.
Dans cette ville aisée, la place est quasiment aussi chère qu'en France. Le Chili, comme sa voisine l'Argentine, est un pays riche d’Amérique du sud. A part les spécificités locales, ils ne sont pas très loin selon moi du standing des petites villes de l'ouest des USA.
Dans ma longue route vers le sud, je fais escale à La Serena. Je suis accueilli par Maria, une gentille mamie un peu sourde qui tient une guesthouse avec ses 2 fils. Café du matin, rejoins par 3 jeunes filles qui viennent d'arriver aussi. On papotte, on papotte et on décide d'aller faire une virée bucolique dans les vignobles de Pisco. Visite d'une distillerie, dégustation et retour par une jolie vallée. Hic, elle était bien plaisante cette virée alcoolique.
Avant d'attaquer un énième long trajet vers Valparaiso, je fais un tour à la plage pour admirer 2 apprentis surfeurs se vautrer lamentablement. Au retour, je fais copain-copain avec le gardien du garage chevrolet qui va me laisser entrer pour toucher du doigt un rêve.
Je continue ma descente dans ce long pays. Arrivée dans la ville côtière de Valpo pour les intimes. C'est à la fois une ville et des villages. La ville est en bas, étalée le long de la mer avec un énorme port militaire et marchand à une extrémité. Ensuite, il y a des dizaines de collines, quartiers historiques accessibles par de raides ruelles ou escaliers, mais surtout par d'antiques funiculaires. Des quartiers paisibles, bohèmes, où les artistes en tout genre sont venus exercer leurs talents sur les façades des guesthouses. Le bas de la ville n'est pas en reste car il y circule quotidiennement des tramways des années 50.
Puis de nouveau une longue étape vers Pucon pour voir de mes yeux le volcan Villarrica dont on dit qu'il pète le feu. Cette petite ville est comme une carte postale, les principaux édifices sont en bois, des petits restaurants accueillants, de l'artisanat, et un petit lac. Vraiment, un endroit rêvé pour louer un chalet et passer ses vacances. Comme dans "le pic de dante", Pucon peut prétendre au titre de la reine des destinations loisirs. C'est cool, en plus ils ont même un gros volcan actif tout blanc, tout proche...
Pas de touristes, rien, nada. Impossible de vérifier si on peut voir de la lave dans le cratère. Et je ne crois pas en la parole des agences. Je vais prendre rendez-vous avec l'Etna, c'est plus sûr.
C'est devant ce paysage magnifique que je souhaite un joyeux anniversaire à mon filleul Théo, et je rajoute un "top" écrit pour son père qui comprendra.
Nanti de la bible du trekking en Patagonie, je m'en vais à Osorno où j'ai repéré une jolie balade de plusieurs jours dans la nature. L'appel de la forêt, n'est-ce pas Jack? Je fais mes emplettes et c'est parti.
Avec le recul je vais rebaptiser cela le trek du serial looser.
Tout commence par la perte de la ceinture ventrale de mon sac à dos rendue amovible par les doigts de fée de ma gentille maman. Au sortir de la soute à bagages du bus de nuit à Pucon, disparue, envolée, abracadabra. Bonjour le dos pour le portage!
Bien chargé, je me rends à Anticura sauf qu'en cette saison le bus s'arrête 17km avant. Je marche un peu beaucoup sur cette route déserte puis un camionneur me prends en stop. Pouet pouet.
Motivé à fond, j'arrive au point de départ. Dans un espagnol approximatif je dis "moi y'en a vouloir faire el trek du volcano Puyehue".
Dans un espagnol impeccable, on me réponds "Impossible, le volcan est entré en éruption en Juin de l'année passée et a complètement rasé la zone des baños". Mince, c'était justement un des atouts de ce trek, des bains d'eau chaude à profusion et des geysers pour moi tout seul. Le tout repose maintenant sous un champ de lave. C'est sûr, c'est pas en Auvergne que ça arriverait.
On me dit que je peux prendre le sendero du Chile et tenter de rejoindre un lac au sud à 60 km. Mais là, ils n'ont pas de carte de cette zone et moi non plus. Mais de toute façon, c'est un chemin en construction.
Allons-y pour l'aventure. En partant, ils me disent "buena suerte". Faudra que je regarde dans un dictionnaire ce que cela veut dire.
La première journée se passe agréablement, je suit un long sentier dans les bois sous un franc soleil. A part ces pénibles obstacles non naturels que je peine à franchir, des branchages et des tas de piques en bamboo taillées en pointe volontairement mis en travers du chemin. Ces obstacles me tracassent, je me demande si je ne vais pas atterrir dans une tribu de dégénérés mangeurs d'hommes.
2ème jour, les pièges se multiplient, avec des troncs d'arbre de 1m de diamètre en plus maintenant. Le sentier monte, des plaques de neige font leur apparition. L'affaire se corse, le chemin devient tout blanc sous 50cm de neige. On m'avait dit "faut franchir une passe pour déboucher sur de vastes prairies au-delà". Je vois la passe à 1km mais tout est recouvert de neige et plus de chemin. Par précaution, je note ma position GPS actuelle et j'attaque la montée. Je galère mais j'arrive assez haut pour voir "au-delà".
Si j'avais su j'aurais pris mes skis. Que de la neige ! Quid des vastes prairies? Quelques pas plus loin, je m'enfonce jusqu'à la taille et encore, c'est mon sac qui me retient. Fâcheuse posture. Wilson gît à terre, pardon, à neige. (Wilson c'est mon bâton). Je prends appui à plat pour m'extraire de cette congère et je m'en va rampant jusqu'à un arbre proche.
Il y a des jours où il faut s'avouer vaincu et ce jour en est un
Mes chaussures, chaussettes et bas de pantalon sont trempés. Je me replie vers une clairière repérée en passant pour aller ruminer dans mon pré.
Mais il est énorme ce sanglier noir qui squatte ma clairière. De la taille d'un cochon domestique. Il me voit, il oblique dans ma direction.
Curiosité, agressivité, territorialité ?
Je m'accroupis, j'ai:
- Wilson
- mon couteau
- ma scie
- un point de QI de plus
- 2 piques en bambous (dans Braveheart, ils arrêtent un cheval avec alors pourquoi pas un cochon)
Mais mon paquet de côtelettes file sur ses jarrets et disparait. Trouillard!
Il est très tard, demain sera une journée de repos pour faire sécher mes affaires.
Mais bien sûr, après 2 jours de chaleur, le lendemain sera une journée pourrie, grise, humide et froide. Pas vu le soleil. Je consulte mon kit "Bear Grylls" pour me réchauffer. Mettre le feu à la forêt, non, dormir tout nu avec une fille, peux pas (et avec un sanglier ?), manger, OUI!
J'ai des pâtes, du risotto, du parmesan, du saucisson, du tang. Ça va!
Je vais faire un peu de camping ici en attendant les beaux jours puis je m'en retournerai à Osorno pour la suite des aventures.
A+
S.
32. C'est le coût en bolivianos de mon transfert en train vers la frontière. Les agences proposent le trajet vers San Pedro de Atacama pour dix fois plus cher, le prix de la facilité.
Pourquoi l'unique train de la semaine sur cette ligne part à 3h30 du matin? Mystère. Peut-être pour éviter que les gens s'aperçoivent que 32, c'est aussi la vitesse de pointe du train. Ça saute, ça secoue, y'a pas de lumière, y'a pas de chauffage, on grelotte. Il avait prévenu le lonely planet, seulement pour les accrocs.
Arrivé au petit jour dans un village minier perdu au milieu du désert, l'unique locotracteur fait des manœuvres interminables pour raccrocher 2 wagons de plus.
On arrive à Avaroa, fin de la voie coté bolivien avec seulement 2 heures de retard. 20 baraques, dont celle du douanier qui me demande où est mon vélo. Ça doit faire longtemps qu'ils n'ont pas vu un blanc-bec venir par le chemin de fer. Je traverse à pieds un no man's land de plusieurs kilomètres pour arriver à Ollague, 30 baraques. Dont celle du douanier qui me demande où est mon vélo. Car il me dit que le bus est parti il y a une heure, que le prochain est dans 2 jours et qu'il y a belle lurette que le train coté chilien ne prends plus de voyageurs.
Pas de panique, passons au plan B. Euh, c'est quoi déjà le plan B ?
Une équipe de reporters irlandais est justement présente à cette douane pour faire un documentaire sur mon tortillard de train ! Je peux pas avoir tout faux quand même. Leur chauffeur repart à vide. Re-coup de chance, il habite à San Pedro, là où je me rends. Merci le dieu des trains.
Et voila, c'était fastoche. Coût record de l'opération : 32.
L'arrivée à San Pedro par la route est de toute beauté avec le coucher de soleil: vallée des dinosaures, vallée de la mort, vallée de la lune, et une petite ville arborée nichée au creux du désert.
Argh, enfer et damnation, c'est gringoland ici, que des touristes ! Et bien sûr, son cortège de prix trop chers, hôtels, restos, même la place de camping est exorbitante. Cela me déplait fortement. Au Chili, les gens ne sont quasiment pas typés, avec mon teint halé je peux aisément passer pour un local, mais ici je me sens comme un pigeon qu'on s'apprête à plumer.
Tant que je suis dans le chapitre anatomique, mon esprit scientifique a remarqué une proportion plus qu’intéressante de jolies filles, beautés naturelles sans artifices ostentatoires. Cela change des 3 pays précédents et je sens que je vais fatiguer du globe oculaire moi.
Je vais quand même me délester de quelques pesos pour aller voir la vallée de la lune et ses environs, un tour avec une bande de jeunes chiliens de Santiago un peu éméchés, dont un qui va se faire une entorse du genou dès le début en faisant le zouave. Mais l'ambiance était sympa, avec une grosse glacière remplie de canettes dans le van.
Le lendemain matin à 4 heures, tour un peu plus sérieux, avec des vieux, oh pardon, des personnes plus âgées, pour voir les geysers de Tatio.
On arrive de nuit sur le champ, il fait -15°C. Ça fume de çi, de là. Mais les geysers se réveillent avec l'aube et des panaches s'élèvent de partout.
Ce sont plus des fumerolles que des geysers car seuls quelques trous crachotent de l'eau. Rien à voir avec Yellowstone. 1 heure plus tard, extinction des feux.
Je fais escale à Calama, je crois qu'avec tous ces chauds et froids je me suis chopé une grippe...espagnole. 2 jours de repos dans une ville où j'ai du mal à trouver un logement décent pour pas cher. C'est qu'il y a ici la plus grande mine de cuivre du monde à ciel ouvert: Chuquicamata. L'exploitant fait même visiter gratuitement sa mine. Tout d'abord passage par la ville fantôme de chuquicamata. Une petite ville entière pour 20000 habitants, avec hospital et écoles, des commerces et pas une âme. Sensation étrange.
C'est pas que la mine est nocive, non, c'est juste une question de normes, c'est trop près. Visite du musée, explication sur les procédés de production, puis on remonte dans le bus, interdiction de se balader ni de toucher quoique ce soit. Sortie de nulle part toutes sirènes hurlantes, une jeep de la sécurité va rappeler à l'ordre 2 enfants qui se dirigeaient vers les balançoires.
Puis on rentre sur le site. D'énormes camions de 400 tonnes font la navette en spirale vers le fond. 3 litres de diesel à la minute le bestiau!
Notre ridicule petit bus monte jusqu'à un mirador qui permet d'apprécier l'ampleur de cette mine. Bientôt elle deviendra souterraine. C'est vrai que le Chili aime bien ensevelir ses mineurs. Encore 100 ans d'exploitation estimés, dont 45% ira vers la Chine technologique. Eh oui, ouvre ton ipad chinois et tu y verras le cuivre chilien.
Pourquoi il faut avoir obligatoirement un pantalon long, des manches longues, porter un casque, ne strictement toucher à rien, ne pas s'approcher à moins de deux mètres de ce tas de gravats? Pourquoi le guide nous encourage à faire un don à l'hospital des enfants qui souffrent de manière totalement incompréhensible d'un taux anormal de maladies et malformations? Parce que le monsieur il a dit que la mine est sans danger !
Convalescent, je me fais une toile, un film hautement intellectuel, resident evil 5 en 3D svp. Même en castillan, tu comprends aisément la teneur des riches dialogues de ce film.
Dans cette ville aisée, la place est quasiment aussi chère qu'en France. Le Chili, comme sa voisine l'Argentine, est un pays riche d’Amérique du sud. A part les spécificités locales, ils ne sont pas très loin selon moi du standing des petites villes de l'ouest des USA.
Dans ma longue route vers le sud, je fais escale à La Serena. Je suis accueilli par Maria, une gentille mamie un peu sourde qui tient une guesthouse avec ses 2 fils. Café du matin, rejoins par 3 jeunes filles qui viennent d'arriver aussi. On papotte, on papotte et on décide d'aller faire une virée bucolique dans les vignobles de Pisco. Visite d'une distillerie, dégustation et retour par une jolie vallée. Hic, elle était bien plaisante cette virée alcoolique.
Avant d'attaquer un énième long trajet vers Valparaiso, je fais un tour à la plage pour admirer 2 apprentis surfeurs se vautrer lamentablement. Au retour, je fais copain-copain avec le gardien du garage chevrolet qui va me laisser entrer pour toucher du doigt un rêve.
Je continue ma descente dans ce long pays. Arrivée dans la ville côtière de Valpo pour les intimes. C'est à la fois une ville et des villages. La ville est en bas, étalée le long de la mer avec un énorme port militaire et marchand à une extrémité. Ensuite, il y a des dizaines de collines, quartiers historiques accessibles par de raides ruelles ou escaliers, mais surtout par d'antiques funiculaires. Des quartiers paisibles, bohèmes, où les artistes en tout genre sont venus exercer leurs talents sur les façades des guesthouses. Le bas de la ville n'est pas en reste car il y circule quotidiennement des tramways des années 50.
Puis de nouveau une longue étape vers Pucon pour voir de mes yeux le volcan Villarrica dont on dit qu'il pète le feu. Cette petite ville est comme une carte postale, les principaux édifices sont en bois, des petits restaurants accueillants, de l'artisanat, et un petit lac. Vraiment, un endroit rêvé pour louer un chalet et passer ses vacances. Comme dans "le pic de dante", Pucon peut prétendre au titre de la reine des destinations loisirs. C'est cool, en plus ils ont même un gros volcan actif tout blanc, tout proche...
Pas de touristes, rien, nada. Impossible de vérifier si on peut voir de la lave dans le cratère. Et je ne crois pas en la parole des agences. Je vais prendre rendez-vous avec l'Etna, c'est plus sûr.
C'est devant ce paysage magnifique que je souhaite un joyeux anniversaire à mon filleul Théo, et je rajoute un "top" écrit pour son père qui comprendra.
Nanti de la bible du trekking en Patagonie, je m'en vais à Osorno où j'ai repéré une jolie balade de plusieurs jours dans la nature. L'appel de la forêt, n'est-ce pas Jack? Je fais mes emplettes et c'est parti.
Avec le recul je vais rebaptiser cela le trek du serial looser.
Tout commence par la perte de la ceinture ventrale de mon sac à dos rendue amovible par les doigts de fée de ma gentille maman. Au sortir de la soute à bagages du bus de nuit à Pucon, disparue, envolée, abracadabra. Bonjour le dos pour le portage!
Bien chargé, je me rends à Anticura sauf qu'en cette saison le bus s'arrête 17km avant. Je marche un peu beaucoup sur cette route déserte puis un camionneur me prends en stop. Pouet pouet.
Motivé à fond, j'arrive au point de départ. Dans un espagnol approximatif je dis "moi y'en a vouloir faire el trek du volcano Puyehue".
Dans un espagnol impeccable, on me réponds "Impossible, le volcan est entré en éruption en Juin de l'année passée et a complètement rasé la zone des baños". Mince, c'était justement un des atouts de ce trek, des bains d'eau chaude à profusion et des geysers pour moi tout seul. Le tout repose maintenant sous un champ de lave. C'est sûr, c'est pas en Auvergne que ça arriverait.
On me dit que je peux prendre le sendero du Chile et tenter de rejoindre un lac au sud à 60 km. Mais là, ils n'ont pas de carte de cette zone et moi non plus. Mais de toute façon, c'est un chemin en construction.
Allons-y pour l'aventure. En partant, ils me disent "buena suerte". Faudra que je regarde dans un dictionnaire ce que cela veut dire.
La première journée se passe agréablement, je suit un long sentier dans les bois sous un franc soleil. A part ces pénibles obstacles non naturels que je peine à franchir, des branchages et des tas de piques en bamboo taillées en pointe volontairement mis en travers du chemin. Ces obstacles me tracassent, je me demande si je ne vais pas atterrir dans une tribu de dégénérés mangeurs d'hommes.
2ème jour, les pièges se multiplient, avec des troncs d'arbre de 1m de diamètre en plus maintenant. Le sentier monte, des plaques de neige font leur apparition. L'affaire se corse, le chemin devient tout blanc sous 50cm de neige. On m'avait dit "faut franchir une passe pour déboucher sur de vastes prairies au-delà". Je vois la passe à 1km mais tout est recouvert de neige et plus de chemin. Par précaution, je note ma position GPS actuelle et j'attaque la montée. Je galère mais j'arrive assez haut pour voir "au-delà".
Si j'avais su j'aurais pris mes skis. Que de la neige ! Quid des vastes prairies? Quelques pas plus loin, je m'enfonce jusqu'à la taille et encore, c'est mon sac qui me retient. Fâcheuse posture. Wilson gît à terre, pardon, à neige. (Wilson c'est mon bâton). Je prends appui à plat pour m'extraire de cette congère et je m'en va rampant jusqu'à un arbre proche.
Il y a des jours où il faut s'avouer vaincu et ce jour en est un
Mes chaussures, chaussettes et bas de pantalon sont trempés. Je me replie vers une clairière repérée en passant pour aller ruminer dans mon pré.
Mais il est énorme ce sanglier noir qui squatte ma clairière. De la taille d'un cochon domestique. Il me voit, il oblique dans ma direction.
Curiosité, agressivité, territorialité ?
Je m'accroupis, j'ai:
- Wilson
- mon couteau
- ma scie
- un point de QI de plus
- 2 piques en bambous (dans Braveheart, ils arrêtent un cheval avec alors pourquoi pas un cochon)
Mais mon paquet de côtelettes file sur ses jarrets et disparait. Trouillard!
Il est très tard, demain sera une journée de repos pour faire sécher mes affaires.
Mais bien sûr, après 2 jours de chaleur, le lendemain sera une journée pourrie, grise, humide et froide. Pas vu le soleil. Je consulte mon kit "Bear Grylls" pour me réchauffer. Mettre le feu à la forêt, non, dormir tout nu avec une fille, peux pas (et avec un sanglier ?), manger, OUI!
J'ai des pâtes, du risotto, du parmesan, du saucisson, du tang. Ça va!
Je vais faire un peu de camping ici en attendant les beaux jours puis je m'en retournerai à Osorno pour la suite des aventures.
A+
S.