blog d'un Lusisien en Vadrouille

Newsletter 27 (La vie en rose)

Le 05/10/12, 9:04

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Buenos dias à toutes et à tous,

Comme quoi le hasard fait bien les choses. Au lieu de prendre le bus à touristes qui traverse la frontière à Copacabana (oui oui, la fameuse plage au Brésil doit son nom à cette petite ville bolivienne), je décide de prendre le chemin le plus rapide comme le local qui se respecte.
Qui a eu la même idée? Yvonne, une jeune hollandaise de 24 ans, auprès de qui je passe pour un nain car elle culmine à 1,90m. Y'aurait pas des talonnettes pour les chaussures de rando par hasard ?
Avec son espagnol impeccable, elle m'aide à traverser une frontière dont le bureau des formalités est très bien caché. De nouveau, ici, tout rentre et sort sans aucun contrôle.
On s'entasse dans un micro-bus, en réalité un minivan et c'est parti pour 2 heures de route sur l'altiplano, à 4000 mètres d'altitude. On arrive sur le haut de La Paz, la vue est incroyable, la ville est très encaissée, le fond est à 3600m quand même et Yvonne a repéré un hôtel sur les hauteurs.
L'air se fait rare, maintenant je sais pourquoi les boliviens marchent lentement.
Comme si cela ne suffisait pas, Carla et Nicolas iront à pied pour prendre des billets direction Amazonie.
Mon estomac remarque rapidement une différence notable avec le Pérou ou encore l’Équateur. Ici, peu de petits commerces d'alimentation et peu de petits restos pour l'almuerzo, mais des tas de micro-stands dans les rues, pour tout et n'importe quoi. Pour manger faut chercher mais si tu veux une agrafeuse, des ciseaux ou une photocopie pas de problème.
La Bolivie est un pays pauvre, salaire moyen inférieur à 200$, les gens vivotent en faisant commerce de tout. J'ai vu une annonce sur un poteau "Recherche vendeuse, 1000 bolivianos par mois". Ça fait rêver.
La Paz est aussi stressante, circulation infernale de milliers de microvans et taxis qui quadrillent la ville et s'arrêtent tout le temps, des gens par milliers, par millions, tout le temps. Le soir, des files de 100m de long se forment devant des poteaux invisibles pour rapatrier tout ce joli monde vers les hauteurs, vers la banlieue.
11h30 du matin, la grande Vovonne et bibi sommes prêts à monter dans le bus qui va Rurrenabaque. 13h30, le bus démarre pour un trajet de 18 heures au mieux. Entre temps, nous aurons mangé avec nos petits doigts du riz et des boulettes de viande dans un sac plastique. Merci les petits stands.
Pourquoi les gens prennent l'avion pour aller à Rurre?
Serait-ce parce qu'après quelques heures le bus bifurque sur une piste poussiéreuse, en pleine montagne, avec un précipice et pas assez de place pour se croiser? Non, pas possible. De toutes façons, c'est un bus de nuit, tu fermes les yeux, tu essayes de dormir et si tu revois le soleil du matin c'est que c'est bon.
A la pause diner, on est un poil retardé par un silent block récalcitrant, piece inutile qui finira le voyage dans la soute à bagages.
On arrive vers neuf heures à Rurre. Petite sieste méritée avant de chercher un tour dans la pampa, sorte de savanne avec des trous d'eau en saison sèche mais recouverte d'eau en saison humide.
On rencontre Rose, jeune hollandaise de 24 ans. Encore! C'est décidément l'année Hollande. On croise aussi le jeune couple de lyonnais, aussi en tour du monde, qui a fait le trajet dans le même bus.
A cinq, on négocie un bon tour de 3 jours.
Comme la température moyenne est de 40° et un tantinet humide, on finit la journée à la piscine en compagnie d'un toucan apprivoisé, armé d'un bec menaçant.
Ah oui, dans la catégorie "véhicules disparus", j'ai retrouvé toutes les toyota picnic (sauf une?) vendues. 95% des voitures du coin, rendez-vous compte!
Départ du tour, 3 heures de 4x4 sur une piste toute droite puis 3 heures de canoé à moteur sur une rivière un peu assoiffée. Là, c'est le choc. Un caïman tous les 10 mètres, des tas de tortues, des hérons, des capibaras, des jabirus, des je ne sais pas quoi tout plein. C'est trop bien!
Soudain, notre guide se met à crier "flipper, flipper" tout en rigolant. Dans un large virage, de gros dauphins d'eau douce roses s'ébattent.
Le soir, on doit aller voir le coucher de soleil dans une tour. Le guide nous avertit: "gare aux moustiques". T- shirt à manches longues, pantalon, seuls les pieds, les mains et la tête sont aspergés de répulsif. Prêt!
18h59m59s: rien
19h00m00s: mosquitos time. Des dizaines de moustiques noirs s'abattent sur toi, le répulsif est sans effet et de toutes facons ils piquent au travers des vêtements ces sauvages, même ceux imprégnés d'un produit spécial qui coûte la peau des fesses. Z'ont pas lu la notice ces moustiques!
Vite, une photo et on opère un repli stratégique.
Le lendemain c'est chasse à l'anaconda sous un soleil de plomb.
Dans le premier trou d'eau, tout le groupe marche sur les bords bien au sec tandis que notre guide passe au milieu.
Bingo! Il met le pied sur un joli spécimen de 3 mètres de long qui va souffrir pendant un heure en passant de main en main.
Puis on se met en quête d'un cobra mais là on fera choux blanc.
L'aprem, petite baignade en compagnie des dauphins. Conseil, rester au milieu avec eux car sur les bords les caïmans rodent.
Puis pêche aux piranhas rudimentaire, du fil et un hameçon assez discret cette fois. 4 seront attrapés, je suis bredouille, grrr.
Rose à coté de moi en attrape un juste avant de rentrer avant le mosquito time. Pfff, la chance des débutantes.
Par contre, une des filles du groupe aura la frayeur de voir un gros caïman remonter à la surface à 10cm de la barque. Il suivait son petit morceau de viande et a failli attraper sa grosse main. Pour elle, finit la pêche.
Au soir, on déguste nos petits poissons, une bouchée chacun, avec du riz bien sur, mais aussi des légumes, haricots verts, betteraves, concombres, carottes,... La fête quoi! C'est drôle, ce n'est que dans les tours organisés qu'il est possible de bien manger avec des aliments variés.
Au retour vers Rurre, on croisera les mêmes centaines de caïmans, qui se réchauffent le sang au soleil ou qui attendent patiemment la gueule ouverte qu'un poisson daigne trépasser. Cool la vie de caïman.
Le soir, soirée diététique, pizza, bière et billard.
Je retourne sur La Paz avec Rose dans le même bus infernal qui cette fois va crever en route, la routine quoi.
A l'arrivée, pour faire passer toute cette poussière, on se fera une soiré-e saucisse, purée et ... bière. J'aime décidément bien cette petite Rose. Elle s'est fait braquée par un faux taxi il y a 10 jours, du coup elle aime bien aussi mon bras protecteur. C'est sûr, c'est pas pour mon physique Wink
Le lendemain, descente en VTT sur la route de la mort. C'est pas compliqué, une piste caillouteuse à souhait de 60km, la falaise à droite et un précipice à gauche. Départ à 4700m d'altitude, arrivée à 1200m.
Objectif, se faire plaisir et éviter si possible de tomber à gauche.
Avant sa fermeture au trafic routier, un chauffeur de bus a oublié ce conseil. 35 morts.
Équipés de pieds en cape, on s’élance. Sur 6, 5 vont chuter dont une française de 30 ans qui finira le parcours en van-balai. Je ferai aussi ma petite cabriole par dessus le vélo. Le plus étonnant, c'est que me voyant m'écraser lamentablement la face contre les cailloux, j'ai eu ce réflexe incroyable de faire une roulade avant tout en frappant le sol de ma main gantée. Résultat, absolument rien! Merci les leçons de judo de ma jeunesse.
Après toutes ces émotions, soirée lasagne et ... eau gazeuse avec Rose. Puis je la met dans un taxi dont je note le numéro tout en fixant le conducteur de mon regard de tueur. Elle part faire 2 mois de volontariat tourisme dans le nord du Chili, au bord de la mer. Ce n'est qu'un "au revoir ".
Tintin et le temple du soleil, vous connaissez? Et bien la scène du sacrifice se situe à Tiwanaku, en Bolivie. J'y vais de ma petite visite avec les transports locaux mais je dois avouer que le site en lui-même ne casse pas des briques, surtout quand on vient de la vallée sacrée.
Je tombe sur la fête du village, fanfare et défilé en costumes traditionnels. C'est le printemps, le début de la saison des fêtes commémoratives.
Au soir je mangerais du lama en compagnie de devinez qui?
M. et les garçons! Ces derniers repartent en France le lendemain de bonne heure. M. va aussi aller faire son petit tour en Amazonie. J'espère qu'elle va persévérer et continuer la route. J'ai volontairement eu des propos durs à son encontre quand nous nous sommes quittés à Puno. Des paroles dignes du docteur House. Aurais-je contribué à ma façon à son regain de motivation?
Maintenant que j'ai plein de moments seuls, je vais pouvoir m'introspectionner, ai-je un grand cœur mais qu'il est bien caché ou bien aurais-je développé une petite sociopathie?
Je vais y réfléchir cette nuit, je dors dans un dortoir pour limiter les frais et c'est le nouvel an hébreu. Il y a eu comme une flash-mob et des milliers d'israéliens ont envahi la ville et ses hôtels pour faire la fête.
Shalom.

A+ pour de nouvelles aventures.

S.

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