Le 11/11/12, 16:40
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Buenos dias à toutes et à tous
Le Chili, c'est bien connu, c'est tout en longueur. Et en plus, arrivé au nord de la Patagonie, c'est le drame, y'a plus de route. 3 solutions sont possibles pour les voyageurs que nous sommes: la croisière de quatre jours à travers les fjords, le bus de trente heures qui passe par l'Argentine ou le saut de puce en avion.
Hé hé, avec toutes ces nuits froides passées sous ma tente, j'ai les moyens de me payer un trajet en aéronef, comme les survivants.
Et hop, direction Puerto Natales en passant par Punto Arenas.
Dans cette ville basée sur l'activité touristique, ma guesthouse est assez chère mais en contre-partie le petit dej est royal. Après avoir pantagruelisé de bon matin, je mets le nez dehors pour me balader dans une ville déserte. Quasiment tout est fermé, chose très rare, et les chiliens s'échauffent les esprits pour les élections municipales dimanche prochain.
J'entends quand même quelques bruits caractéristiques un peu oubliés chez nous, celui des pneus à clous, preuve d'un climat assez rude.
Même motif, même punition. J'apprends de la bouche d'un guide que la grande boucle est fermée. On est trop tôt dans la saison et la passe Gardner est encore enneigée.
Mais c'est quoi cette boucle, c'est quoi une passe, c'est qui ce Gardner? Help!
Okay, bon, pour les quelques personnes qui auraient oublié, je rappelle que Puerto Natales est célèbre pour son parc national des torres del paine avec l'un des treks les plus connus dans le monde, celui du W.
Comme M. est super motivée pour faire ce trek avec bibi et qu'elle ne viendra que dans 6 jours, je m'en vais faire un peu d'échauffement dans le sud du parc à défaut de pouvoir faire le grand tour.
Et en plus j'aurais la chance de tout payer au tarif pleine saison, le bus, l’hôtel, l'entrée du parc. Là, la neige, elle a pas gelé les prix.
L'administration qui s'occupe des parcs au Chili s'appelle le conaf, ce qui fait déjà 4 lettres en commun avec le qualificatif qui leur sied le mieux.
L'un dit "ouvert", l'autre dit "fermé", un autre " vas-y et si c'est fermé tu reviens." Des pros!
Je vais donc prendre des chemins sûrs pour éviter de marcher deux jours pour des prunes.
1er jour sous le soleil mais un vent de face à vous rendre fou. A tel point que je mets mon joli bonnet, cadeau ô combien utile de ma sœurette.
Musique, bonnet, je chemine dans cette partie sud totalement déserte et j'arrive au premier campement que j'ai pour moi tout seul.
Réveil sous la pluie, qui me fera l'honneur de m'accompagner pendant les 4 prochains jours.
Oh le menteur, même pas vrai, j'ai eu quelques éclaircies à la fin pour compenser des averses de neige et de grêle que j'ai affrontées vers le glacier grey.
Au troisième jour, je campe carrément sur un lit de boue. Avec mon matelas pneumatique, je trouve cela finalement assez confort. Mais à remballer la tente, c'est un peu dégeu surtout avec les doigts engourdis par le froid!
Au détour d'un chemin, je vais surprendre un lapin. Un petit, mais avec un ENORME manteau de fourrure. Pas bête le lapinou!
C'est comme le guanaco, le lama patagonien, très poilu, ou encore le nandu, un petit émeu très...plumeux?
Sous le rare soleil, les paysages sont magnifiques, les couleurs incroyables. Le glacier produit de magnifiques icebergs bleutés.
Malheureusement, mon appareil photo est devenu hyper récalcitrant. Sable fin du Pérou + humidité ambiante = c'est la cata.
Il refuse parfois de s'ouvrir, de faire le focus, de se fermer, de zoomer. C'est un peu galère, rageant, je peux oublier les photos instantannées.
J'ai même raté de superbes images d'un oiseau assez rare dans le parc d'après le guide, le carpintero patagonico à tête rouge. GRrrrr....
Et encore, je vous dis pas que ma batterie de secours s'est mise en court-circuit et a grillé.
Me voila bien échaudé, je peux rentrer à Puerto Natales pour accueillir M. avec un petit cadeau pour elle qui collectionne les sables de ce tour du monde: un petit sachet de cendres tout droit sorti du volcan puyehue.
Un truc que j'aime bien chez les filles, c'est le coté imprévisible, non rationnel parfois, avec un sens pratique hors du commun. C'est vrai, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, voire très compliqué. Résultat, d'un transfert que des centaines de milliers de touristes font par an pour aller aux torres, M. a voulu inaugurer une nouvelle voie et se retrouve dans la galère des transports argentins et de sa route 40, dans l'incapacité de me rejoindre avant plusieurs jours.
Tant pis, je profite de ma nouvelle popularité à la guesthouse (celui qui revient de 5 jours d'enfer et qui y retourne) pour aider la gente féminine cosmopolite à préparer le trek du W.
Elles appréhendent la météo et je leur cite le panneau philosophique dans le parc "Ne nous demandez pas le temps qu'il va faire, on ne sait pas".
Après un jour de repos et un réapprovisionnement substantiel en victuailles réconfortantes (des pâtes), je retourne au parc sous un franc soleil et une légère brise, genre 160km/h en pointe. Parfois il est impossible d'avancer, faut se planter dans le sol pour résister. J'ai même vu des gens être renversés avec la prise au vent du sac. Bref, encore du bonheur. Je progresse, mon crane d'oeuf pourfendant la bise. Je touche presque au but, voir les tours de granit, les trois soeurs torres.
Quoi? L'accès est fermé! Pour cause de fort vent sur la crête!
Faut se replier au camping en contre-bas.
6h30 du matin, je me faufile entre les lignes ennemies des parc-rangers.
Il y a moins de vent mais le haut du chemin est tout verglacé de si bon matin. Mais j'y suis, les 3 tours sont là, majestueuses dans le soleil levant. 3 gros cailloux quasi éternels, géants de pierre qui contemplent les millions de petits humains venus immortaliser leurs instants.
J'attaque ensuite la branche centrale du W, où je vais croiser Poh, ma malaysienne. C'est une branche européenne, on va du camp italiano au camp britanico pour parcourir la vallée des français. La vallée se termine en cul-de-sac par un spectaculaire cirque rocheux. C'est là que je vais croiser une autre de mes groupies, que j'appelle Colorado car elle vient de Leadville (CO).
Comme j'ai déjà fait la branche du glacier, je me dirige à nouveau vers le camping désert du premier soir. Je suis content, il n'a pas plu, je vais pouvoir remballer ma tente toute sèche.
Pluie et vent toute la nuit vont noyer cet espoir. A mon retour à Puerto Natales, je noyerai à mon tour mon désespoir dans quelques pintes. Non mais!
Voila, 10 jours de trek patagoniens mémorables. J'étais devenu une machine à marcher, 25-30 kilomètres quotidiens avec un lourd sac à dos sans rien ressentir, aucune douleur ni gène. Je vais la mettre sur off.
Demain je me lève à 6h00 du mat pour aller encore plus au sud et je vais faire un max de bruit, histoire de réveiller les deux autres gars bruyants et mal-élevés du dortoir qui sont rentrés à 2h00 du mat à moitié bourrés.
Tiens, faudra aussi que je mette sur off mon coté rancunier. Plus tard...
A+ pour de nouvelles aventures
S.
Le Chili, c'est bien connu, c'est tout en longueur. Et en plus, arrivé au nord de la Patagonie, c'est le drame, y'a plus de route. 3 solutions sont possibles pour les voyageurs que nous sommes: la croisière de quatre jours à travers les fjords, le bus de trente heures qui passe par l'Argentine ou le saut de puce en avion.
Hé hé, avec toutes ces nuits froides passées sous ma tente, j'ai les moyens de me payer un trajet en aéronef, comme les survivants.
Et hop, direction Puerto Natales en passant par Punto Arenas.
Dans cette ville basée sur l'activité touristique, ma guesthouse est assez chère mais en contre-partie le petit dej est royal. Après avoir pantagruelisé de bon matin, je mets le nez dehors pour me balader dans une ville déserte. Quasiment tout est fermé, chose très rare, et les chiliens s'échauffent les esprits pour les élections municipales dimanche prochain.
J'entends quand même quelques bruits caractéristiques un peu oubliés chez nous, celui des pneus à clous, preuve d'un climat assez rude.
Même motif, même punition. J'apprends de la bouche d'un guide que la grande boucle est fermée. On est trop tôt dans la saison et la passe Gardner est encore enneigée.
Mais c'est quoi cette boucle, c'est quoi une passe, c'est qui ce Gardner? Help!
Okay, bon, pour les quelques personnes qui auraient oublié, je rappelle que Puerto Natales est célèbre pour son parc national des torres del paine avec l'un des treks les plus connus dans le monde, celui du W.
Comme M. est super motivée pour faire ce trek avec bibi et qu'elle ne viendra que dans 6 jours, je m'en vais faire un peu d'échauffement dans le sud du parc à défaut de pouvoir faire le grand tour.
Et en plus j'aurais la chance de tout payer au tarif pleine saison, le bus, l’hôtel, l'entrée du parc. Là, la neige, elle a pas gelé les prix.
L'administration qui s'occupe des parcs au Chili s'appelle le conaf, ce qui fait déjà 4 lettres en commun avec le qualificatif qui leur sied le mieux.
L'un dit "ouvert", l'autre dit "fermé", un autre " vas-y et si c'est fermé tu reviens." Des pros!
Je vais donc prendre des chemins sûrs pour éviter de marcher deux jours pour des prunes.
1er jour sous le soleil mais un vent de face à vous rendre fou. A tel point que je mets mon joli bonnet, cadeau ô combien utile de ma sœurette.
Musique, bonnet, je chemine dans cette partie sud totalement déserte et j'arrive au premier campement que j'ai pour moi tout seul.
Réveil sous la pluie, qui me fera l'honneur de m'accompagner pendant les 4 prochains jours.
Oh le menteur, même pas vrai, j'ai eu quelques éclaircies à la fin pour compenser des averses de neige et de grêle que j'ai affrontées vers le glacier grey.
Au troisième jour, je campe carrément sur un lit de boue. Avec mon matelas pneumatique, je trouve cela finalement assez confort. Mais à remballer la tente, c'est un peu dégeu surtout avec les doigts engourdis par le froid!
Au détour d'un chemin, je vais surprendre un lapin. Un petit, mais avec un ENORME manteau de fourrure. Pas bête le lapinou!
C'est comme le guanaco, le lama patagonien, très poilu, ou encore le nandu, un petit émeu très...plumeux?
Sous le rare soleil, les paysages sont magnifiques, les couleurs incroyables. Le glacier produit de magnifiques icebergs bleutés.
Malheureusement, mon appareil photo est devenu hyper récalcitrant. Sable fin du Pérou + humidité ambiante = c'est la cata.
Il refuse parfois de s'ouvrir, de faire le focus, de se fermer, de zoomer. C'est un peu galère, rageant, je peux oublier les photos instantannées.
J'ai même raté de superbes images d'un oiseau assez rare dans le parc d'après le guide, le carpintero patagonico à tête rouge. GRrrrr....
Et encore, je vous dis pas que ma batterie de secours s'est mise en court-circuit et a grillé.
Me voila bien échaudé, je peux rentrer à Puerto Natales pour accueillir M. avec un petit cadeau pour elle qui collectionne les sables de ce tour du monde: un petit sachet de cendres tout droit sorti du volcan puyehue.
Un truc que j'aime bien chez les filles, c'est le coté imprévisible, non rationnel parfois, avec un sens pratique hors du commun. C'est vrai, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, voire très compliqué. Résultat, d'un transfert que des centaines de milliers de touristes font par an pour aller aux torres, M. a voulu inaugurer une nouvelle voie et se retrouve dans la galère des transports argentins et de sa route 40, dans l'incapacité de me rejoindre avant plusieurs jours.
Tant pis, je profite de ma nouvelle popularité à la guesthouse (celui qui revient de 5 jours d'enfer et qui y retourne) pour aider la gente féminine cosmopolite à préparer le trek du W.
Elles appréhendent la météo et je leur cite le panneau philosophique dans le parc "Ne nous demandez pas le temps qu'il va faire, on ne sait pas".
Après un jour de repos et un réapprovisionnement substantiel en victuailles réconfortantes (des pâtes), je retourne au parc sous un franc soleil et une légère brise, genre 160km/h en pointe. Parfois il est impossible d'avancer, faut se planter dans le sol pour résister. J'ai même vu des gens être renversés avec la prise au vent du sac. Bref, encore du bonheur. Je progresse, mon crane d'oeuf pourfendant la bise. Je touche presque au but, voir les tours de granit, les trois soeurs torres.
Quoi? L'accès est fermé! Pour cause de fort vent sur la crête!
Faut se replier au camping en contre-bas.
6h30 du matin, je me faufile entre les lignes ennemies des parc-rangers.
Il y a moins de vent mais le haut du chemin est tout verglacé de si bon matin. Mais j'y suis, les 3 tours sont là, majestueuses dans le soleil levant. 3 gros cailloux quasi éternels, géants de pierre qui contemplent les millions de petits humains venus immortaliser leurs instants.
J'attaque ensuite la branche centrale du W, où je vais croiser Poh, ma malaysienne. C'est une branche européenne, on va du camp italiano au camp britanico pour parcourir la vallée des français. La vallée se termine en cul-de-sac par un spectaculaire cirque rocheux. C'est là que je vais croiser une autre de mes groupies, que j'appelle Colorado car elle vient de Leadville (CO).
Comme j'ai déjà fait la branche du glacier, je me dirige à nouveau vers le camping désert du premier soir. Je suis content, il n'a pas plu, je vais pouvoir remballer ma tente toute sèche.
Pluie et vent toute la nuit vont noyer cet espoir. A mon retour à Puerto Natales, je noyerai à mon tour mon désespoir dans quelques pintes. Non mais!
Voila, 10 jours de trek patagoniens mémorables. J'étais devenu une machine à marcher, 25-30 kilomètres quotidiens avec un lourd sac à dos sans rien ressentir, aucune douleur ni gène. Je vais la mettre sur off.
Demain je me lève à 6h00 du mat pour aller encore plus au sud et je vais faire un max de bruit, histoire de réveiller les deux autres gars bruyants et mal-élevés du dortoir qui sont rentrés à 2h00 du mat à moitié bourrés.
Tiens, faudra aussi que je mette sur off mon coté rancunier. Plus tard...
A+ pour de nouvelles aventures
S.