Le 02/07/12, 9:27
111.97794243.65317
Sainbanno à toutes et à tous,
Si j'avais du cyrillic j'aurai pu écrire un bonjour correct mais là j'ai fait à l'oreille.
Notre passage en Mongolie s'apparente à un voyage au bout de la nuit un premier bus de nuit pour aller à Erlian, ville frontière coté chinois.
Bien entendu, on ne dormira quasiment pas. On débarque à Erlian a 6h du matin. La ville est plantée au milieu de nulle part, tout est plat alentours, tout est sable. Avec ces larges artères totalement désertes, on se croirait dans un film post-apocalyptique. Il ne manquerait plus qu'un buisson en boule déboule. Mais pas d'interceptor en vue, rien que quelques vieilles et robustes jeep russes.
On attendra 3 heures dans une tempête de sable que la douane ouvre. Avec le contenu de mes oreilles j'aurai pu faire un mont saint Michel comme château.
Une antique jeep russe remplie à craquer de produits manquants en Mongolie, c'est à dire à peu près tout, nous emmène au poste mongol.
Comme on a paye d'avance le transfert, cette même jeep trouve un autre client et nous laisse dans la tempête au lieu de nous reprendre.
Opération "tempête du desert", je mets mes ray ban et on y va à pied à zamyn-uud, 2 km. Coté mongol, la ville est un bled perdu avec comme point d'intérêt sa gare. Un train de nuit destination la capitale. Que des places assises, bad luck! C'est quand qu'on dort ?
On dort pas, because à 16h30 quand le train arrive à quai, les couchettes supérieures se remplissent de tous les paquets qui ont traversé la frontière.
17h35, le train s'ébranle avec tous ses passagers entassés.
17h40, les mêmes passagers sauf deux sont déjà en train de manger. Je constate alors que 90% des personnes du wagon sont en surpoids.
17h45, le sol est jonché de détritus divers.
19h00, coup de balai de la contrôleuse, tout redevient nickel.
Tiens, un chameau dans ce paysage monotone qui défile à toute allure, 60km/h au grand maximum, et puis une paire de yourtes aussi.
22h00, et c'est parti pour un tour d'horloge sans sommeil.
... (tchou tchou)
On va bientôt arriver, le très long train serpente dans la plaine encore enneigée. Hein? Quoi? De la neige? Un rapport avec la surcharge pondérale pré-citée?
Ce qui est sur c'est qu'il n'y avait que 2 ignorants a sortir du train en sandales dans un vent glacial. On traverse la ville, 1 million et quelques habitants, 40% de la population totale, pour trouver notre petite guesthouse pas chauffée. On cherche une rando à cheval bon marché.
La chance nous fait rencontrer Sophie, jeune allemande de 23 ans qui prête une oreille discrète à nos recherches. On tombe aussi sur le même bon plan. Elle a déjà débauché Richard, un anglais de 33 ans. Banco, on partira avec eux dès le lendemain matin pour Kharkorin. On est décidemment chanceux car il ne reste que 2 places dans l'unique bus quotidien. Et mon voisin bredouille de l'anglais, du coup a va parler pendant les 6 heures du trajet. Il m'enseigne les rudiments d'une conversation en mongol que je vais devoir pratiquer avec les deux derniers rangs du bus. Je gagne au passage Bolor, une jeune et jolie mongole qui veut correspondre avec moi pour perfectionner son anglais de débutante.
Ce soir, on va passer notre première nuit dans une ger, c'est comme cela que l'on nomme les yourtes en fait.
C'est sous un franc soleil que débute nos 10 jours de rando. Azaa, un jeune lutteur tout en muscle sera notre guide. Il est accompagné de son chien Batraa, qui a la tache de protéger les chevaux la nuit contre les attaques de loups. Nous avons aussi 2 chevaux de bat pour les sacs
Les mongols ont plein de nom pour designer les chevaux. J'hérite de Hongor, un gentil cheval beige. On copine très vite, il manoeuvre à la perfection des que j'incline les rennes. Il a la particularité de trotter très vite, longtemps. M. galope que Hongor est encore au trot. M. rebaptise son cheval "tête de mule" car au sortir de la longue trêve hivernale son cheval est redevenu fainéant. Sa voix douce n'aide pas non plus et son "tchou", version mongole de hue, reste sans effet.
Vers 16h, on arrive dans la ger d'une famille nomade.
Bilan de la première journée:
- je cramponne trop fort ma selle : j'ai mal aux paumes.
- mon coccyx tape sur la selle : j'ai mal au derrière
- les sangles des étriers frottent : j'ai mal aux mollets
- je reste trop longtemps immobile : j'ai mal aux genoux
Mais que c'est grandiose cette balade, vivement demain que j'ai de nouveau mal (non je ne suis pas maso).
Je vous résume une journée type :
Vers 05h00 du mat, les premières lueurs de l'aube qui passent à travers le toit ouvert de la ger ne réveillent que moi. Mais pourquoi c'est ouvert ce truc?
Vers 07h00 la mère de famille prépare le petit déjeuner dans la pièce commune en faisant plus ou moins de bruit. Au menu, du thé avec du lait chaud, des biscuits maison au beurre maison, du riz au lait ou bien des restes de la veille.
Le temps de retrouver les chevaux partis brouter très très très loin malgré leurs entraves, de trouver un coin isolé pour ses besoins, et on se met en route pour 5 a 6 heures de cheval non stop. Eh oui, le mongol ne mange pas a midi, il n'a pas de montre et ne connait pas la notion de break.
Vers 16 - 17 heures, arrivée dans la douleur.
Petit goûter avec thé au lait, pain ou biscuits maison. Une fois, on nous fera l'honneur de nous donner des gros os à ronger. Miam.
Ensuite, activités diverses: montage de yourte, castrage de chevreaux, babysitting, sciage de bois, plein d'eau à la rivière, études anthropologiques avec les os de la plaine.
Pendant de temps, mère et filles concassent au marteau un pavé de viande séchée et finissent le travail avec une grosse paire de ciseaux. Le morceau de choix du mongol: le gras, les tendons, le cartilage. Quand ces bons morceaux atterrissent dans ton écuelle, t'es vachement content.
C'est comme cela que je suis devenu intime avec le chien.
En accompagnement, du riz ou des pâtes fraîches. Oubliez fruits et légumes, le mongol ne fait rien pousser, ces produits sont super chers et sont en général des cadeaux pour les grandes occasions.
Vers 22h00, on étale les tapis sur le sol pour les invités du jour et on s'endort par terre.
Le dernier morceau de bois se consume, on va encore se cailler.
Les 10 jours seront une épopée rythmée par de nombreuses petites aventures: Richard qui abandonne le 3eme jour suite a une incompatibilité d'humeur avec les chevaux mongols qui vont l'envoyer 2 fois par terre. Le 7eme jour, M. nous fera aussi sa petite cabriole sans gravité sauf pour ses fesses qui vont virer au bleu stroumpfette.
Nous avons gravi un col de montagne sur un terrain difficile le tout dans une tempête de neige. La Mongolie nous joue les 4 saisons en un jour, c'est spectaculaire. C'est l'opportunité de faire une halte pour la nuit improvisée chez des moines qui nous offriront du yak séché.
C'est dingue le plaisir carnivore que tu peux avoir à déchirer la viande avec tes dents, je me sens comme rahan.
Nous ne retrouverons les chevaux que vers 15h le lendemain. Les pauvres, transis de froid, ils avaient rebroussé chemin sur plus de 20 km les pieds attachés. Heureusement qu'ils avaient laissés des traces dans la neige.
On traversera des rivières, on galopera au travers de plaines de 15km de long au milieu de troupeaux de moutons, vaches, chevaux, yaks, sous tous les temps. Inoubliable vous dis-je.
On tombera aussi sur un rassemblement mongol, concours de capture de chevaux avec des perches. Du grand spectacle traditionnel et beaucoup de maîtrise technique. On comprend pourquoi Ghengis khan a pu étendre son empire quand on voit ces cavaliers faire ce qu'ils veulent avec leurs montures.
La fin du voyage sera difficile pour moi, un truc que je n'arrive pas à digérer, genre un os ou un oeil, que je mettrai 72 heures à éliminer, et l'avant-dernière étape de 45 km deviens un enfer pour moi et mes genoux. C'est rigolo, à pieds, je vais plus vite qu'un cheval mongol au pas.
Dernier jour, je murmure à l'oreille de Hongor des gros mercis, il aime la voix qui lui a chantonné des chansons pendant 10 jours.
I'm poor lonesome cowboy...
Retour à la gare de Kharkorin en attendant de tourner "voyage au bout de la nuit 2". Le train qui nous ramènera de Ulan Bataar à la frontière sera plein de mongols, les mains vides cette fois.
On retourne vers Pékin, ou on sait trouver des douches chaudes, des bigs macs, des lits mous, des boissons fraîches, ...
Bye bye le grand pays sauvage.
Allez, a+ pour de nouvelles aventures.
S.
Si j'avais du cyrillic j'aurai pu écrire un bonjour correct mais là j'ai fait à l'oreille.
Notre passage en Mongolie s'apparente à un voyage au bout de la nuit un premier bus de nuit pour aller à Erlian, ville frontière coté chinois.
Bien entendu, on ne dormira quasiment pas. On débarque à Erlian a 6h du matin. La ville est plantée au milieu de nulle part, tout est plat alentours, tout est sable. Avec ces larges artères totalement désertes, on se croirait dans un film post-apocalyptique. Il ne manquerait plus qu'un buisson en boule déboule. Mais pas d'interceptor en vue, rien que quelques vieilles et robustes jeep russes.
On attendra 3 heures dans une tempête de sable que la douane ouvre. Avec le contenu de mes oreilles j'aurai pu faire un mont saint Michel comme château.
Une antique jeep russe remplie à craquer de produits manquants en Mongolie, c'est à dire à peu près tout, nous emmène au poste mongol.
Comme on a paye d'avance le transfert, cette même jeep trouve un autre client et nous laisse dans la tempête au lieu de nous reprendre.
Opération "tempête du desert", je mets mes ray ban et on y va à pied à zamyn-uud, 2 km. Coté mongol, la ville est un bled perdu avec comme point d'intérêt sa gare. Un train de nuit destination la capitale. Que des places assises, bad luck! C'est quand qu'on dort ?
On dort pas, because à 16h30 quand le train arrive à quai, les couchettes supérieures se remplissent de tous les paquets qui ont traversé la frontière.
17h35, le train s'ébranle avec tous ses passagers entassés.
17h40, les mêmes passagers sauf deux sont déjà en train de manger. Je constate alors que 90% des personnes du wagon sont en surpoids.
17h45, le sol est jonché de détritus divers.
19h00, coup de balai de la contrôleuse, tout redevient nickel.
Tiens, un chameau dans ce paysage monotone qui défile à toute allure, 60km/h au grand maximum, et puis une paire de yourtes aussi.
22h00, et c'est parti pour un tour d'horloge sans sommeil.
... (tchou tchou)
On va bientôt arriver, le très long train serpente dans la plaine encore enneigée. Hein? Quoi? De la neige? Un rapport avec la surcharge pondérale pré-citée?
Ce qui est sur c'est qu'il n'y avait que 2 ignorants a sortir du train en sandales dans un vent glacial. On traverse la ville, 1 million et quelques habitants, 40% de la population totale, pour trouver notre petite guesthouse pas chauffée. On cherche une rando à cheval bon marché.
La chance nous fait rencontrer Sophie, jeune allemande de 23 ans qui prête une oreille discrète à nos recherches. On tombe aussi sur le même bon plan. Elle a déjà débauché Richard, un anglais de 33 ans. Banco, on partira avec eux dès le lendemain matin pour Kharkorin. On est décidemment chanceux car il ne reste que 2 places dans l'unique bus quotidien. Et mon voisin bredouille de l'anglais, du coup a va parler pendant les 6 heures du trajet. Il m'enseigne les rudiments d'une conversation en mongol que je vais devoir pratiquer avec les deux derniers rangs du bus. Je gagne au passage Bolor, une jeune et jolie mongole qui veut correspondre avec moi pour perfectionner son anglais de débutante.
Ce soir, on va passer notre première nuit dans une ger, c'est comme cela que l'on nomme les yourtes en fait.
C'est sous un franc soleil que débute nos 10 jours de rando. Azaa, un jeune lutteur tout en muscle sera notre guide. Il est accompagné de son chien Batraa, qui a la tache de protéger les chevaux la nuit contre les attaques de loups. Nous avons aussi 2 chevaux de bat pour les sacs
Les mongols ont plein de nom pour designer les chevaux. J'hérite de Hongor, un gentil cheval beige. On copine très vite, il manoeuvre à la perfection des que j'incline les rennes. Il a la particularité de trotter très vite, longtemps. M. galope que Hongor est encore au trot. M. rebaptise son cheval "tête de mule" car au sortir de la longue trêve hivernale son cheval est redevenu fainéant. Sa voix douce n'aide pas non plus et son "tchou", version mongole de hue, reste sans effet.
Vers 16h, on arrive dans la ger d'une famille nomade.
Bilan de la première journée:
- je cramponne trop fort ma selle : j'ai mal aux paumes.
- mon coccyx tape sur la selle : j'ai mal au derrière
- les sangles des étriers frottent : j'ai mal aux mollets
- je reste trop longtemps immobile : j'ai mal aux genoux
Mais que c'est grandiose cette balade, vivement demain que j'ai de nouveau mal (non je ne suis pas maso).
Je vous résume une journée type :
Vers 05h00 du mat, les premières lueurs de l'aube qui passent à travers le toit ouvert de la ger ne réveillent que moi. Mais pourquoi c'est ouvert ce truc?
Vers 07h00 la mère de famille prépare le petit déjeuner dans la pièce commune en faisant plus ou moins de bruit. Au menu, du thé avec du lait chaud, des biscuits maison au beurre maison, du riz au lait ou bien des restes de la veille.
Le temps de retrouver les chevaux partis brouter très très très loin malgré leurs entraves, de trouver un coin isolé pour ses besoins, et on se met en route pour 5 a 6 heures de cheval non stop. Eh oui, le mongol ne mange pas a midi, il n'a pas de montre et ne connait pas la notion de break.
Vers 16 - 17 heures, arrivée dans la douleur.
Petit goûter avec thé au lait, pain ou biscuits maison. Une fois, on nous fera l'honneur de nous donner des gros os à ronger. Miam.
Ensuite, activités diverses: montage de yourte, castrage de chevreaux, babysitting, sciage de bois, plein d'eau à la rivière, études anthropologiques avec les os de la plaine.
Pendant de temps, mère et filles concassent au marteau un pavé de viande séchée et finissent le travail avec une grosse paire de ciseaux. Le morceau de choix du mongol: le gras, les tendons, le cartilage. Quand ces bons morceaux atterrissent dans ton écuelle, t'es vachement content.
C'est comme cela que je suis devenu intime avec le chien.
En accompagnement, du riz ou des pâtes fraîches. Oubliez fruits et légumes, le mongol ne fait rien pousser, ces produits sont super chers et sont en général des cadeaux pour les grandes occasions.
Vers 22h00, on étale les tapis sur le sol pour les invités du jour et on s'endort par terre.
Le dernier morceau de bois se consume, on va encore se cailler.
Les 10 jours seront une épopée rythmée par de nombreuses petites aventures: Richard qui abandonne le 3eme jour suite a une incompatibilité d'humeur avec les chevaux mongols qui vont l'envoyer 2 fois par terre. Le 7eme jour, M. nous fera aussi sa petite cabriole sans gravité sauf pour ses fesses qui vont virer au bleu stroumpfette.
Nous avons gravi un col de montagne sur un terrain difficile le tout dans une tempête de neige. La Mongolie nous joue les 4 saisons en un jour, c'est spectaculaire. C'est l'opportunité de faire une halte pour la nuit improvisée chez des moines qui nous offriront du yak séché.
C'est dingue le plaisir carnivore que tu peux avoir à déchirer la viande avec tes dents, je me sens comme rahan.
Nous ne retrouverons les chevaux que vers 15h le lendemain. Les pauvres, transis de froid, ils avaient rebroussé chemin sur plus de 20 km les pieds attachés. Heureusement qu'ils avaient laissés des traces dans la neige.
On traversera des rivières, on galopera au travers de plaines de 15km de long au milieu de troupeaux de moutons, vaches, chevaux, yaks, sous tous les temps. Inoubliable vous dis-je.
On tombera aussi sur un rassemblement mongol, concours de capture de chevaux avec des perches. Du grand spectacle traditionnel et beaucoup de maîtrise technique. On comprend pourquoi Ghengis khan a pu étendre son empire quand on voit ces cavaliers faire ce qu'ils veulent avec leurs montures.
La fin du voyage sera difficile pour moi, un truc que je n'arrive pas à digérer, genre un os ou un oeil, que je mettrai 72 heures à éliminer, et l'avant-dernière étape de 45 km deviens un enfer pour moi et mes genoux. C'est rigolo, à pieds, je vais plus vite qu'un cheval mongol au pas.
Dernier jour, je murmure à l'oreille de Hongor des gros mercis, il aime la voix qui lui a chantonné des chansons pendant 10 jours.
I'm poor lonesome cowboy...
Retour à la gare de Kharkorin en attendant de tourner "voyage au bout de la nuit 2". Le train qui nous ramènera de Ulan Bataar à la frontière sera plein de mongols, les mains vides cette fois.
On retourne vers Pékin, ou on sait trouver des douches chaudes, des bigs macs, des lits mous, des boissons fraîches, ...
Bye bye le grand pays sauvage.
Allez, a+ pour de nouvelles aventures.
S.