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Le premier jour des Fiestas patrias est enfin arrivé et, pour l’occasion, j’ai congé. Moi, qui m’attendais à une grande fête populaire, je suis un peu déçue. Tout le monde profite du férié pour se reposer et se balader. C’est pour cette raison que j’ai rejoint le clan Mora (Marco, Mili, Mati, Maria et Cristina) qui se prépare à une petite excursion à Lares. Nous avons prévu de prendre la route vers 5 h du matin. En fait, nous partons à 6h. Hora peruana...
Après 50 mètres, je remarque un signe de croix de la part de Marco, notre conducteur du jour. Ce n’est peut-être pas superflu. Marco m’a confié qu’il n’avait pas son permis. Qu'à cela ne tienne! Je suis assez confiante. Nous grimpons sur les hauteurs de la ville et arrivons au Cristo Blanco. Marco se signe à nouveau. Il vaut mieux prendre ses précautions plutôt deux fois qu'une... Une heure plus tard, nous faisons une pause à la station essence de Calca dans le Valle sagrado avant de nous engager sur une piste beaucoup moins carrossable. Troisième signe de croix... En tout, j’en compterai cinq sur toute la journée. Mais ce troisième est probablement le plus important car pour rejoindre la vallée voisine, nous devons d'abord monter à 4300 mètres A nous les lamas et les neiges éternelles...
L’ascension se fait sur une piste assez étroite en épingle à cheveux. Il ne fait pas bon croiser un autre véhicule. Par contre le paysage est magnifique. Assez différent, de la pampa du chemin du Turural.
À quelques mètres du sommet, nous croisons quelques d’enfants. Ils proviennent des communautés rurales environnantes. Ils veillent sur leurs troupeaux de moutons ou de lamas mais ce n’est pas par hasard qu’ils le fassent le long de la route. Bon nombre de touristes leur jettent des bonbons en passant en voiture. Certes, il est difficile de rester indifférent à leur condition. J’ai vu un petit garçon d’un peu plus d’un an (il savait à peine marcher) se promener pieds nus alors que la température à une telle altitude avoisine les o °C. Pourtant, le comportement de ces touristes me pose question. Leur geste n’encourage-t-il pas la mendicité ? Les sucreries ne sont-elles pas la pire de choses à donner ? Cristina a elle aussi préparé quelque chose pour ces enfants mais il s’agit de sandwichs et puis, je perçois dans sa démarche un petit je-ne-sais-quoi qui me semble plus sain. A l’entendre, il est de son devoir de faire acte de solidarité envers ses compatriotes dans le besoin et elle se préoccupe vraiment du sort de ces petits. Ce n’est pas comme ces touristes qui balancent des bonbons sans même s’arrêter.
La descente de la montagne ne s’avère pas plus aisée que la montée. Mati est fiévreux et n’arrête pas de pleurer. Préoccupé par son état, chacun se laisse gagner par le stress. A peine arrivés à destination, nous nous rendons au centre de santé où le médecin fait une injection à ce pauvre Matias. Le médicament fait très vite effet et Mati s’endort d’un sommeil profond.
La principale, pour ne pas dire la seule, attraction à Lares sont ses bains d’eau chaude. Cette eau, de couleur brunâtre, provient des volcans avoisinants. Avec celui d’Aguas Calientes (tout près du Machu Picchu), le complexe de Lares est le plus beau de la région. Il comporte 6 bains à ciel ouvert dont la température varie de froid à presque bouillant. La chaleur du bain dont la température est la plus élevée est presque insupportable. Je ne parviens qu’à y mettre les jambes. On accorde à l’eau des vertus thérapeutiques. Personnellement, j’espère que ces bienfaits sont notamment dermatologiques, ma peau ne supporte pas particulièrement bien la sécheresse de l’air andin.
Je ne sais pas trop à quoi m’attendre et suis un peu méfiante. Se mettre en bikini en pleine montagne ne me semble pas des plus sensé. Mais, je me vois mal faire marche-arrière. Maria et Cristina m’expliquent la marche à suivre. D’abord la douche froide, qui s’avère plutôt tiède en fin de compte. Puis il suffit de se jeter à l’eau. Et, contre toute attente, c’est divin. Moi qui commençais à regretter la douche bien chaude de mon appartement à Luxembourg, je suis conquise. L’ambiance est assez décontractée. Beaucoup de familles ont profité du férié pour venir se baigner. Même Mati, qui semble aller beaucoup mieux, profite du bain dans les bras de ses parents. Après près de deux heures de barbotage, il est temps d’aller manger.
Nous nous rendons dans un restaurant de Lares. Le service est assez lent. Or nous ne devons pas trop tarder car nous avons encore près de quatre heures de route pour retourner à Cusco. Et il est hors de question de rouler de nuit. Ce serait beaucoup trop dangereux. Cristina fait part de son impatience à la serveuse. Elle n’arrête pas de faire des allers et retours de notre table aux cuisines pour presser la cuisinière. Personnellement, ce comportement me gêne un peu. Mais je suis la seule à qui cela semble poser problème.Je ne dis rien.
Le retour est encore plus épuisant que l’aller. Marco semble éreinté à notre arrivée à Cusco. Nous avions prévu d’aller à un festival rock en soirée. Mais, vu l’état de fatigue de Marco, ce sera partie remise. D’un côté, j’aurai bien aimé pouvoir un peu sortir. Etant donné que je ne peux me promener seule dans mon quartier à partir de 21h, je reste cloitrée chez moi tous les soirs et cela commence à me peser. D’un autre côté, je ne suis pas mécontente de retrouver mon lit.