A mon arrivée a Quito, je suis très heureuse de retrouver Diego. Diego a passé un an en France chez mon oncle pour apprendre le français. Il habite chez sa grand-mère, nous allons dormir là-bas. Ici, les familles sont très religieuses, la grand-mère de Diego est très catholique et sa maison aussi! On dirait la maison de mon arrière grand-mère. Le lendemain, le pasteur a été invité à nous faire la messe! Nous partons ensuite visiter Quito. La vieille ville est très espagnole, avec ces petites rues encore toutes pavés et ces vieux bâtiments coloniaux... Le plus beaux ce sont les gens, les femmes avec leurs costumes traditionnels. On se croirait en Bolivie avec tous ces châles très colorés, ces chapeaux melons! Diego est tout fiers de me faire visiter les musées... moi je ne suis pas très impressionnés par ces musées, on va donc sur le marché. Je suis aux anges, l'artisanat est vraiment beau ici, que ce soir les peintures, les bijoux, les tissus, les chapeaux, et ce n'est pas cher! On finit par déguster un ceviche équatorien (décidemment après l'ile de Pâques, le Chili voire la polynésie...ils ont tous leur ceviche national). Il pleut régulièrement, nous sommes en plein saison des pluies...j'essaie de prévoir la suite de mon parcours, car avec tout mon retard, je n'ai plus que 15 jours supplémentaires pour visiter l'Equateur. Le but est de rejoindre dès que possible Mo et Anne à Lima et se laisser une semaine pour faire Cuzco et le Machu Picchu. Or il me reste de la distance à parcourir d'ici Lima! Je dois oublier les Galapagos, le Nord... je remets même en question l'ascension des volcans Chimborazo et/ou Cotopaxi. Je préfère m'imprégner tranquillement de la vie de ces communautés très typiques de la vallée andine. Ce que je découvre avec bonheur, c'est que le carnaval est pile poil en ce moment. Le pays est en fête. Dans tous les villages, les gens se jettent de l'eau et de la mousse pour l'événement. Nous décidons de partir avec la voiture de Diego à Latacunga pour aller fêter le carnaval à Ambato qui organise pour l'occasion un défilé de chars à fleurs et fruits. Il s'agit d'un week-end de 4 jours pour les équatoriens. Nous sommes dans les bouchons. Nous traversons des vallées verdoyantes, nous sommes ici à plus de 3 500m! Je retrouve les lamas dans les champs...ce pays me charme de plus en plus. A Ambato, c'est l'euphorie, tout le monde se bataille avec des bombes de mousse...à raser. Les chars ont déjà défilé, mais ils sont toujours garés au centre et nous pouvons les admirer... ca me rappelle la fête des citrons à Nice. Nous goutons toutes les spécialités d'ici, dans la rue de nombreux vendeurs ambulants nous proposent de gouter à leurs spécialités. Les marchés sont immenses et je n'ai jamais vu une variété aussi importante de fruits et de légumes. On a la possibilité de boire des smoothies de fraises, kiwis, avocats et autres fruits de là-bas... il y a tellement de choses à gouter! Je ne fais que manger toute la journée. Le lendemain, le temps est toujours très couvert, on ne voit toujours pas le Cotopaxi...je suis triste de ne pas voir ce sommet que je convoite depuis longtemps... sur internet. Bah, la météo n'est pas au top et Diego ne se sent pas l'ascension et moi je ne partirai pas dans cette aventure toute seule...j'essaie donc de faire mon deuil de ce 6 000m. On décide d'aller voir la laguna Quilotoa, la route est splendide avec ces montagne cette verdure, ces coulées de lave anciennes, ces petits villages typiques et toujours ces habitants aux habits si colorés. Le cratère de la laguna est immense, une marche mène au bord de l'eau dans le cratère avec 800m de dénivelé à cette altitude, nous sommes épuisés par la remontée! Les locaux assez malins proposent bien entendu des mules pour remonter mais pour 20 dollars...! Le lendemain Diego repars, de mon coté, je dois avancer vers le Sud, direction Banos. Banos est au pied du volcan Tungurahua, encore en activité. En1998 une activité sismique soutenue et la mort d’un grimpeur australien et de son guide en 1999 firent passer le niveau d’alerte à jaune puis à rouge. Les deux semaines suivantes le Tungurahua rejeta des cendres et des gaz sur une colonne de plusieurs kilomètres de haut. Le 17 Octobre 1999 les autorités ordonnèrent l’évacuation des 20.000 habitants de Baños et des villages avoisinants. Son activité éruptive a repris le 28 mai 2010...rien de rassurant! Banos est également réputée pour la qualité de ses eaux thermales et des paysages qui l'entourent (nombreuses cascades). On y pratique la culture de la canne à sucre destinée à la fabrication d'alcool (canelazo). La melcocha, pâte à base de sirop de canne, est également une spécialité de la ville, on voit de partout des vendeurs de cette espèce de guimauve qui tend, tord et bat la pâte pour la rendre la plus élastique possible. Cette petit ville est vraiment charmante, très touristique. Ici, beaucoup d'agences proposent des tas d'activités, tours dans la jungle, tour des cascades, rafting, saut à l'élastique, vélos...mais le centre et l'atmosphère reste très typique et accueillante. Je passerai 3 jours très sympathiques ici, un jour pour profiter du carnaval, c'est le dernier jour des festivités et sans doute le pire! Résultat des courses, je me ferai mouiller au moins 3 fois de la tête aux pieds...les jeunes attendent aux fenêtres en étage un passant, derrière les portes pour nous prendre par surprise... et même si nous sommes moins en altitude ici, il fait vite froid, une fois trempée! Impossible de ne pas en rigoler tout de même. Le lendemain, j'ai réservé une journée pour aller dans la forêt amazonienne. Je tombe avec un groupe de garçons argentins bien délires, je passe une journée extra avec eux! Nous avons visité un sanctuaire de singes. Je me suis faite adopter par un petit macaque adorable qui ne voulait plus déloger sa tête de mon épaule. Nous avons fait de la pirogue au milieu des piranhas et soit disant des crocodiles, visiter un village d'une tribu amazonienne, fait une ballade dans la jungle. Le guide nous explique les vertus et effets des plantes endémiques. Une de celle-ci est très rare nous dit-il, il en garde une feuille dans sa poche et nous promet de tester son effet en rentrant. Nous nous baignons sous une cascade immense...nous sommes au paradis ici! Une fois rentrés au bus, le guide mélange la sève de la feuille à de l'eau et nous dépose quelques gouttes de cette mixture à chacun dans la paume de notre main. 1, 2, 3 ... et nous sommes sensés l'inspirer par le nez pour ressentir l'effet soit disant "stimulant"... A 3, nous, les deux filles, on hésite un peu (par le nez??? Euh bof...) et les garçons foncent.... Et regrettent très vite. L'effet est immédiat, ils sont complètement abasourdit par la douleur... c'est une sale blague de notre guide...cette sève est très forte et s'attaque au sinus...les gars n'en peuvent plus de cracher, se moucher, n'arrivent même plus à tenir debout. Mon dieu, heureusement que je n'ai rien tenté! Nous rentrons très tard à Banos. Nous essayons de dormir dans le bus malgré le froid. Je quitte la bande avec regret mais je commence à avoir l'habitude de quitter les gens que j'aime. Le lendemain je fais tranquillement le tour des cascades et finit cette belle journée par profiter des bains d'eau chaude en plein air. Je quitte à regret Banos...mais il faut rejoindre Lima bientôt! Direction Riobamba au pied du Chimborazo. J'arrive dans une ville bien plus grande! Je suis un peu déstabiliser par l'animation de cette grande ville, je me sens perdue. L'adresse que j'ai noté correspond à un pauvre hôtel local, pas très accueillant! Pas un touriste ne semble s'arrêter ici et je comprends pourquoi. Mais bon, ce n'est pas cher! Je déambule un peu triste dans les rues en repensant au plaisir de se balader à Banos. Ici, il y a plus de fast food et de vendeurs de CD que de vendeurs de fruits et de sandwich à la figue...bah, je vais faire les boutiques. Je me lasse trop vite, il faut que je trouve le moyen d'aller voir le Chimborazo demain, le temps semble se dégager. J'ai même eu la chance de pouvoir voir le sommet du Tungurahua en quittant Banos dans le bus...magnifique volcan conique, gris recouvert de ses propres cendres. On voit tellement bien les coulées de lave...partant du cratère...j'essaie de m'imaginer les éruptions. Je scotche tellement sur ce volcan que ma voisine s'en étonne et commence à me regarder bizarrement comme si j'allais jeter des mauvais sorts sur le cône et le faire entrer en éruption... bizarre. Bref, je suis assez éprise des volcans et comme je n'ai pas pu apercevoir le Cotopaxi de Latacunga, impossible que je rate le Chimborazo, le sommet culmine en Equateur à 6 268m. On dit qu'il s'agit du sommet le "plus haut du monde" car c'est le plus éloigné du centre de la terre. Sa dernière éruption date de plus de dix mille ans. Il est considéré représenter un risque minime... ca rassure tout de même. Les glaciers du Chimborazo sont exploités par la population locale par les Hieleros. Leur métier consiste à recueillir la glace du glacier pour la vendre sur les marchés de Guaranda et Riobamba. Cette tradition est toujours présente et a fait l'objet de différents reportages notamment celui du national géographique. Les courageux Hieleros gravissent le volcan régulièrement jusqu'à 5 000m d'altitude (avec leur pauvre poncho) pour ramener d'énormes blocs de glace en ville pesant plus de 30 kg. Aujourd'hui, ils s'aident de mules pour redescendre les lourds blocs de glace qu'ils empaquètent dans de la paille pour éviter une fonte trop rapide. La glace s'arrache toujours comme des petits pains en ville malgré l'apparition des congélateurs depuis... car elle est toujours perçue comme ayant des bienfaits et vertus irremplaçable pour la santé. Je trouve un guide qui veut bien m'emmener (pour pas trop cher... mais avec une bonne heure de négociation) au refuge du Chimborazo. Je retrouve le lendemain un allemand qui partagera la voiture avec moi. Je fais un peu la traductrice car il ne parle pas l'espagnol. Le Chimborazo se découvre à nous très vite. Nous avons une chance inouïe et bénéficions d'une incroyable vue sur le sommet encore recouvert de son chapeau de nuage. Un long et plat nuage formé par les vents violents qui caressent le sommet, un drôle de nuage qui entoure le sommet telle une soucoupe volante, c'est absolument magnifique. Les vigognes sont là et posent pour la photo au pied du volcan, je suis aux anges devant un tel spectacle. Le bonheur! Le guide m'explique qu'une légende raconte que le voyageur ne pourra jamais voir la tête du Chimborazo s'il a vu précédemment celle du Cotopaxi et vice et versa...je comprends mieux pourquoi le Cotopaxi n'avait aucune envie de se découvrir... je me console aujourd'hui en découvrant le Chimborazo (une montagne plus qu'un volcan vue d'ici). Nous faisons les 1h30 de marche pour monter au deuxième refuge à 5 000m au pied des 1eres glaces du volcan. Le nuage est entrain de disparaitre petit à petit laissant seul le sommet enneigé devant nous. Nous restons là à discuter avec un colombien et à regarder ce beau spectacle. Nous rejoignons notre guide, il est à peine 12h, il nous reste toute l'après-midi, le guide nous invite à profiter d'une fête de village. Nous arrivons alors que la fête vient tout juste de démarrer. Un défilé avec toutes les tenues traditionnelles des communautés de la région a lieu et finit dans les arènes. La reine du Carnaval est là pour lancer des bouteilles de vin à la foule. L'ambiance est très festive! Le spectacle se finit par une corrida de village. Nous rentrons épuisés et affamés. Je n'ai plus de batterie tellement j'ai pris des photos. Cette journée était fantastique! Nous rentrons pour prendre une douche et aller au restaurant. Je ne vais pas rester plus longtemps à Riobamba, j'ai un bus demain après midi, le matin sera consacré à un marché aux bestiaux en périphérie, qui nous baigne totalement dans l'ambiance équatorienne. Sous les cris des cochons, veaux, agneaux et sous les couleurs des ponchos équatoriens, là encore je ne peux pas m'empêcher de prendre de nombreux clichés... mais nous sommes les seuls touristes et nous intriguons, pas facile de rester discrets. Nous finissons par le marché aux fruits et légumes toujours aussi coloré et magnifique. Je rentre épuisée pour porter mon sac devenu bien trop lourd et reprendre un bus pour Alausi, pour prendre le fameux train del Nariz del diablo. Le tronçon restant de cette ligne de chemin de fer équatorienne est celui qui a fait sa réputation comme la plus incroyable réalisation d’ingénierie ferroviaire de l’époque (1902). En effet, pour passer les montagnes de la région, les ouvriers ont dû tailler à même la roche une série d’épingles à cheveux sur laquelle le train peut circuler en avançant puis en rebroussant chemin pour passer les virages et les dénivelés impressionnants. Le train, longeant des ravins incroyables, semble toujours à la limite de tomber, cette impression est renforcée par la manière qu’à le train de progresser dans ces paysages : à chaque virage, les rails s’arrêtent, les aiguillages changent, le train recule, et avance à nouveau sur de nouveaux rails pour effectuer son virage et continuer sa descente. Au bout de 2h, on arrive à la Nariz del Diablo, ce mur de roche presque perpendiculaire que les hommes ont contourné en découpant un zigzag hors de la paroi. Cependant arrivée à la gare, la déception, nous avons le droit à une danse "typique" de la région, avec un ticket nous donnant droit à une boisson et un petit sandwich, on dirait une attraction à touriste comme on peut le faire au club Med... bref... on remonte dans le train pour faire le trajet dans le sens inverse. Personnellement, je suis déçue... il est loin le temps où on avait le droit de s'assoir avec les équatoriens sur le toit pour prendre des photos. Plus aucun équatorien ne monte à bord, vu le prix des tickets, ce n'est pas surprenant, et surtout plus rien n'est typique, le train a été refait à neuf, les rails aussi...ce qui explique le prix exorbitant du ticket... le spectacle à touristes à l'arrivée, le snack...le charme du train del Nariz del Diablo a complètement disparu... et c'est bien dommage! Je fais du stop pour rejoindre la panaméricaine qui se dirige à Cuenca et je monte à l'arrière d'une camionnette avec une grand-mère qui ne semble plus tenir sur ses jambes et se deux petits enfants. On me dépose au prochain village où je pourrais prendre le bus. La route est longue pour aller à Cuenca, longue mais belle. J'arrive dans la soirée, je négocie une place dans un backpack...très sympa mais plein, je partage une chambre avec un stagiaire cuisinier... Le lendemain, je visite tranquillement la ville. Cuenca est vraiment une ville agréable, à 2800 m, elle bénéficie d'un climat doux avec une architecture coloniale préservée qui lui a valu d'être classée dans le Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO. La ville est également connu pour ses chapeaux de Panama, très à la mode en ce moment, je craque pour un. Je me renseigne pour prendre un bus pour aller au Pérou. L'idée est de passer la frontière à Thumbes et de profiter de la plage à Mancora pour faire une halte avant de repartir pour Lima. Les bus sont disponibles et plutôt bien entretenus. Ca m'enlève une bonne épine du pied. Je fais le voyage de nuit poir arriver vers midi à Mancora au Pérou.