Le 27/07/15, 7:21
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Jour 111
Tout est vraiment incroyable au Japon, et surtout les japonais eux-mêmes. En dehors du fait qu’ils parlent rarement anglais, plusieurs facteurs socio-culturels font qu’ils adoptent une communication toute japonaise. Pour caricaturer un peu, un japonais vous sourit toujours beaucoup, vous écoute toujours beaucoup et patiemment ce qui est très agréable, semble vous comprendre toujours beaucoup mais en réalité vous comprend assez rarement ce qui ne change rien car il vous dira presque toujours oui même s’il n’a pas tout à fait compris ou en tout cas ne vous dira jamais non directement. Le principe le plus important pour lui, c’est de ne jamais perdre la face soi-même et de ne pas la faire perdre aux autres non plus tout en respectant la hiérarchie et le consensus du groupe. On peut tout à fait dire qu’il y a donc une grande hypocrisie dans les relations sociales, principalement liée à la notion de respect de l’autre, même si on n’en pense pas moins en réalité, et cette hypocrisie s’accompagne d’une lenteur extrême car les questions ne peuvent avoir de réponses simples et rapides au Japon. Ce qui constitue par ailleurs un frein énorme à l’innovation, peu d’initiatives étant possibles ou même encouragées dans un cadre aussi rigide.
Il est aussi bon d’avoir en tête quand on parle du Japon que ce pays compte environ 130 M d’habitants pour 377 000 km2 contre 66 M d’habitants en France pour 640 000 km2, ce qui en fait le pays avec la plus forte densité de population au monde. Ce qui explique par exemple l’importance crruciale de l’espace et donc les conflits territoriaux avec l’ennemi héréditaire chinois, mais aussi la petite taille des logements ou les parkings à empilement . C’est aussi le pays avec la population la plus vieillissante compte tenu de son taux de natalité très faible, de son espérance de vie très forte et d’une immigration inexistante (on parle d’une perte de 35% de sa population d’ici 2050 si rien ne change... un débat a commencé sur l’ouverture du pays a plus d’immigration mais cela a peu de chance d’aboutir). C’est enfin en grande partie parce que le Japon est une île qu’il a réussi à maintenir ainsi une identité culturelle incomparable en se préservant des influences de l’extérieur (ou plutôt en ne prenant que ce qu’ils veulent de l’extérieur) et c’est ce qui fait son charme pour des voyageurs comme nous même si on sent bien que la tradition est mise à rude épreuve au contact de la modernité et que le Japon va devoir s’ouvrir plus vers le monde s’il veut réussir à marier identité et prospérité.
Pour en revenir à nos moutons et notre voyage au Japon justement, Jana se portant mieux et, malgré la pluie, nous sommes partis visiter Kyoto ce matin avec Julian, un guide français amoureux du Japon.
Mais qui donc est ce petit gnome étrange vêtu d’une combinaison orange ?
Jana ! arborant avec fierté son joli K-way orange,
et maniant désormais le parapluie avec dextérité (enfin un peu avec mon aide quand même).
Nous avons commencé par une première visite au Nijo castle, construit en être 1601 et 1626, qui fut le château des shoguns Tokugawa lors de leurs visites à la capitale de l'époque : Kyoto. Les photos sont interdites à l’intérieur comme dans beaucoup de monuments japonais. De toute façon, les pièces sont souvent vides car elles étaient complètement reconfigurées en fonction du besoin, du moment et de l’interlocuteur. Quant à l’esthétique des lieux, elle n’est pas chargée car l’expériences guerres destructrices a conduit les maîtres japonais à ne plus accorder d’importance qu’à ce qui dure dans le temps... on fait simple et on voit comment le temps agit dessus. Dans le château, plus on s’approche des appartements du shogun, plus cela signifie que l'on est considéré comme un invité de confiance et plus les pièces gagnent en raffinement pour le symboliser.
Au final, nous avons pris surtout des photos des beaux jardins du palais sous la pluie, d'inspiration zen, typiquement japonais avec leurs petites îles en forme de tortues.
Ensuite direction le district de Gion, érigé au Moyen Âge à côté du sanctuaire de Yasaka dont j’ai déjà parlé. Le district a été construit pour servir de halte aux voyageurs et visiteurs du sanctuaire. Il a par la suite évolué pour devenir une zone prisée et connue pour ses geishas. Malgré le déclin considérable du nombre de geishas à Gion ce dernier siècle (Il n’en reste plus que 200 vs 1000 auparavant), le district reste célèbre pour son architecture et ses divertissements traditionnels. Il a souvent été dit que Gion était connu pour son attrait sexuel, ce qui est faux. Les geishas ne sont pas des prostituées mais des artistes. Aini, les geiko de Gion Kōbu présentent leurs danses annuelles lors du Miyako Odori, « danses des cerisiers en fleurs » ou « danse de la vieille capitale »). Pour en savoir plus sur l’univers des geishas, lisez tout simplement le super livre d'arthur golden, "Geisha". Pour nous, c’était en tout cas assez captivant de marcher dans les jolies ruelles piétonnes et pavées de Gion, de passer devant de véritables maisons de geishas et même de croiser des vraies geishas en route vers leurs rendez-vous du soir (timing idéal 17h30-18h00 quand elles partent travailler, pas de photos maleureusement).
Maison de geishas éduquant 4 geishas apprentis ("Maiko"). On peut voir leurs plaques au nombre de 4 à l'entrée de la maison à gauche.
Jolie ruelle pavée de Gion
Maison de divertissement célèbre de Gion oo les geishas donnent parfois leurs rendez-vous. Cela n'est accesssible que si vous disposez de connexions.
Dernier théâtre de Kabuki de la ville... (le kabuki est la forme épique du théâtre japonais traditionnel)
Nous avons fini notre journée par une balade très romantique et très rafraichissante le long de la rivière Kamo, littéralement la « rivière aux canards », qui traverse la ville de Kyoto du nord au Sud.
On peut distinguer au loin la campagne japonaise et les montagnes qui entourent Kyoto.
Citation voyage du jour : "On se trompe sur le sens même de l'altérité. Cela crée des distorsions terribles. Bizarrement, plus le monde s'élargit et plus notre mental se rétrécit. Il est possible aujourd'hui d'avoir une vie en apparence cosmopolite, de voyager beaucoup et, au fond, de ne jamais sortir de son univers mental, de ne rencontrer que des gens avec lesquels on est déjà d'accord sur tout. » Marc Weitzmann