La capitale du Cambodge, c’est un peu la ville d’Asie tel qu’on l’a toujours imaginé avec toutes ses contradictions. Une ville qui bouge, qui grouille, avec des extrêmes de pauvreté et d’excès, un mélange entre charme et chaos, du bruit, de la crasse mais ce tout est un ensemble à la fois harmonieux et plaisant bizarrement. On trouve pas mal mais on préfère Bangkok !
La ville s’explore à pied ou en tuk-tuk, on visite le palais royal (qu’on n’aime pas ! Trop neuf, trop récent, trop surfait, il n’est pas laid mais comparé au palais royal de Bangkok, il frôle le ridicule !), on fait aussi un tour au musée national, lui très joli, tout en bois recouvert d’une peinture protectrice rouge. Un vieux bâtiment aux allures d’un palais royal d’ailleurs.
Mais la visite de Pnomh Penh consistera surtout à s’imposer les killing fields de Choeung Ek, l’un des camps d’extermination du régime de Pol Pot. C’est la partie moins rigolote du blog mais il sert aussi à renseigner sur de potentielles horreurs qui ont eu lieu au Cambodge (eh oui, y’a pas qu’en Europe !).
Je choisis donc de parler en détails de l’atrocité dont l’homme est capable. Une leçon de vie, une prise de conscience, peu importe.
Ne pas lire la fin du post si sensibles il y a !
Pol Pot est un jeune cambodgien qui a envie de grandes choses pour son pays notamment de purifier le Cambodge de tous ces gens qui ne correspondent pas à sa vision du cambodgien type à savoir l’homme qui travaille durement la terre. Il instaure, à partir de l’année 1975, un régime de terreur, le régime des Khmers rouge, inspiré notamment de la politique menée par son voisin chinois, Mao Zedong. Après avoir pris Phnom Penh et l’avoir littéralement vidée, il fait fermer les écoles, hôpitaux, commissariats et autres institutions de l’état. Il monte une armée puissante et efficace, sans pitié. Toute trace d’intellect (porter des lunettes, avoir les mains soignées, exercer des professions types enseignant, avocat, chercheur) est assimilé à un danger pour son régime voire à une marque de rébellion et conduit automatiquement à l’arrestation des personnes concernées.
Démarre alors le concept de camps d’extermination qu’il met en place rapidement. C’est, selon Pol Pot, l’année 0, l’année du recommencement. Des champs immenses où de gros cratères seront creusés pour y enterrer les corps après les avoir torturés puis tués, d’une façon il faut le dire franchement ignoble. Tout type d’armes était utilisé (mais peu d’armes à feu, car trop cher et pas assez douloureux, les soldats prévoyaient plutôt des marteaux, des barres de fer, des couteaux et sabres, le viol était bien évidemment une étape obligatoire pour les femmes, bref... j’en passe mais on peut imaginer assez facilement au vu des crânes retrouvés), les enfants et bébés des détenus étaient assassinés sous les yeux de leurs parents avant qu’eux-mêmes soit tués... Imaginez cela se déroulant dans le cadre suivant : la nuit, des chants patriotiques à vous glacer le sang, des pleurs, des supplications, des gardes, assassins sans pitié. Les détenus attendaient sagement en ligne, un par un, témoin des massacres qui se déroulaient sous leurs yeux et réalisant ce qu’ils allaient subir à leur tour.
Les gens étaient incités à dénoncer leurs familles, leurs amis, à signer de fausses déclarations conduisant à toujours plus de massacres. IMPENSABLE mais pourtant bien vrai.
Ce qui est très marquant quand on visite le camp de Choeung Ek (17 000 cambodgiens tués dans ce camp), c’est qu’on réalise ce côté véritablement dégueulasse de Pol Pot et de ses fidèles. Quand bien même le génocide juif a été l’un des plus terribles de l’histoire, il faut prendre conscience que le génocide cambodgien était tout aussi cruel, et au-delà du dispositif de persécution politique, c’était une cruauté pleinement vécue et appréciée de ses tortionnaires.
La visite dure trois heures (il faut les tenir), on entend des témoignages (d’anciens gardes mais aussi de rares survivants), on aperçoit des os dans le sol, des dents, qui remontent chaque année et que les employés se chargent de récupérer et de stocker pour tenter de ne pas trop heurter le public, nous !
Quel lieu, quelle émotion, et quelle rage on ressent quand on sort de cet endroit, quand on réalise de quoi l’humain est capable. C’était il y a 40 ans seulement, 40 ans. Le plus triste est que l’on n’apprend même pas de nos erreurs/horreurs passées et que ce genre de choses se produit encore et continuera d’avoir lieu partout dans le monde. On a envie de crier, de pleurer et encore plus quand on rencontre des cambodgiens de 40 – 50 ans qui ont survécu, qui sont adorables et qui ont des sourires qu’on ne mérite même pas.
Pour la blague – happy ending ?
Pol Pot a été renversé en 1979 – en 4 ans, il a exterminé plus de 3 millions de cambodgiens (sur 8 millions au total), a fui aux Etats Unis où il a été membre des Nations Unies (quand même, oui oui !) puis finalement (ouf !) jugé pour crime contre l’humanité plusieurs années plus tard et a été condamné...... Roulement de tambour..... « Assigné à résidence à vie » (waooouuu, c’est dur, pour toutes les horreurs qu’il a commise, ça valait presque le coup de buter tout le monde à ce stade!). Et ce M. Pol Pot, on l’a quand même laissé vivre et mourir gentiment dans son lit jusqu’à ses 82 ans. Alors oui c’est une ordure, mais notre monde ne tourne sérieusement pas rond et j’inclus nos dirigeants actuels qui, aujourd’hui, pour des histoires de fric, de pouvoir et d‘influence laissent ce genre d’individus en vie.
Sujet de réflexion ?