blog de transibetcaetera

18 au 21 janvier, Chengdu, région du Sichuan,

Suivant les conseils de notre fidèle Lonely Planet, nous décidons d'aller escalader une petite montagne aux environs de Chengdu, apparemment c'est joli et on peut dormir dans un des temples taoistes qui parsèment la montagne en question pour voir le coucher et le lever du soleil.

- 11h, on arrive au pied de la montagne ( le temps de prendre un train, un bus, de répéter une quinzaine de fois aux gens où nous voulions aller : Quingchen Shan, eux ils comprennent pas, puis ils finissent par dire Ahh Quiingg Cheeen Shaaan, et par nous montrer la direction). Enfin bref on arrive, et là, horreur : c'est plein de neige, les chinois ont l'air trop contents, ils se lancent des boules de neige, ils courent dans tous les sens en criant plus que d'habitude, il parait qu'il neige jamais par ici dans le Sichuan. Nous ça fait 3000 km et plusieurs semaines qu'on essaie d'y échapper, peine perdue, la neige nous poursuit, s'il neige encore quand on arrive en Thailande j'appelle un exorciste.



- 13h, déjà notre 4ième temple taoïste dans cette ascension, après la Clarté Absolue, le Printemps Eternel, l'Harmonie Suprème, voilà la Pureté Céleste, on est presque arrivés.



- 15h : ça y est c'est le temple du Lonely Planet, on demande à un moine si on peut dormir, au début il comprend pas, puis il ouvre de grands yeux, puis il fait non avec les bras.



- 15h10 : On a une chambre et on commence à comprendre que le non avec les bras c'est juste qu'il n'y a pas de chauffage, mais comme il n'y a pas non plus de vitres aux fenêtres, ça parrait logique de pas mettre de chauffage. ( Ouverture de parenthèse religio-culturelle : la taoïsme c'est, entre autres choses, le culte de la "non intervention", donc s'il fait froid, on a froid ; tout ça se tient. Un de leurs célebres adages dit que si jamais on est un arbre, si on est beau, bien droit, fort, quelqu'un va venir nous découper en planches, alors que si on est un arbre maigrichon, un rien tordu, les gens nous laisseront tranquille, conclusion...)

- 16h : Une cloche sonne, ah c'est l'heure de la prière ? on est contentS on a jamais vu de prière taoïste, tous les moines se lèvent, lachent leurs conversations, leurs pipes et leurs tricots (oui c'est mixte le taoïsme) et se dirigent vers... la cuisine. Bon en fait c'est l'heure de la soupe, on se rassoit devant notre thé dehors, il fait froid, on a froid, on est en train de devenir très taoïstes.




- 17h, les 3 touristes chinois sont partis, pas bètes, nous on reste avec les moines qui ne prient toujours pas, les cuisines sont fermées, zut c'était le dernier repas tout à l'heure. On commence à manigancer un plan pour voler les pommes qui sont en offrande devant les ancêtres quand un moine nous trouve des nouilles chinoises, cool. Eux ils font des petits Bouddha de neige ( la frontière entre les religions taoïste bouddhique et confucianiste est assez ténue même dans les monastères)





- 17h30, On se prépare pour la nuit, la meilleure nouvelle de la journée c'est qu'on a des couvertures chauffantes : on en met une au dessus et une en dessous et en gardant nos habits et nos gants on a presque plus froid. Pas très taoïste tout ça.

- 18h, nous nous armons de Guerre et paix tome 2 et attendons de pied ferme le lendemain matin. Le soleil s'est couché mais à cause des nuages on a pas bien vu, tant pis, on est taoïste, on fait avec.

Conclusion : Je soupconne les auteurs du Lonely Planet de voyager en été.

Après les steppes mongoles, nous franchissons un nouvel espace temps pour atterrir dans l'empire du milieu, ou plutot l'empire au milieu d'un communisme de facade (bon le portrait de Mao orne toujours l'entrée de la citée interdite, son cadavre embaumé se visite toujours, la place Tian An Men est toujours entourée de drapeaux rouges). Alors que tout autour n'est que capitalisme tapageur voire tape à l'oeil.







En tout cas, nous dans tous ça, nous avons considérablement élargi notre répertoire gastronomique : on a retrouvé nos copains de Mongolie qui avaient partagé nos traumatismes papillaires, le colon de cheval n'est plus qu'un lointain souvenir, nous sommes passés à des mets bien plus élaboré : Vincent fait dans le ver et les insectes, moi j'ai une petite préférence pour le serpent.





Ce séjour à Beijing aurait été parfait, Grande Muraille et Cité Interdite comprise, si ce n'est le trajet de train qui nous a amené ce matin à notre deuxième destination chinoise : Xi an. Une chose nous avait échappé, dans 2 semaines c'est le nouvel an chinois, et tout le monde rentre chez soi pour manger du canard laqué avec sa famille, et ça c'est terrible. J'en viendrais presque à regretter les grèves de la SNCF : la SNCF au moins, quand les trains sont pleins, elle arrète de vendre des tickets en disant ; "les trains sont pleins", ou alors elle en rajoute des trains, enfin je sais pas mais en tout cas elle ne fait pas passer aux gens 15h en position assis-bout entre deux rangées de siége. (une position que nous avons bien étudié cette nuit où on est ni assis, ni debout, mais souvent dérangés par les gens qui veulent passer pour aller chercher de l'eau chaude pour leur nouilles et qui ferait mieux de s'abstenir parce que la difficulté des 20 metres du trajet vaut le coup de se poser la question de plutot mourir de faim, et qu'en plus après ils auront envie d'aller aux toilettes ce qui leur fera un deuxième horrible trajet, sans parler de l'odeur pestilencielle des toilettes d'un wagon de 150 personnes (mais prévu pour 40), et sans parler du fait que nous devrons nous lever une 246ième fois pour les laisser passer sans nous marcher dessus). Claustrophobes, s'abstenir !






Ceci dit, à part moi tout le monde s'en accomode avec une bonne humeur incompréhensible . Bon les petits francais on va les s'assoir sur le sac du militaire, une demi place sur la banquette pour la mamie, toi tu mets ta tete sur mon épaule, pousse un peu tes pieds, c'est bon ? Que personne ne bouge, on va tous essayer de dormir. Happy New Year chinois.



Pour d'évidents problémes de narration je, sous entendu vincent, me choisis une police pour mes interventions.

Un drame capillaire a eu lieu a Beijing. Bien conscient du risque d'aller chez un coiffeur chinois je précise avec force démonstration la longueur désirée. Quel mal m'avait pris ! Ma charmante coiffeuse respecte à la lettre mes instructions, puis, brutalement me tond copieusement la tempe droite à environ 5 mn, ce qui semble le standard chinois et ne peut préter à discussion. Mon regard affolé n'y a rien changé il a bien fallu égaliser. Marie explose de rire à chaque fois que j'oublie de mettre un bonnet. Cela me vaut par contre les accointances de la junte militaire chinoise qui m a étonnament traité avec la plus grande déférence pendant tout notre trajet en train.

Du 3 au 7 janvier , terelj mongolie , - 25

- 10-11h : lever, on s'extrait péniblement de nos sacs de couchage, on s'habille pas vu que c'est déjà fait depuis 3 jours, thé

- lever + 30 min : le temps de faire bouillir un quart de cheval surgelé dehors et c'est l'heure du petit déjeuner, qui veut du colon de cheval avec un peu de lait chaud salé ? nous bien sur ! thé




- 12-13h : les chevaux ont aussi pris leur petit déjeuner, les chèvres sont parties chercher un peu d'herbe sous la neige, c'est parti pour un petit tour sur nos petits chevaux. Thé






- 15h, ALERTE on a presque plus de bois, une tasse de thé peut être ?



- 16h30, comme on n'a plus d'eau pour le thé, il faut aller en chercher, bah oui ça vient pas tout seul, vous croyez peut être qu'il y a des robinets dans une yourte ? et pour en trouver il faut aller à la rivière, et pour ça il faut 1) un cheval 2) une charrette sur laquelle on peut attacher des bidons 3) des garçons plein d'avenir 4) un trou dans la glace 5) ne pas tomber dans le dit-trou. Après on peut reprendre un thé





- 18h : après tous ces thés il faut faire pipi, vous croyez peut être qu'il y a des toilettes dans une yourte ? Là une variante entre la ville et la campagne : en ville un trou et deux planches entres lesquelles chacun peut admirer les prouesses du précédent sous formes de sculptures de taille et de forme variées qui glacent quasi instantanément ; en campagne : nous avons un chien qui pourrait être appelé chasse d'eau.

- 19h : on compte les bougies, vous croyez peut être qu'il y a l'éléctricité dans une yourte ? bah oui quelques fois quand il y a eu suffisamment de soleil dans la journée pour alimenter le panneau solaire, notre unique ampoule tient 1 ou 2 heures, soit 2 ou 3 parties de cartes. Thé




- 19h : 3ième repas à base de mouton ou cheval de la journée, thé

- 20h : Checking pour la nuit : réserve de bois OK, allumettes à disposition OK, lampe frontale OK, duvet OK, barrière de sac à dos anti courant d'air OK, pull+jean+chaussettes OK, manquant : oreillers, matelas, intimité.




- 0h le feu s'éteint

- 0h30, je me réveille, trop froid, je me demande dans combien de temps quelqu'un de plus courageux que moi va se réveiller aussi pour rallumer le feu, je me rendors

- 1h, Vincent ou Erwanig le breton va rallumer le feu , charl l'australien qui dort tout habillé bonnet compris, dans son duvet n'a pas la capacité de mouvement pour une telle opération.

- 3h, 2ième réveil, j'essaie d'échapper aux escarres qui nous menacent par terre, après mure réflexion j'en profite pour remettre du bois dans le feu

- 6h, quelqu'un rallume le feu pour la troisième fois.

Et pendant ce temps, l'odeur de mouton bouilli continue son lent travail d'invasion de chaque fibre de nos vètements.

- 30 décembre 2010 au 2 janvier 2011 :

Nous n'avons pas écrit depuis un moment mais ne nous en tenez pas rigueur, nous avons une excellente raison : nous sommes en plein moyen age. Le passage de la frontière Russie Mongolie fait le même effet qu'une fucking machine à remonter le temps, comme diraient nos comparses anglais et australien avec qui nous avons partagé ces derniers jours.
Au programme , couch surfing de yourte dans un petit bidonville bien placé prés du centre d'oulan bator . Adieu confort et intimité , vive la chévre bouillie .





Coincé entre la mére , en habit traditionnel et la grand mére en train de fabriquer des bottes , le nez dans notre bol de lait de jument semi-fermenté ; nous avons la forte impression d'etre entré dans une carte postale de mongolie. La télé qui hurle un clip de rap mongol nous ramène enfin a la réalité. Marie complétement en panique essaye par tous les moyen de me refiler son lait fermenté . Elle ne sait pas encore qu'on nous en servira d'office 6 fois par jour.

BONNE ANNEE , BONNE SANTE , Ca fait maintenant 5 jours qu'on s'est pas lavé !




- Premier de l'an à thème chamanique : Aprés une petite fete dans la ger avecla famille, on file avec Kishig et 2 couch surfer récupérés au passage vers une soirée en plein air , cool non ! Il fait - 35 , danser devient plus un question de survie que de plaisir. On file au lit à 1 h pour se lever 2 h plus tard : 4h de route cahotique plus tard nous arrivons au milieu d'une steppe sur une petite montagne sacrée pour y attendre le premier lever du soleil, en notre compagnie des chamans, des jeteurs de lait, des chevaux, un train qui s'arrète pour l'occasion, un australien dont le manteau prend feu dans un brasero géant ( ma chapka aussi se consume un peu).




Le soleil se léve tout le monde tend les bras vers le ciel. C'est bon il parait qu'on est chargé en énergie positive pour une année entière. Nous on a pas dormi, on est un peu halluciné et quelque part , dans un sombre recoin de notre vaillant coeur d'explorateur, on voudrait bien prendre une douche .

Bah pour la douche on repassera , Le temps de récupérer Ben un anglais , rencontré a Irkoutsk et on part en virée a la campagne.