Le 14/11/11, 6:44
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Ce lundi ouvre une semaine de travail semblable à tant d’autres, ponctuée de temps à autres de quelques évènements. Lundi, c’est Aurelio qui est mis à l’honneur. A l’occasion de ses 65 ans, nous allons tous manger dans son restaurant préféré situé sur les hauteurs de la ville. Il semblerait qu’il compte bien célébrer cet anniversaire à la péruvienne, c’est-à-dire « comme s’il s’agissait du dernier jour de sa vie » (de l’expression du propre intéressé). Autant dire qu’on ne va pas beaucoup travailler cet après-midi. Les tournées de Cusqueña s’enchainent. A plus d’une reprise, je tente de passer mon tour mais c’est peine perdue. Tout comme il est vain de chercher à échapper aux questions indiscrètes d’Aurelio et des autres membres fondateurs de l’ONG qui manifestent aujourd’hui un intérêt particulier pour notre vie privée à Erland et à moi. Ils n’y vont pas par quatre chemins et les questions sont parfois à la limite de la crûdeur. Je ne m’attendais pas à une telle conversation avec ceux que j’appelle désormais « mis viejitos », mes petits vieux.
L’évènement phare du mardi n’est autre que la rencontre en football Equateur-Pérou qui s’avère décevante et se solde, qui plus est, par une défaite du Pérou.
Mercredi, Erland et moi allons sur le terrain pour faire les repérages préliminaires d’un futur circuit VTT ainsi que la « convocatoria », soit le rappel à tous les participants à notre programme de formation de la date et de l’endroit du prochain cours. C’est assez fastidieux de se prêter à cet exercice chaque semaine, mais c’est la seule manière d’assurer une assistance plus ou moins satisfaisante aux classes. A cette occasion, Erland me laisse pour la toute première fois le volant du 4X4. Cela fait environ cinq mois que je n’ai plus conduit et le monstre doit faire environ 3 fois ma petite Renault Clio. Autant dire que je ne suis pas trop à l’aise. Mais je ne m’en sors pas si mal même si ma conduite pourrait être plus eco-friendly. A me voir manœuvrer le véhicule, David, l’un de nos bénéficiaires, fait des yeux ronds comme des billes. Apparemment, les blagues et préjugés sur la conduite au féminin ne semblent pas avoir épargné le Pérou. Ici, on dit “mujer al volante... es como darle pistolas a un mono” (laisser le volant à une femme c’est comme donner un fusil à un singe).
L’après-midi est consacrée à la visite de nos malades à l’hôpital car ce début de semaine porte également son lot de mauvaises nouvelles. Juan s’est blessé la cheville lundi et Rosa, qui devait être prochainement opérée au foie, a finalement été hospitalisée d’urgence car elle ne pouvait plus supporter la douleur de ses crises. Tous deux se trouvent dans le même hôpital, à deux pas de la place Tupac Amaru. Apparemment, l’établissement est l’un des mieux réputés de la ville. La chambre où est alité Juan n’a rien à envier aux chambres d’hôpitaux en Belgique. Mais Rosita, elle, n’a pas eu la même chance que notre gardien de nuit. Faute de lit en suffisance, cela fait plus d’un jour qu’elle attend aux urgences. Et là, le décor est tout autre. Une dizaine de patients, hommes et femmes, s’entassent dans une même salle. Certains sont relativement peu vêtus et cela empeste. Moi qui ne suis pas une grande habituée des hôpitaux, je suis quelque peu choquée par cette vision qui, pour moi, s’approche du chaos.