Le 01/10/11, 5:58
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Sur le chemin qui nous mène ce matin à la communauté de Mahuaypampa, j’écoute avec attention la conversation entre Indira et Erland qui échangent leurs points de vue sur les croyances traditionnelles. Ils parlent d’esprits, de phénomènes paranormaux. Tous deux semblent avoir expérimenté, à un moment ou un autre, des apparitions inexplicables et étranges. Et cela leur semble tout à fait normal. Pour ma part, je n’ai jamais connu ce genre de situation. Je ne peux donc que m’interroger sur le lien entre, d’une part, la culture ou le système de croyances et, d’autre part, le monde des esprits. Seraient-ce les croyances d’Indira et d’Erland qui leur font interpréter tout phénomène naturel sortant du commun comme la manifestation d’un esprit qui n’existerait pas en définitive? Ou serait-ce ma culture qui m’empêcherait d’avoir fait jusqu’à présent l’expérience de la présence d'âmes errantes qui est bien réelle et dont je suis incapable de déceler les signes ? Le débat est ouvert...
Lorsque nous arrivons à destination, Robinson, notre seul participant dans la localité, est uniquement accompagné de l’époux de la présidente de la communauté. Il n’est pas parvenu à faire se déplacer cette dernière. Pour Indira, c’est un problème car, selon elle, à deux, ils vont probablement manquer d’imagination quant à la façon dont le projet pourrait améliorer leurs conditions de vie. Mais je suis plus optimiste. Je pense que, dans ces conditions, nous ne rencontrerons pas le même problème qu'à Misminay et que nous pourrons plus facilement capter les aspirations de Robinson. Mais il est encore un tout jeune homme. Comme l’avait prévu Indira, les idées émanent surtout de l’adulte qui l’accompagne. Mais celui-ci s’éclipse assez vite. C’est maintenant à Robinson de jouer pour définir comment on pourrait mettre en œuvre les objectifs établis par son aîné. Au final, le fruit de cette collaboration est de plutôt bonne qualité.
Le samedi est un jour un peu spécial à Mahuaypampa. C'est le moment où les femmes du village se réunissent pour tisser. A la fin de notre atelier, Robinson nous emmène donc dans leur « antre ». D’immenses métiers à tisser sont installés de toutes parts, c’est impressionnant. Et c’est surtout autre chose que la petite démonstration à laquelle nous avions eu droit à Misminay. Mais je n’ai pas l’impression que notre intrusion soit très appréciée. Lorsqu’Erland tente d’expliquer qui nous sommes et ce que nous faisons, les dames semblent montrer une certaine méfiance. Mais, au fil de la conversation, elles baissent un peu la garde et finissent même par accepter que nous prenions quelques photos de leurs « œuvres ». Nous n’allons évidemment pas laisser filer cette occasion de faire de superbes clichés. Enfin surtout dans le cas d'Erland car je suis nulle en photographie. Personnellement, ce qui me fascine le plus chez ces dames reste leur tenue : leurs multiples jupons superposés les eux sur les autres accompagnés de jambières en laine épaisse, leur chapeau-haut qui souvent semble tenir sur leur tête en dépit des lois de la gravité...
Nous sommes sur le point de partir lorsqu’on nous propose un peu de mote. Refuser serait un affront que nous ne pouvons pas nous permettre. Mais le mote n’est que l’entrée, il sera également accompagné d’un plat de résistance auquel il faut évidemment faire honneur. C’est cela l’hospitalité péruvienne, on accueille tout le monde à sa table, même les intrus.
Sur le chemin du retour, Goyo m’explique que tout n’est pourtant pas si rose qu’il n’y parait. Il y avait en compagnie des villageoises une dame qui travaille avec elles et leur permet d’écouler leur production via le site Internet de son ONG. Or, selon les informations de Goyo, sous le couvert de cette ONG, il semblerait que la dame aie surtout constitué une entreprise plus que rentable qui profite de la naïveté des artisanes et ne les rétribue pas de façon équitable.