Le 14/09/11, 3:33
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Quand le réveil sonne, je me dis que cela doit être une erreur. J’ai l’impression que je me suis couchée il y a cinq minutes à peine. Et pourtant il est déjà 8h30, telle est la dure réalité. Il me reste trente minutes pour m’habiller, faire mon sac et me rendre à la gare routière. Ce n’est pas gagné.
Je ne sais pas si c’est dû au manque de sommeil ou si je suis encore sous les effets de l’alcool mais j’ai un peu de mal à ne pas zigzaguer dans la rue. J’ai mal à la tête et à l’estomac. A présent, je déteste la téquila. Je profite du trajet pour rassembler mes souvenirs un peu embrumés. Un détail me revient : le copain que Salim m’a présenté la veille. Dans un premier temps, Salim se garde bien de me dire que la personne en question est dealer mais le sujet était finalement arrivé sur la table. Le discours de Salim était « Oui, il vend de la drogue et alors ? Ce mec m’a pris sous son aile dès que je suis arrivé ici et ne m’a jamais trahi. C’est le meilleur ami que j’ai à Cusco ». Jusqu’à présent, je n’avais jamais été confrontée au monde de la drogue. Les dealers ne m’abordent jamais dans la rue. Je ne dois pas avoir le look... Je ne m'en plains pas. Si l’argument de Salim a sa logique, je ne peux m’empêcher de penser à ce que m’avaient dit respectivement Lucho et Manuel quelques jours auparavant : « Je suis complètement anti-drogue, la drogue a fait bien trop de mal à mon pays », « la pire chose qu’il puisse arriver à un étranger au Pérou est de se faire surprendre par la police en compagnie d’un vendeur de drogue ». Au final, le mec n’était pas du tout causant et je me suis contentée de lui faire la bise. Mais maintenant, j’ai une bonne raison pour garder mes distances...
Lorsqu’Erland me voit arriver, il n’a pas besoin de grandes explications. Ma tête en dit long. Je passe tout le trajet de Cusco à Urubamba à dormir. L’occasion est trop belle, Erland en profite pour prendre quelques photos de moi assez peu flatteuses...
A Urubamba, c’est au tour de Goyo de se payer ma tête. Mais je suis trop mal pour prêter attention à ses blagues. Nous prenons un nouveau bus en direction de Calca. Génial, je vais pouvoir dormir encore un peu... Mais une fois le bus arrivé, les choses sérieuses commencent. Il va falloir se mettre en selle. Heureusement, le parcours que nous testons aujourd’hui est beaucoup moins ardu que celui de la veille. Nous longeons la rivière Urubamba durant une petite vingtaine de kilomètres. Comme cette fois j’ai tout mon équipement de pluie à disposition, il fait évidemment un temps radieux. Le parcours est vraiment sympathique. Nous traversons quelques charmants petits villages. Par moments, nous longeons des canaux d’irrigation (c’est parfois un peu périlleux lorsqu’il n’y qu’un sentier de 50 cm entre deux canaux). Si ce n’était ma gueule de bois et le fait que mon popotin trouve ma selle un peu trop dure, je me croirais vraiment en vacances. Enfin, il y a encore un petit détail que me gâche quelque peu mon plaisir. Aujourd’hui, les garçons trouvent hilarant le fait de parler avec une voix hyper aigüe. Après un quart d’heure, cela commence vraiment à me taper sur les nerfs. Mais l’expérience de notre dernière randonnée à Maras me fait penser que je vais probablement devoir prendre mon mal en patience. J’envisage de leur apprendre quelques mots et expressions en français. Leçon 1 : les blagues les meilleures sont les plus courtes...
L’expédition se termine vers 15h. Cette séance de sport m’a permis de récupérer un peu même si je ne suis tout de même pas au mieux de ma forme. Après un passage éclair à l’Ecocat pour prendre quelques photos, nous décidons d’aller manger. Les garçons sont affamés mais mon estomac à moi est encore un peu mal en point. Il faut traverser toute la ville, mais Erland vient de crever un pneu. Il va falloir se taper à pied le trajet de 2 à 3 km. Quelle guigne.
C’est à ce moment que je reçois l’appel de Joël. Il a passé une bonne soirée hier et me propose de remettre cela. En tête à tête... Je commence à me fatiguer de mon succès ici... Je lui propose de le rappeler quand je serai de retour et qu’on avise à ce moment.
Le restaurant où nous emmène Goyo est une bonne adresse. Je commande des spaghettis et m’attend à recevoir comme à chaque fois une minuscule assiette de pâtes. Quel n’est pas mon étonnement lorsque l’on me sert une énorme plâtrée de tagliatelles dont finalement je laisserai la moitié.
Il est l’heure de reprendre le chemin du retour. Malheureusement le bus qui se rend directement à Cusco n’est pas équipé pour transporter des vélos. Il va falloir prendre celui qui passe par Calca. Cela rallonge considérablement notre trajet et en plus le terminal de ce bus à Cusco est très éloigné du centre. Nous arrivons en ville vers 20h. Le temps d’aider Erland à mettre tous les vélos dans un taxi et de rentrer à pied, il est presque 21 heures lorsque je rentre à Sta Ana. Je suis morte et n’ai qu’une seule envie : me mettre au lit. Tant pis pour Joël... La fiesta ce soir, ce sera sans moi.