Le 30/08/11, 19:10
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Aujourd’hui est un jour férié, la fête de Santa Rosa de Lima. C’est un jour de repos pour tous y compris les policiers. Pour l’occasion, ce sont donc les scouts qui assurent la circulation en ville. Je ne peux m’empêcher de me demander ce que ce genre de choses donnerait en Belgique. A l’époque où j’étais scoute à Bastogne, nous laisser aux rênes de la circulation urbaine... Bonjour le massacre... Bref, c’est un jour de repos mais pas tout à fait pour tous. Nous, nous bossons.
Aujourd’hui, nous nous rendons à Maras pour une séance de révision des diagnostics que nous avons déjà établis dans les diverses communautés bénéficiaires. Moi qui m’attendais à une journée tranquille, je me suis trompée car il y a du boulot. Pendant qu’el Arquitecto Samuel révise les inventaires déjà effectués, Indira travaille avec les habitants de Mullacas-Misminay sur le cas de leur propre communauté. J’assiste à la révision des données recueillies sur Villa del Carmen. El Arquitecto en profite pour me donner une petite version personnelle de l’histoire péruvienne. Cela est très intéressant et éclaire particulièrement ma lanterne.
La plupart des communautés présentent un schéma d’évolution assez similaire. Au temps des colonies, les paysans cultivaient pour la couronne espagnole et recevaient en échange de leur labeur à peine de quoi subsister. L’injustice de cette situation atteignait son paroxysme avec un système d’impôts en argent auquel devaient se soumettre les indigènes. Après l’indépendance du pays, le système évolua pour prendre la forme d’un tissu de grandes haciendas au sein desquelles étaient concentrées toutes les terres. Les communautés travaillaient pour de grands propriétaires terriens qui avaient presque tous les droits sur elles. Les années 1970 marquèrent un incroyable tournant dans l'histoire.Le gouvernement révolutionnaire militaire de Juan Velasco Alvarado redistribua à la population les terres des haciendas. Mais, ce gouvernement qui était avant tout une dictature de gauche échoua dans la détermination d’un nouveau modèle de développement communautaire performant.
Beaucoup de communautés furent minées par deux phénomènes concomitants qui auront pour conséquence l’actuelle situation de pauvreté extrême et de fort exode rural. De fait, pour pouvoir écouler leurs produits sur le marché, les communautés avaient besoin d’un vecteur qui prit la forme des coopératives. Souvent corrompues, les coopératives feront en général plus de mal que de bien aux populations locales (augmentation de la pauvreté, baisse du niveau de vie, expulsion de certains membres privés de leurs terres). A ce premier phénomène, s’ajoutèrent les effets néfastes de la révolution verte qui après avoir offert de premiers résultats très prometteurs s’avéra n’être qu’un leurre. Après dix ans d’utilisation massive de pesticides et fertilisants chimiques, les sols devinrent de moins en moins fertiles. Il devint de plus en plus difficile de vivre de l’agriculture.