Petit bonhomme de chemin

Jour 59

Le 29/08/11, 17:51

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A six heures du matin, je suis sur le pied de guerre. Erland m’a prévenue la veille qu’on allait parcourir ce lundi toute notre route d’une seule traite de Tica Tica à Maras. Je ne suis pas certaine d’être à la hauteur. Il y a environ 30 km et je ne crois jamais avoir marché une telle distance. En plus, depuis la randonnée en compagnie de jack, Erland n’arrête pas de dire à tout le monde que je marche super bien. Je préférerais qu’il s’abstienne, cela me fout la pression. Bref, je ne sais pas trop ce que cela va donner mais une chose est sûre, nous sommes sur le départ.

Nous quittons Tica Tica avec une heure de retard car nous devons attendre Goyo. Cela commence déjà bien. Beatriz et Erland en profitent pour prendre leur petit déjeuner le long de la route. Nous nous mettons en route vers 7h00. Le rythme est clairement plus soutenu que lorsque nous étions venus marcher avec Jack. Je me rends compte à quel point Erland est plus rapide que moi. Mais à part lui, je suis mes compagnons de marche sans trop de difficultés. Je suis juste un peu plus lente dans les côtes. Sonia m’avait dit que les peuples andins ont un demi litre de sang en plus que la moyenne des êtres humains et que, pour cela, ils sont moins affectés par l’altitude. A plusieurs reprises, je me dis que je me ferais bien faire une petite perfusion...

Nous parcourrons en un peu plus de 3h30 ce qu’il nous avait fallu 5h à marcher avec Jack. Jusque-là, tout va bien. Nous nous perdons quelque peu à hauteur des andenerías de Koricancha. Les garçons sont partis explorer un chemin de leur côté alors que Beatriz et moi sommes restées en retrait. Nous n’avons pas compris que nous devions rejoindre Erland et Gpyo à Koricancha. Alors nous attendons dix, vingt minutes en vain. Lorsque nous finissons par appeler Erland pour savoir où il est, il est visiblement fâché que nous lui ayons fait perdre du temps. Beatriz et moi laissons passez l’orage. Je suis heureuse qu’elle soit des nôtres et renforce les rangs féminins. Les garçons passent leur temps à se pousser dans le fossé, à jouer avec des pierres, etc. C’est drôle 5 minutes mais toute une journée, ce genre de petits jeux me gonflent vraiment.

Je ne suis pas mécontente d’atteindre CruzPata 2h30 plus tard. Les premiers signes de fatigue commencent à se faire sentir. Le repas est vite expédié. Nous repartons trente minutes plus tard. Même si nous laissons dernière nous la partie la plus escarpée, la pampa qui nous attend ne sera peut-être pas plus abordable. Sur ces grandes étendues planes balayées par le vent, le soleil est un adversaire de taille qu’il ne faut pas sous-estimer. D’ailleurs, histoire de ne pas se déshydrater nous faisons un petit arrêt à Mawaypampa pour une petite chicha.

De toutes les communautés bénéficiaires de notre projet, il semble que Mawaypampa soit celle qui soit le moins confrontée au tourisme. Les commentaires que j’entends sur mon passage le prouvent. Et d’ailleurs, lors de notre petite halte, alors que seuls les garçons veulent commander une chicha, on nous en apporte une troisième. Celle-ci est servie non pas dans un gobelet en plastique mais dans un verre et est offerte par la maison. Il est clair qu’elle est pour moi. Je m’en serai bien passé car ce n’est pas trop mon habitude de mélanger effort et alcool. Mais je me vois mal refuser le verre que j’accepte, comme le veut la coutume, à deux mains et en versant par terre quelques gouttes du breuvage pour faire le « pago » à la Pachamama.

Il nous reste environ une heure de marche jusqu’à Maras. Et je suis soulagée de voir apparaitre au loin les premières maisons de la capitale du district. Mais une fois arrivés à Maras, encore faut-il nous rendre à l’embranchement avec la route d’Urubamba, 4 km plus bas. Plus facile à dire qu’à faire, il n’y a aucun taxi pour nous emmener. Nous sommes assis sur un trottoir et attendons la bonne fortune. Heureusement, au moment où nous nous résignons à rassembler nos dernières forces pour prendre le chemin de l’embranchement à pied, une voiture fait enfin son apparition sur la petite place du village. Il s’agit d’un ami de Goyo. Nous ne sommes pas les seuls à le guetter et pour nous assurer une place dans son taxi, nous piquons un sprint jusqu’à lui. Comme si mes jambes n’en avaient pas assez enduré comme ça aujourd’hui... Nous parvenons à nous faire une place à bord mais l’ami de Goyo n’est pas du genre à laisser des clients sur le trottoir. Nous nous entassons finalement à neuf dans son break. Heureusement que le trajet est de courte durée.

A l’embranchement, nous trouvons assez rapidement un bus pour nous ramener à Cusco. Nous sommes tellement fatigués que nous somnolons pendant tout le trajet. Mais le réveil est dur. Après avoir laissé nos muscles se refroidir pendant plus d’une heure, le simple fait de se lever de sa banquette est un supplice. Dans cet état, je ne suis plus bonne à rien faire pour le reste de la journée. Je n’attends qu’une chose, retrouver mon lit.
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[ Voir les photos : Pérou - Cusco ]

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