Camille et Pierre en voyage

Chichicastenango. C'est une petite ville guatemalteque de 60 000 habitants connue principalement pour ses marches traditionnels les jeudis et dimanches. Ces jours la, tous les communautes des montagnes voisines viennent vendre leurs marchandises sur la place centrale.
Un peu moins connu (a tort), les ferias de Chichicastenango se deroulent tous les ans les 21, 22 et 23 decembre. Nous y etions et nous etions probablement seulement une dizaine d'occidentaux parmis les descendants des peuples mayas. La taille moyenne des locaux etant de peniblement 1m50, on se sentait parfois Guliver au pays des Lilputs. Les rues sont bondees et les groupes de danseurs et de musiciens sont colles les uns contre les autres.






Cette proximite entraine une petite competition a celui qui poussera le son le plus fort, un peu difficile a la longue!
En se promenant un peu, on arrive vers la fete forraine, assez rigolote. Camille a joue le pin a la roulette locale (les nombres sont remplaces par des symboles), sans succes.





On se promene toujours, ambiance de marche, la specialite locale est le poulet fris. Il a fait beaucoup de mal a Camille d'ailleurs.




Mias bon, la vraie passion, ce sont les petards et feux d'artifices. Les marches de l'eglise sont d'ailleurs presque inaccessibles, entierement recouvertes de petards (exploses ou pas).




Importante aussi (meme si les petards semblent prendre le dessus), la religion est la. Un melange de religion catholique et de croyances mayas transforment les saints en dieux a part entiere. Ils sont pries, recoivent des offrandes (meme des sacrifices de poulets) et sont tenus pour responsables de la realisation de la priere. Les statues de saints sont d'ailleurs dans des vitrines en verre pour eviter que des prieurs decus ne leurs cassent un doigt, les retournent contre le mur ou carrement les sortent de l'eglise pour leur enterrer la tete comme ca arrivait regulierement avant cette protection.





Les 3 saints fetes pendant les ferias (Sebastian, Tomas et Jose) sont tous les trois devant l'entree principale de l'eglise pendant les 3 jours. L'apres midi du dernier jour, une procession se forme pour ramener les 3 statues dans leurs foyers du reste de l'annee. Portees par des gens completement ivres, les saints sont un peu secoues, il attrapent quelques fils electriques, mais la procession se passe et le dernier saint est ramene pres de 3h apres le depart de l'eglise.










La soiree se termine par la reunion des petards et de la religion, une sorte de resume de la journee

Feliz Navidad y Merry Christmas!



Camila y Pedro

Il coulait encore il y a seulement 4 ans au cours de 4 mois d'emeutes dans la ville de Oaxaca, emeutes conclues par l'intervention violente et meurtriere de 10 000 militaires le 25 novembre 2006.

Cette revolte avait commence par un mouvement des professeurs d'ecole vite rejoints par presque toute la population locale excedee par le gouverneur du Parti Revolutionnaire corrompu. C'est tout de meme inattendu une revolte contre le Parti Revolutionnaire, non? Il vient d'ailleurs de perdre la gouvernance de l'etat apres 80 ans de regne sans partage. Il laisse la place a une coalition generale qui va de la gauche moderee a l'eglise catholique (et oui, dans cette ville de paradoxes par excellence, la revolution, fond rouge de la vie quotidienne, n'empeche pas les eglises de se remplir plusieurs fois par jour). Est ce le point final de cette revolte? Peut etre. Ceci dit, comme apres la revolution de 1910, il n'est pas sur que la situation sociale s'en trouve vraiment changee. Les promesses du nouveau gouverneur sont floues et l'acte fondateur de sa prise de pouvoir est... la construction d'une patinoire en plein air! Quand on sait que le foyer d'enfants de Coco n'a pas un peso de subvention, ca surprend.

Mais Oaxaca n'est pas une ville qui se laisse faire. Des milliers de manifestants mettaient en garde le nouveau gouverneur le jour meme de sa prise de pouvoir, il y a une semaine. Ils le surveillent:


Et d'ailleurs, si le message n'etait pas clair, la revolution est partout, vivante, concrete, utopiste et realiste a la fois. Elle est dans la musique, dans les discussions, dans les bars mais surtout sur les murs. Un petit extrait:

Zapata, sous toutes ses formes:




photo de photo malheureusement, elle n'est pas de nous:


et puis un peu de tout:










Si la gauche trotskiste francaise peut paraitre desuete et hors de toute realite, ici, les quelques 400 villages traditionnels et communautaires autour de Oaxaca sont la pour montrer qu'un autre fonctionnement est possible, au moins localement.

El pueblo, unido, jamas sera vencido! On y est!
http://www.youtube.com/watch?v=fvlgM70tBGc

Pierre le rouge