Camille et Pierre en voyage

Il coulait encore il y a seulement 4 ans au cours de 4 mois d'emeutes dans la ville de Oaxaca, emeutes conclues par l'intervention violente et meurtriere de 10 000 militaires le 25 novembre 2006.

Cette revolte avait commence par un mouvement des professeurs d'ecole vite rejoints par presque toute la population locale excedee par le gouverneur du Parti Revolutionnaire corrompu. C'est tout de meme inattendu une revolte contre le Parti Revolutionnaire, non? Il vient d'ailleurs de perdre la gouvernance de l'etat apres 80 ans de regne sans partage. Il laisse la place a une coalition generale qui va de la gauche moderee a l'eglise catholique (et oui, dans cette ville de paradoxes par excellence, la revolution, fond rouge de la vie quotidienne, n'empeche pas les eglises de se remplir plusieurs fois par jour). Est ce le point final de cette revolte? Peut etre. Ceci dit, comme apres la revolution de 1910, il n'est pas sur que la situation sociale s'en trouve vraiment changee. Les promesses du nouveau gouverneur sont floues et l'acte fondateur de sa prise de pouvoir est... la construction d'une patinoire en plein air! Quand on sait que le foyer d'enfants de Coco n'a pas un peso de subvention, ca surprend.

Mais Oaxaca n'est pas une ville qui se laisse faire. Des milliers de manifestants mettaient en garde le nouveau gouverneur le jour meme de sa prise de pouvoir, il y a une semaine. Ils le surveillent:


Et d'ailleurs, si le message n'etait pas clair, la revolution est partout, vivante, concrete, utopiste et realiste a la fois. Elle est dans la musique, dans les discussions, dans les bars mais surtout sur les murs. Un petit extrait:

Zapata, sous toutes ses formes:




photo de photo malheureusement, elle n'est pas de nous:


et puis un peu de tout:










Si la gauche trotskiste francaise peut paraitre desuete et hors de toute realite, ici, les quelques 400 villages traditionnels et communautaires autour de Oaxaca sont la pour montrer qu'un autre fonctionnement est possible, au moins localement.

El pueblo, unido, jamas sera vencido! On y est!
http://www.youtube.com/watch?v=fvlgM70tBGc

Pierre le rouge

30 enfants entre 3 semaines et 12 ans dans une seule piece, ca fait du bruit c’est ce que nous avons choisi de faire le soir a Oaxaca.



“Elle est morte ta mere?” m’a demande Martin le premier jour. Car ici, soit les meres sont decedees, soit ce sont des prostitues. C’est le pari que Coco a releve: “sauver ces enfants ” . Ces enfants vivaient la nuit et connaissaient la poubelle comme garde manger ...



Coco, une femme forte de 60 ans aux traits zapoteques, a monte cette association toute seule. Femme un peu trop forte pour nous, tellement qu’elle nous a aussi mis a la baguette...
Si cela nous a paru tres difficile au debut, chacun a su trouver son role maintenant. Car cette petite association nous laisse libre champs sur notre facon de nous occuper des enfants. On recoit juste de temps en temps un bebe en pleurs dans les bras...




Pierre est devenu l’expert des dinosaures et des crocodiles en pate a modeler.
Après avoir change des couches (surtout Camille), nous avons ete promus et maintenant, juste avant le repas nous faisons un petit cours de Francais ou sur les avions (plutot Pierre pour les avions ... )




Une autonomie au sein du groupe ... c’est impressionnant comment ces enfants s’autogerent. Les petits jouent tout seul ou avec les autres de leur age et bien sur, comme dans les familles nombreuses, les grands gerent completement les petits. On a quand meme ressenti a notre arrivee un grand manque d’affection et de reconnaissance des enfants. Certains te tombent dans les bras des le debut, d’autres cherchent le conflit, d’autres t’ingnorent. Chaque personnalite ressort.


Cette association est totalement privee. Il est possible d’aider de loin en donnant de loin afin de subvenir aux premieres necessities: couches et riz au lait (tous les soirs).
www.hijodelaluna.com






pour ceux (ou celle) qui trouvent que l’ambiance du mexique ne ressort pas dans ce blog un petit cadeau:
http://www.youtube.com/watch?v=_Gsp7z-9zso

Oaxaca, Oaxaca...

Pas de nouvelles depuis presque trois semaines sur ce blog. Ce n'est pas tant que nous n'avons rien fait, mais nous sommes a Oaxaca depuis 3 semaines et un petit quotidien bien agreable s'est installe. En tout cas, merci pour les reponses aux messages, ca fait plaisir.
Voila donc quelques nouvelles de Camille et Pierre.
D'abord, pour commencer quelques photos de marche a cote de Oaxaca le week end dernier:





Nous sommes installes dans une petite auberge familiale dans le centre ville. Nous occupons la chambre 4, il y en a 6.


La plupart des occupants restent au moins une semaine, ca permet de partager un peu avec des gens interessants. Il y a un couple qui voyagent en camion/bus qu'ils ont peint et qui font le tour du Mexique avec leur fils de 2 ans. Elle est americaine, lui est venezuelien. Le bus:

Il y a aussi un quebecois qui fait une these sur les le partage communautaire des exploitations forrestieres entre les indigenes. Puis un photographe mexicain et la famille qui tient l'auberge qui vit sur place. Tous nous entrainent dans de longues discussion en espagnol.
L'espagnol donc. Nous avons pris des cours tous les matins depuis 2 semaines. Camille faisait de la concordance des temps avec l'imparfait du subjonctif et Pierre parlait du temps (il fait beau).
Le soir, nous partons a Hijos de la Luna. Une sorte d'orphelinat, lui aussi familial, Camille ecrira un post sur l'association tres vite (et oui, meme en me cachant derriere des nous tres impersonnels, c'est bien moi, Pierre, qui ecrit!)
Mais passons a la deuxieme partie de ce post, ce week end. Pour menager la surprise, je n'ai pas dit que Constantina, une etudiante mexicaine originaire d'un petit village a cote de Oaxaca travaillait a l'auberge. Elle appartient a une communaute pre hispanique a 2 heures et demi de bus dans les montagnes. Elle nous a invite la semaine derniere a venir y passer le week end et nous avons accepte. Nous sommes donc parti avec elle a bord d'un bus tout terrain qui se retrouve sur une piste au bout de 5 minutes. Piste de 40km en montagne, 2h30 de rodeo debout dans un bus archi bonde, nous arrivons enfin au village, 2800m d'altitude, il fait frais. Nous sommes accueillis comme des princes. Nous donnons fromages et chapulines (sauterelles grilles au piment) que Constantina nous avait conseilles d'acheter. Nous mangeons tout tout de suite avec plaisir.
Soiree dans la maison/ranch dans les hauteurs. Il fait vraiment froid, mais c'est tres sympa, ils parlent tous espagnol et ca nous arrange bien parce que le mixteco n'est pas tres accecible. Le lendemain, Camille puis Pierre s'essaillent a la preparation de tortillas (sur le feu) sans grand succes. Retour au village. Pierre joue au basket avec les jeunes et profitent de ses 50cm de plus pour gagner, Camille discute.
Nous passons la soiree pres du feu avec la mere et la grand mere de Constantina. Pas de lumiere dans cette maison, juste la lumiere du feu. Nous sommes emus par la beaute des visages. La grand mere ne parle presque pas espagnol et nous ecoutons le mixteco. Quelques photos:
le ranch:

pour Julie, message de Camille: c'est toujours aussi bon:

nos tortillas ne sont pas sur la photos:






Nous repartons le lendemain par le seul bus de la journee... a 4h du matin.

Un mot de plus sur ce village. Comme 80% des villages autour de Oaxaca, c'est un village qui fonctionne de maniere traditionnelle, communautariste. Les terres n'appartiennent a personne et sont reparties entre les familles pour que chacun soit auto suffisant. Les decisions sont prises par les reunions qui regroupent les parents de toutes les familles (hommes et femmes). Il y a un chef logistique mais les decisions restent aux membres de la reunion. L'ecole est accessible a tous dans le village, il y a un internat gratuit pour tous les enfants qui habitent a plus de 1h de marche de l'ecole, un hopital gratuit et un magasin communautaire. On n'est pas loin d'une sorte d'eldorado communiste. Les gens y semblent heureux et se sont battus contre une reforme du gouvernement mexicain qui les aurait autorises a vendre leurs terres. Ca marche depuis des centaines d'annees, on y comprend mieux la gauche revolutionaire d'Amerique Latine. Ca pourrait sembler anecdotique, mais ca represente la moitie du territoire mexicain!
Voila pour ce village et pour ce post. Un ou deux prochains tres vite.
A bientot!

Ce Dimanche a 16:30 etait l'ouverture de la temporada du Mexique.... L'arene etait pleine, 40000 personnes.


On recupere un billet pour 60 pesos ( environ 4euros) et on se retrouve tout en haut cote soleil. Le soleil s'eclispe au 3eme taureau pour laisser la place aux spots.
L'habit de lumiere rayonne et des ombres se dessinent sur le sable, c'est assez magique mettant les arene dans un milieu festif.
Alors la corona coule a flot pour quelques pesos et Jo la praline est remplace par de la peau porc au citron vert... un delice!

Si la Faena est bonne pas de musique mais des sifflement un peu comme le loup de TEX AVERY quand il siffle la pin up. Soulignant le cote sexy du toreador que je n'avait jamais vu. L'habit parait d'un coup plus sexy!

Comme 6 taureaux De San Jose n'ont point comble l'assistance et les toreadors, "Zotoluco" lors du dernier taurreau leve la main. On regarde alors le president qui se leve et fait un oui de la tete. Incomprehension totale de notre part. Et la voisine me dit que le torreador a demande un autre taureau pour que l'audience reparte contente.
Puis 2 min apres " El payo" fait de meme... il aurra donc eu une corrida a 8 taurreaux et 3 oreilles sur les 2 dernier.Je vous laisse imaginer le nombre de taureaux suplementaires qu'il y aurait a Mont de Marsan.

Andre Breton, ami de Diego Rivera et Frida Kahlo, disait du Mexique que c'etait le pays surrealiste par excellence. Transition avec le post precedent de toute beaute, on se la pete un peu, mais en fait, c'est du copier coller de notre guide (ou plutot celui de Charles qu'on lui a subtilise).
Bref, nous sommes alle dans l'endroit surrealiste par excellence, une ile dans les canaux de Xochimilco au sud de Mexico. On se deplace la bas en Trajinera, sorte de gondole locale:



Et on finit par arriver sur l'ile des poupees ou un artiste un peu fou a recupere toutes les poupees qu'il a pu dans les canaux et les a installees la pour apaiser l'ame d'une petite fille morte noyee dans le canal, un peu flippant comme endroit:

ou plutot Frida et Diego tant la renomee de Frida Kahlo a depassee celle de Diego Rivera. Si on compte en nombre de livres et de cartes postales en vente, elle l'emporte a 100 contre 1! Difficile de manquer le couple mexicain qui a marque le Mexique et le monde pendant la premiere moitie du 20eme siecle.
De retour a Mexico DF pour 4 jours de visite, nous avons entre autre visite le ministere de l'education nationale, ou nous avons suivi un groupe d'etudiants qui entraient. On s'est rendu compte en sortant que il etait interdit d'entrer... c'est vrai qu'on etait tranquille pour admirer les 120 fresques de Diego Rivera. Une des peintures les plus connues de Diego Rivera (au cas ou) c'est la porteuse d'aromes:



Mais il est surtout tres engage politiquement. Il est le principal artisant de l'arrivee de Trotski au Mexique. Frida et lui l'accueilleront d'ailleurs lors des 2 premieres annees dans la maison bleue, maison de Frida ou a vecu le couple pendant toutes leurs tumultueuses annees communes. Revenons au ministere de l'education. Les 120 fresques representent l'histoire du Mexique, mais aussi les corps de metier, la souffrance du peuple ouvrier et paysan et le sadisme des bourgeois. Le cote paradoxal et assez amusant est l'imagerie tres religieuse qu'il utilise. Je vous laisse apprecier:







et tout ca signe:


Amusant aussi de voire Frida dans ses fresques:


Le lendemain, visite de la maison bleue. Pas de photo autorisee a l'interieur, juste une volee par Camille de la chambre de Frida (mais pas dans ce post, c'est juste pourla ramener un peu), presente dans beaucoup de tableau. Nous partageons la joie de voir des originaux apres avoir vu tant de carte et de livres.
Difficile de ne pas etre impressione par la verite et l'honnetete des tableaux de Frida. Elle disait qu'elle peignait ce qu'elle voyait. Sa souffrance et sa force de vie nous sont projetes a la figure.







Puis apres une visite decevante de la maison de Trotski, nous sommes alles au musee Diego Rivera. Il ne s'agit pas de peinture mais de l'immense collection d'art prehispanique que Diego et Frida ont construite en plus de 20 ans. Le batiment a ete dessine par Diego Rivera, monument megalo avec, en plus de tous les Dieux pre hispaniques, quelques representations de lui, peu de Frida et pas mal de faucilles et de marteaux:






Voila un bout de notre experience Diego et Frida, nous, on a ete seduit.

Depuis plus de 2 mois, notre agenda n’avait qu’une date fixe, le 2 novembre, la fete des morts au Mexique. Apres beaucoup de recherches (Camille principalement), nous sommes alles dans l’etat de Vercaruz, a Naolinco.
Premiere impression un peu mitigee, la ville se prepare a priori pour une fete assez touristique. La fete tres traditionelle est en train de changer car elle attire de plus en plus de monde (presque uniquement des mexicains). Bon, pas grave, on est arrive assez tot et on va profiter des villages des alentours, on profite vraiment de la disponibilite des gens pour discuter et decouvrir. On en profite surtout cote Pierre pour se mettre a jour sur la fete des morts.
La tradition de Veracruz est que chaque famille prepare chez elle un “Altar” pour faire revenir les morts proches, il doit etre pret le 26 octobre. Et voila un Altar (de luxe):


Voila aussi notre version de l’Altar preparee dans notre chambre de motel. On etait assez fier!


A chacun ses priorites, nous a notre litron de vin bien au centre.

Pour faire vite, l'Altar doit guider les morts vers la maison. Il y a differents nombres d'etages selon les traditions (3 pour le monde des morts, celui des vivants et celui des dieux, 7 pour le nombre de niveaux dans le ciel, et 9 pour... probablement quelque chose de tres bien).
Chaque objet a son utilite, les bougies et l'encens doivent bruler toute la semaine pour eclairer le chemin du mort, la nourriture est supposee etre celle que le mort aimait, les cranes permettent de rire de la mort et la remener dans le quotidien, l'arche de verdure represente le passage de la vie a la mort. En tout cas, c'est ce qui nous a ete explique.

Et puis le jour des morts se rapproche et la ville se transforme avec l'apparition de squelettes partout. En voila pleins, ils nous ont plu:















A 20h, c'est au cimetiere que ca se passe. Le cimetiere a ete completement nettoye et chaque famille a repeint les tombes, l'impression est extraordinaire:




Dans le cimetiere, beaucoup de groupes se forment et chantent devant les tombes des chants traditionnels avant de partir en ville, faire la tournee des maisons et chanter pour faire venir les morts devant les altars.



Et la, moment magique, un groupe nous propose de nous joindre a eux. Nous voila donc dans les maisons en train de chanter, puis en remerciment, de boire vin et et de manger des tamales. Les tamales, c'est de la pate de mais avec un peu de viande et un peu de sauce tres piquante enroules dans une feuille de mais ou de banane (c'est pas mauvais, mais au bout de 8 chacun, on transpire un peu).
Mais chanter pendant des heures, ca finit par fatiguer. Le groupe a continue jusqu'a 5h du matin, pas nous!

Vive la fete des morts!

Une semaine a Atlanta, on y aurait a priori pas pense, mais pourquoi pas apres tout.
Entre notre avion le 25 et la fin de notre parcours appalachien, on avait donc une semaine pour retrouver la civilisation et se regonfler d'energie et de calories. Et ben le choc a ete assez violent. J'avais deja parle de notre passage au centre commercial des l'arrivee, et ben le reste de la ville est dans le style. Il y a des malls partout! La deprim n'aurait pas ete loin si on n'avait pas ete avec des gens cools.
D'abord 2 coach surfers (www.couchsurfing.com). Le concept pour les non connaisseurs (comme Pierre il n'y a pas si longtemps): on s'inscrit sur le site, on peut se porter volontaire pour recevoir ou rencontrer des gens en voyage dans sa ville. Du coup, on a dormi 2 nuits chez Andrew, un fan de rugby americain et 2 nuits chez Allyson qui est une architecte tres chouette, tres ecolo et tres fumeuse, plutot fines herbes que tabac.
Chez Andrew, on a creuse notre premiere citrouille (Camille l’oeil droit, Pierre le gauche)


Et puis on a retrouve les 2 New Yorkais Arnaud et Dorothee. 4 jours pour decouvrir la happiness locale (liquide avec Coca Cola marque dessus), les histoires toutes mignonnes sur les esclaves racontees par les blancs un peu nostalgiques et le quartier surprenant de Sweet Auburn. Un tres bon week end.
Un point noir, la mort de la spork de Pierre offerte par Julian, voila ce qu’il en reste, c’est triste:


Nous voila aujourd’hui a Mexico, recus comme des princes par Thomas, une autre post a venir dans pas longtemps.

Camille et Pierre

Bye bye USA...
Here we go! After the 527 miles (527.3 actually, always good to be precise), we reached Atlanta and we flew from there to Mexico on Monday.
A bit more than 3 years, it went fast. The transition between the trail and Mexico is not that difficult though, it was way more strange to leave Cincinnati for the trail.
Hopefully, we won’t hurt anyone by saying that Atlanta is not the most pedestrian and bus user friendly. We were amazed to see that it was easier to understand the Cincinnati transit maps than Atlanta’s. It’s a mess, nobody knows where the bus stops, where it goes and when. If you don’t have a smartphone, you’re screwed!
We ‘ve now been in Mexico for 2 days , surprisingly easier to find your way in that city. We’re staying in one of my brother’s friend apartment in one of the nicest place of the city, we are as comfortable as can be.
Stay tune for a post with the photos of our visit to Teotihuacan pyramids, simply amazing!