Le 29/04/10, 17:31
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Que d’aventures et d’émotions fortes depuis notre dernier post !
Partis de Dubrovnik, nous sommes arrivés à la frontière avec le Montenegro par une toute petite route au niveau d’un poste très peu usité. Nous sommes une aubaine pour le policier, qui se prend pour un sheriff à la frontière mexicaine -c’est vrai qu’il règne là une immobilité, dans le silence et la chaleur, toute cinématographique -, il joue donc son rôle à fond, nous fait mariner « I see with my chef if you go or if you back ». Le temps passe... Enfin, « You must enter, welcome » [sic].
Les fameuses montagnes noires tant elles sont vertes (avec ce qu’il pleut, y’a pas de mal) !
On adopte vite la coutume locale : le p’tit coup de klaxon en toutes circonstances.
La côte monténégrine présente toutes les caractéristiques d’une région en voie de développement : à côté de villages médiévaux (Perast, Kotor, que nous visitons), c’est un gigantesque chantier où rien n’est finalisé ; les infrastructures sont balbutiantes ; les deux modes de fonctionnement, « ancestral » et « moderne » se côtoient. Ce développement, récent et rapide, se fait sans prise en compte de l’esthétique ni de l’environnement. D’un point de vue touristique, c’est plutôt décevant. L’arrière pays doit être beaucoup plus sympa, nous en avons un tout petit aperçu en roulant vers l’Albanie par les routes de campagne : vaste prairie ponctuée de minuscules bleds aux échoppes improbables, animaux de la ferme au bord de la route : à partir de là et pour quelques jours, nous sommes dans une « autre Europe ». La population est musulmane, la deuxième langue sur les panneaux n’est plus en cyrillique mais albanaise : le frontière n’est pas loin...
Nous entrons en Albanie par le Nord, à côté de Shkoder, grosse ville que nous évitons. Première surprise : roulent sur la route toutes sortes de véhicules, vieilles mobylettes, innombrables Mercedes affichant 250 000 kms ( au moins...) au compteur, camions et charrettes à cheval, d’où des vitesses fort différentes. A cela s’ajoutent le grand nombre de piétons et surtout l’inénarrable conduite albanaise : dépassement à l’aveugle, insertion forcée, arrêts inopinés. On est dans le bain direct! Pas étonnant qu'il y ait tant de casses au bord de la route... Deuxième surprise : on imaginait l’Albanie sèche et rocailleuse (allez savoir pourquoi), et c’est une immense plaine verdoyante et agricole que nous avons sous les yeux ! On s’installe pour 2 nuits dans la cambrousse, à côté de Bushat Barbellush. Ici les paysans travaillent à la faux, au râteau et à la charrette à âne ou à cheval.
Les familles ont quelques vaches et poules. Chez les commerçants, les balances sont romaines. Les chemins sont jalonnés de décharges. Nous, heureux, on se balade à vélo sous le soleil. Se succèdent sous nos yeux des scènes qui nous ébahissent, nous font sourire, nous émeuvent. Les marchands comme les paysans sont avenants et cordiaux, et entament souvent le dialogue. Malheureusement, la communication est totalement impossible, à notre grande honte.
Anecdote – Aurélie achète des légumes : elle voudrait 2 concombres, les montre au monsieur, qui lui dit « Bla bla bla one bla bla ? », à quoi elle répond « No, two ». Et la voilà avec 2 KILOS de concombres sur les bras !
Le compte à rebours ayant commencé (nous devons être le 5 mai à Athènes), nous changeons nos plans, et décidons de rejoindre plus rapidement la Grèce, en passant par la Macédoine. Cap à l’Ouest donc, vers le lac d’Ohrid, où existe l’un des seuls campings d’Albanie. Longue route à travers la plaine vers Tirana, au cours de laquelle nous faisons provision d’images. Après Elbasan, c’est la montagne à perte de vue, très belle mais la conduite est extrêmement éprouvante : la route n’est pas toujours goudronnée, partout défoncée, les virages très très serrés et la conduite albanaise toujours aussi dangereuse. Tout proche du but, au bord du lac, une erreur de copilotage (oui, oui... le copilote a fait son mea culpa) nous fourvoie dans la rue quasi-piétonne d’un tout petit village de pêcheurs, Lin. Nous manquons arracher un toit, puis c’est le cul-de-sac.
Une foule d’enfants, tout excités par le camping-car, et quelques femmes, nous accueillent. Fort sympathiques et volubiles, elles nous parlent, nous parlent... on ne comprend rien. On finit par s’entendre sur « No problem, no problem » : on peut passer la nuit là. S’ensuit alors un hallucinatoire tourbillon de trois heures : d’innombrables enfants nous interpellent, veulent jouer avec Théo, le papouillent et le bisoutent, visitent le camping-car, nous apportent leur manuel de français... Des adultes passent, nous « racontent » des choses... Quand cela cesse, à l’heure du repas, nous sommes heureux mais é-pui-sés.
Pendant la nuit, nous sommes réveillés par le bruit de quelqu’un qui essaie de rentrer dans le camping-car. Coup de stress! Puis plus rien. Alex veille jusqu’à l’aube. Mais au matin, ... nos vélos ont été volés. Consternation. Déception. Muni de l’imagier de Théo pour se faire comprendre, Alex part immédiatement en direction de l’école, où on sait que sont deux garçons adorables, avec qui nous avons passé beaucoup de temps la veille, en qui nous avons toute confiance. De plus, le professeur parle français. Tout cela devrait faciliter les choses. Quelqu’un a sans doute entendu parler du vol des vélos, ou sait quoi faire pour qu’ils réapparaissent. Alex a une multitude d’interlocuteurs - certains juste curieux, d’autres ont l’air plutôt sympas, d’autres encore font un peu peur-, ne comprend pas tout ce qui se passe. Une bonne heure plus tard, il est de retour au camping-car, un peu sonné. 30 secondes encore, et l’un des garçons déboule avec nos vélos... Nous n'en saurons pas plus, il ne veut rien dire.
Nous allons enfin partir, quand une dame insiste pour nous inviter à boire un café chez elle. Sa fille parle très bien anglais, et, ENFIN, nous pouvons partager avec une famille albanaise et découvrir son incroyable sens de l’hospitalité.
Nous quittons Lin, et l’Albanie, pleins de sentiments forts, l’esprit un peu brouillé, fatigués, avec le gros regret de ne pas y passer plus de temps, de ne pas découvrir le Sud. Nous reviendrons sûrement, mais, promis, la prochaine fois nous serons capables d’aligner deux phrases !
En Macédoine, un arrêt à Ohrid, qui compte de belles églises orthodoxes, puis nous arrivons à Bitola, au Sud. Nous nous offrons une nuit dans l’hôtel de luxe du centre-ville, qui a le double avantage de jouir d’un parking gardé pour le camping-car et d’une piscine, dans laquelle nous plongeons aussi sec. Waouh, ça fait du bien, Théo est aux anges. Une chose est sûre, nous avons vécu plusieurs vies en une seule journée !
4500 kms, 9 frontières : on est en Grèce !! On va pouvoir tranquillement récupérer.
Partis de Dubrovnik, nous sommes arrivés à la frontière avec le Montenegro par une toute petite route au niveau d’un poste très peu usité. Nous sommes une aubaine pour le policier, qui se prend pour un sheriff à la frontière mexicaine -c’est vrai qu’il règne là une immobilité, dans le silence et la chaleur, toute cinématographique -, il joue donc son rôle à fond, nous fait mariner « I see with my chef if you go or if you back ». Le temps passe... Enfin, « You must enter, welcome » [sic].
Les fameuses montagnes noires tant elles sont vertes (avec ce qu’il pleut, y’a pas de mal) !
On adopte vite la coutume locale : le p’tit coup de klaxon en toutes circonstances.
La côte monténégrine présente toutes les caractéristiques d’une région en voie de développement : à côté de villages médiévaux (Perast, Kotor, que nous visitons), c’est un gigantesque chantier où rien n’est finalisé ; les infrastructures sont balbutiantes ; les deux modes de fonctionnement, « ancestral » et « moderne » se côtoient. Ce développement, récent et rapide, se fait sans prise en compte de l’esthétique ni de l’environnement. D’un point de vue touristique, c’est plutôt décevant. L’arrière pays doit être beaucoup plus sympa, nous en avons un tout petit aperçu en roulant vers l’Albanie par les routes de campagne : vaste prairie ponctuée de minuscules bleds aux échoppes improbables, animaux de la ferme au bord de la route : à partir de là et pour quelques jours, nous sommes dans une « autre Europe ». La population est musulmane, la deuxième langue sur les panneaux n’est plus en cyrillique mais albanaise : le frontière n’est pas loin...
Nous entrons en Albanie par le Nord, à côté de Shkoder, grosse ville que nous évitons. Première surprise : roulent sur la route toutes sortes de véhicules, vieilles mobylettes, innombrables Mercedes affichant 250 000 kms ( au moins...) au compteur, camions et charrettes à cheval, d’où des vitesses fort différentes. A cela s’ajoutent le grand nombre de piétons et surtout l’inénarrable conduite albanaise : dépassement à l’aveugle, insertion forcée, arrêts inopinés. On est dans le bain direct! Pas étonnant qu'il y ait tant de casses au bord de la route... Deuxième surprise : on imaginait l’Albanie sèche et rocailleuse (allez savoir pourquoi), et c’est une immense plaine verdoyante et agricole que nous avons sous les yeux ! On s’installe pour 2 nuits dans la cambrousse, à côté de Bushat Barbellush. Ici les paysans travaillent à la faux, au râteau et à la charrette à âne ou à cheval.
Les familles ont quelques vaches et poules. Chez les commerçants, les balances sont romaines. Les chemins sont jalonnés de décharges. Nous, heureux, on se balade à vélo sous le soleil. Se succèdent sous nos yeux des scènes qui nous ébahissent, nous font sourire, nous émeuvent. Les marchands comme les paysans sont avenants et cordiaux, et entament souvent le dialogue. Malheureusement, la communication est totalement impossible, à notre grande honte.
Anecdote – Aurélie achète des légumes : elle voudrait 2 concombres, les montre au monsieur, qui lui dit « Bla bla bla one bla bla ? », à quoi elle répond « No, two ». Et la voilà avec 2 KILOS de concombres sur les bras !
Le compte à rebours ayant commencé (nous devons être le 5 mai à Athènes), nous changeons nos plans, et décidons de rejoindre plus rapidement la Grèce, en passant par la Macédoine. Cap à l’Ouest donc, vers le lac d’Ohrid, où existe l’un des seuls campings d’Albanie. Longue route à travers la plaine vers Tirana, au cours de laquelle nous faisons provision d’images. Après Elbasan, c’est la montagne à perte de vue, très belle mais la conduite est extrêmement éprouvante : la route n’est pas toujours goudronnée, partout défoncée, les virages très très serrés et la conduite albanaise toujours aussi dangereuse. Tout proche du but, au bord du lac, une erreur de copilotage (oui, oui... le copilote a fait son mea culpa) nous fourvoie dans la rue quasi-piétonne d’un tout petit village de pêcheurs, Lin. Nous manquons arracher un toit, puis c’est le cul-de-sac.
Une foule d’enfants, tout excités par le camping-car, et quelques femmes, nous accueillent. Fort sympathiques et volubiles, elles nous parlent, nous parlent... on ne comprend rien. On finit par s’entendre sur « No problem, no problem » : on peut passer la nuit là. S’ensuit alors un hallucinatoire tourbillon de trois heures : d’innombrables enfants nous interpellent, veulent jouer avec Théo, le papouillent et le bisoutent, visitent le camping-car, nous apportent leur manuel de français... Des adultes passent, nous « racontent » des choses... Quand cela cesse, à l’heure du repas, nous sommes heureux mais é-pui-sés.
Pendant la nuit, nous sommes réveillés par le bruit de quelqu’un qui essaie de rentrer dans le camping-car. Coup de stress! Puis plus rien. Alex veille jusqu’à l’aube. Mais au matin, ... nos vélos ont été volés. Consternation. Déception. Muni de l’imagier de Théo pour se faire comprendre, Alex part immédiatement en direction de l’école, où on sait que sont deux garçons adorables, avec qui nous avons passé beaucoup de temps la veille, en qui nous avons toute confiance. De plus, le professeur parle français. Tout cela devrait faciliter les choses. Quelqu’un a sans doute entendu parler du vol des vélos, ou sait quoi faire pour qu’ils réapparaissent. Alex a une multitude d’interlocuteurs - certains juste curieux, d’autres ont l’air plutôt sympas, d’autres encore font un peu peur-, ne comprend pas tout ce qui se passe. Une bonne heure plus tard, il est de retour au camping-car, un peu sonné. 30 secondes encore, et l’un des garçons déboule avec nos vélos... Nous n'en saurons pas plus, il ne veut rien dire.
Nous allons enfin partir, quand une dame insiste pour nous inviter à boire un café chez elle. Sa fille parle très bien anglais, et, ENFIN, nous pouvons partager avec une famille albanaise et découvrir son incroyable sens de l’hospitalité.
Nous quittons Lin, et l’Albanie, pleins de sentiments forts, l’esprit un peu brouillé, fatigués, avec le gros regret de ne pas y passer plus de temps, de ne pas découvrir le Sud. Nous reviendrons sûrement, mais, promis, la prochaine fois nous serons capables d’aligner deux phrases !
En Macédoine, un arrêt à Ohrid, qui compte de belles églises orthodoxes, puis nous arrivons à Bitola, au Sud. Nous nous offrons une nuit dans l’hôtel de luxe du centre-ville, qui a le double avantage de jouir d’un parking gardé pour le camping-car et d’une piscine, dans laquelle nous plongeons aussi sec. Waouh, ça fait du bien, Théo est aux anges. Une chose est sûre, nous avons vécu plusieurs vies en une seule journée !
4500 kms, 9 frontières : on est en Grèce !! On va pouvoir tranquillement récupérer.