blog de lenicebarbosa

La Havane

Le 06/07/10, 13:44

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Et oui, comme vous pouvez le remarquer, cette année, je change de page de blog, car la précédente est déjà complète. N’hésitez pas cependant à retourner relire nos aventures sur le lien suivant :

http://blog.ifrance.com/halicya



Qu’il est déjà loin le temps où nous habitions en Asie, à visiter ce magnifique continent en quête d’anecdotes et de belles images... déjà un an que nous étions dans le transsibérien à nous frigorifier les fesses dans la taïga enneigée, 11 mois que nous sommes partis de Seoul pour revenir à Paris. Finalement cette année n’aura été qu’une longue attente de l’échappée annuelle, et le départ en vacances un soulagement.



Conformément à nos habitudes prises en Corée du Sud, nous avons décidé de partir vers une destination atypique pour compléter le cercle des « démocraties » déjà visitée. En l’occurrence Cuba.



En ce qui me concerne, comme bon nombre de Sud Américains, je dois dire qu’avant même d’y aller, j’étais loin de considérer Cuba comme le plus mauvais exemple de régime politique. En effet, la bande de barbus au pouvoir n’a pas toujours pris que des décisions démocratiques, cependant il est difficile de ne pas voir ce que le régime a pu transformer dans la société cubaine. Il existe de profondes inégalités sociales qui sévissent dans mon pays (Brésil) et dans les pays voisins, et de voir certaines réalisations à Cuba me montre à quel point nos dirigeants du passé ont égoïstement dirigé nos pays pour une seule classe de personne. A Cuba, il n’existe pas vraiment de riches, même si depuis quelques années certaines familles bénéficient d’avantage de l’argent du tourisme par exemple. Mais il n’existe personne de vraiment pauvre aussi. Suite à la révolution castriste, les plus pauvres d’alors ont pu bénéficier du partage des logements des plus riches, le régime a également créé un système de sécurité sociale, et la pratique de la médecine sur l’île atteint un niveau très décent (le taux de mortalité est équivalent aux pays développés, taux de natalité maîtrisée), certains aliments sont rationnés. Ce nivelage a aussi ces contreparties : accès à la propriété privée limitée, salaire trop bas pour acheter les produits manufacturés...



Dans l’ensemble, tout cela a créé une aura autour de ce pays, qui dépasse de loin l’Amérique Latine, et je dois avouer que cet exemple a toujours été pour moi source de fantasme, certains dirons une vision un peu trop romantisée de la vérité. Il fallait vérifier, et je disais toujours à Fabien : « il faut aller là-bas tant que Castro est vivant, je veux voir ce qu’est Cuba ». Le rendez-vous avait été pris pour cette année.



1ière destination : La Havane



Cuba est plein de symboles. La Havane est le symbole de Cuba.



Il est clair que quand on arrive à la Havane, et que l’on voit les habitants vivre dans des grosses résidences coloniales, fumer le cigare, boire de grandes bouteilles de Rhum et conduire de grosses voitures américaines, on a du mal à s’imaginer une population qui vit modestement. Pourtant, selon le peu d’information que l’on a pu entendre, un enseignent perçoit autour de 40 Euros par mois (mais logement gratuit, santé gratuite et une partie du rationnement aussi – dont le pain, le lait...). Donc le symbole de cette vie « presque » luxueuse est fort dans le souvenir des Cubains. Un souvenir tenace dans lequel les années 50 ont un rôle clef. Ces années étaient en effet l’apogée du régime corrompu de Batista, qui avait fait la part belle aux riches étasuniens qui voulaient cacher l’argent issu de la contrebande pendant la prohibition. Ceux-ci venaient construire de grandes demeures, dépensaient beaucoup d’argent alors que la population vivaient beaucoup plus simplement. Les Havanais ont certainement pensé à l’époque que la révolution devraient permettre d’accéder à une vie confortable, avec comme modèle l’image qu’avaient légué leurs voisins des Etats-Unis. Depuis, ils ont certes accédé à beaucoup de choses auxquelles ils ne pouvaient prétendre avant, mais naïvement, ils rêvent encore de ce passé.



A la Havane, cela se traduit notamment par de nombreuses autos dans la ville (dont beaucoup de récents modèles – Citroën, Peugeot en tête). Pour moi cela a été une surprise car ayant visité des pays dans des situations de blocus comparable, je ne m’attendais pas à ça. Certes, les belles américaines ont la peau dure, mais le rêve de « démocratisation » de certains biens a fait de l’automobile le grand rêve de cette société. Tellement étonnant quand on sait qu’un litre vaut 1 Euro, qu’une vieille voiture consomme 10L au cent, et que la propriété dans ce domaine est très limitée (impossibilité d’acheter des voitures neuves pour les particuliers, véhicules d’occasion hors de prix) ! La solution, c’est de jouer au taxi. Tous les cubains sont chauffeurs de taxi pour rentabiliser leurs propres kilomètres, et la rue est pleine de voitures.



Passé ce premier choc, l’arrivée dans la Havane n’est pas trop spectaculaire, à peine le temps de voir qu’il n’y a pas de bidonville (au sens des favelas misérables que je connais de mon pays, sans eau et avec égout à ciel ouvert). Tendance qui sera confirmée lors des étapes suivantes. On vit donc modestement mais pas dans l’insalubrité, c’est bien. En fait, pour Fabien qui connaît un peu l’Amérique Latine, tout ici lui semble finalement assez proche de ce qu’il a pu voir au Brésil, mais en plus propre (les villes sont nettoyées – et cela même si les papiers vont plus souvent dans la rue que dans la poubelle – les jardins entretenus, les maisons peintes).



Pour le voyage, nous avons décidé de nous loger chez l’habitant, dans les casas particulares, sortes de chambres d’hôtes autorisées depuis quelques années seulement à Cuba. Cela permet aux habitants de gagner un peu (en réalité énormément) plus d’argent qu’avec leur salaire. Notre habitation à La Havane se situe dans le quartier du Vedado, « beau quartier » du nord de la ville, le long du Malecon (le quai qui longe la mer), avec de grands immeubles coloniaux et aussi des immeubles des années 50 aux grands appartements luxueux. Tout rappel que ce coin de La Havane était habité par de nombreux riches, et le standard « Américain » nous rappelle la provenance de ses anciens habitants.



Chez Umberto chez qui nous habitons, l’appartement est très grand. Au total, 3 suites avec salle de bain qu’il loue une trentaine d’euros par nuit aux visiteurs, ce qui veut dire qu’en période haute, les revenus peuvent approcher les 3000 Euros par mois (à comparer à la cinquantaine d’Euro qui lui sert de retraite). Bien sûr l’état se sert, et Umberto ne loue jamais toutes ses chambres en permanence. Du coup, toute la famille vit de son argent. En effet, Umberto, presque octogénaire, aide surtout ses petits enfants et même ses arrières petits-enfants. Son petit fils ne décolle jamais de devant la télé, et il élève avec sa femme son arrière petit fils. Cette tendance, nous l’avons retrouvé assez régulièrement dans les familles que nous avons rencontrées. Même s’il est normal de faire partager à toute la famille, le comportement des petits enfants contrastent avec ceux des grands parents gentils et hospitaliers. Au contraire, les plus jeunes se montrent indifférents et n’essayent pas de parler avec nous. Ils vivent tels les étatsuniens qui leur servent de modèles, Iphone dans la poche et déjà obèses. Dommage pour nous qui souhaitions des contacts avec les Cubains dans leur ensemble.



La chambre que Umberto nous loue évoque typiquement les grands appartements qui existaient à la même époque aux Etats-Unis. Grandes baies vitrées (alors qu’à Cuba dans les maisons il y a rarement des vitres), chambre de 20 m² avec climatisation (déjà à l’époque et changée depuis par un matériel Russe avec les inscriptions en Cyrillique – mais comment le fait-on fonctionner ???), grand placard emmuré, avec salle de bain. Les habitants de l’époque vivaient à un niveau qui dépassait de loin ce qui se faisait en Amérique du Sud et même en Europe. Pas étonnant dès lors qu’après la révolution, certains cubains se sont sentis frustrés de vivre avec des moyens Russes, de médiocre qualité et de plus petite capacité. Depuis, ils ne rêvent que de ce qu’ils ont perdu.



Le Vedado est un quartier qui montre également les concessions faites par le régime pour loger les cubains les plus pauvres de l’époque, ceux qui vivaient alors dans des bidonvilles. Les grands logements coloniaux ont été réquisitionnés au départ des propriétaires et sont donc soit devenus des lieux publiques (ministères, musée) ou ont été partagés en plusieurs logement pour les plus défavorisés. La contrepartie de tout cela, c’est que ces habitants n’ont jamais eu les moyens d’entretenir ces logements gourmands en besoin de maintenance. Les ouragans et autres désagréments du temps ont eu raison de certaines belles résidences, ce qui est un vrai dommage, mais qui constitue l’image recherchée par les touristes à La Havane (beaucoup moins vrai dans les autres villes de l’île).



L’autre attrait du Vedado est son bord de mer, le Malecon, qui fait face à la côte de la Floride. Cette grande promenade de 5 kilomètres relie le quartier avec le centre ville et même la vieille Havane. Même si la plage est absente, et que le Malecon est une espèce de grande autoroute difficile à traverser à pied, l’endroit est particulièrement sympathique au couché du soleil. Les Cubains s’y réunissent les soirs de week-end pour siroter du rhum et pour pécher.



Mais le Vedado est loin d’être la partie la plus intéressante de la ville. Le Graal à La Havane est bien sûr la partie ancienne de la ville, « Vieja » comme on l’appelle ici. C’est effectivement la partie de la ville qui a été occupée par les premiers colons, et qui a longtemps été le centre de la ville avant d’être progressivement abandonnée avec le développement des zones hors des murs (car La Havane était alors une ville fortifiée). Les bâtiments ont alors subis une longue détérioration qui n’a fini que très récemment, lorsque l’état et surtout l’Unesco ont mis la main à la poche pour remettre à neuf ce patrimoine exceptionnel. En effet, c’est dans cette partie que les monuments les plus anciens subsistent (construits à peine quelques années après la découverte de l’île par Christophe Colomb), souvent construits dans la pierre marine extraite du Malecon même, donnant aux édifices un aspect poreux et exagérément vieillis. On passe d’une place magnifique à une autre, bordées par les vieilles églises et les anciens palais. Les patios sont envahis par les plantes tropicales qui créent une ombre nécessaire pour se protéger de ce soleil qui nous surchauffe. Comme au Brésil, les maisons sont peintes dans des couleurs chatoyantes, un peu comme dans les villes coloniales du Brésil, mais les bâtiments démontrent une richesse qui a su perdurer dans le temps.



Le charme de La Habana Vieja est aussi du à ses petites ruelles, où deux voitures ont peu de place pour se croiser. Récemment, certains endroits sont devenus complètement piéton, ce qui a été un grand changement pour les habitants. Mais des détails nous montrent que tout ne change pas. Le linge sèche au balcon, les enfants jouent au base-ball avec un bâton et un bouchon de bouteille, une femme leur hurle par la fenêtre qu’il faut rentrer à la maison pour manger, la dame du dernier étage remonte depuis son balcon son panier rempli avec quelques légumes grâce à une corde, les chiens dorment dans la rue, un ancien fume le cigare assis sur le trottoir... tout une ambiance. Ces rues n’ont pas encore toutes vu l’argent de l’Unesco manifestement. Pourtant, c’est souvent l’image que l’on se rappelle de La Havane, «Buena Vista Social Club » est passé par là...



Depuis le retour des touristes, le business a repris. Pour ceux qui n’ont pas de place ou un appartement trop vétuste pour faire une chambre d’hôtes, tous les moyens sont bons pour profiter du tourisme. En premier lieu, à travers la vente de petits artisanats. Malheureusement, on ne peut pas toujours dire que ceux-ci soient très originaux (pour Fabien, ça lui a parut assez redondant avec ce qu’il avait vu au Brésil). Mais ce n’est pas ce que recherchent les touristes. En fait, à chaque rue, à chaque magasin d’état et surtout à chaque fois que votre sac à dos de touriste vous trompe aux yeux du local, on peut entendre un « pssst » suivi de « Cigare ? Monte Christo, Cohiba, Romeo y Julieta ? ». Le plus étonnant est que ce marché noir se fait aux yeux de tout le monde, parfois même aux portes des magasins officiels. Bien sûr, il y a de quoi être méfiant, surtout quand les touristes n’y connaissent rien et que les prix pratiqués sont 5 fois moins cher que dans les boutiques officielles (où c’est déjà moitié moins cher qu’en Europe).



Le trafic est simple et peut provenir de plusieurs origines : d’abord les cigares peuvent tout simplement provenir de la ration quotidienne des torçaderos (2 cigares), souvent re-badgés (car ceux des rouleurs des cigares ne sont pas des cigares de grandes valeurs – roulés par les apprentis). Quand nous avons fait la visite de la fabrique de Partagas – la plus connue – en dehors du désagrément de ne pouvoir photographier, nous avons été surpris de voir ces torçaderos essayer de nous vendre des cigares à leur poste de travail et devant le guide. Sinon, certains cigares viennent également des ouvriers qui mettent en boîte et qui ont graissé la patte des officiels qui les encadrent pour sortir des boîtes (pouvant être remplies de cigares de qualité, comme pouvant être aussi remplies de cigares rejetés par le contrôle de qualité, mais là encore comment le touriste naïf peut-il les reconnaître ?). Autre circuit, les cigares vendus à l’unité par des gens dans la rue, qui sont ceux qu’ils achètent pour leur consommation (de moins bonne qualité, car les marques réservées aux Cubains ne prennent pas un tabac identique). Enfin, ce qui est aussi souvent le cas (dans les villes où il n’y a pas de fabrique), les vendeurs des magasins vendent les cigares plus chers que le prix officiel, ce qui leur permet de sortir une boîte de temps à autre du magasin d’état pour la revendre à leur compte aux touristes. J’allais presque oublier le cas de ceux qui font les cigares eux-mêmes pour les vendre, et là il faut faire attention, car le maïs et autre produit ressemblant au tabac peuvent avantageusement replacer ce pour quoi vous souhaitez l’acheter. Les autorités ont cherché à bloquer ce marché noir, mais il semble qu’une certaine liberté est laissée à la population car un seuil de 50 cigares sans factures est autorisé à la sortie du pays. Dans mon cas, j’avais flashé sur une belle porcelaine qui sert à faire sécher le tabac, malheureusement introuvable sur le marché noir et trop chère dans les magasins d’état.





La fabrique de cigares Partagas est l’endroit qu’il est le plus courant d’aller visiter quand on vient à la Havane. C’est une des plus anciennes de la ville et celle qui est régulièrement filmée par les télévisions étrangères. Nous n’avons malheureusement pas eu le droit de photographier à l’intérieur ce qui a énervé profondément Fabien. Il faut dire qu’à 10 euros la visite on peut s’attendre à faire des photos. Sauf que les images des travailleurs seraient utilisées en occident pour faire passer des messages politiques... on se demande lesquels ! L’atelier est très typique. Plusieurs étages, des centaines d’ouvriers. On fait le tour des salles, en commençant par le travail de dénervurage des feuilles (la fermentation des feuilles est faite avant d’arriver ici), le tri des teintes de feuilles, puis enfin le roulage des cigares, ce qui représente le lieu le plus attendu de la visite. Là, dans la grande salle, les ouvriers roulent leur cigare en plusieurs fois. D’abord rouler la trippe dans la sous-cape, laisser reposer le cigare dans un « moule » avant de le rouler dans la cape. Puis viennent les étapes de finition (coupe, finition de la tête). Dans la salle, une estrade où quotidiennement un liseur lit le journal ou un livre deux fois par jour. Tous les rouleurs ne font pas les mêmes cigares, il existe de nombreuses tailles, des couleurs différentes, des têtes différentes... tout doit être appris dans la salle d’apprentissage. A Cuba, depuis la révolution, tous les cigares sont de toute façon commercialisés par la société d’état, même s’il existe plusieurs marques. D’ailleurs, la mise en place de la bague de la marque intervient juste après, à un autre étage. Les cigares sont d’abord regroupés en nuance de couleur, puis badgés et mis en boîte. Tout un processus de travail manuel qui explique le coût de ces grosses cigarettes. Les travailleurs profitent du cigare jusqu’au bout puisqu’ils ont droit de fumer tout ce qu’ils veulent à leur poste de travail... Mais le plus surprenant à propos du tabagisme est qu’officiellement à Cuba « il faut lutter contre le tabagisme », paradoxal, non ?



Le tabac n’est pas tout et nous avons largement profité de nos visites de la ville. Il faut dire que celle-ci est assez petite. Ou plutôt la partie intéressante de la ville n’est pas très étendue. Comme nous y sommes restés une dizaine de jour, nous avons eu le temps de découvrir la ville dans les détails. Nous avons d’ailleurs profité pour faire le trajet depuis notre hébergement jusqu’au centre ville à pied, et ainsi pu découvrir les petites rues oubliées par les touristes qui prennent généralement le taxi. Et dès que l’on sort des sentiers battus, la ville devient plus calme, et moins oppressante pour les touristes. On peut enfin profiter de la Havane, de ses rues, de ses voitures et de ses habitants. Et on s’émerveille de ces vieilles bâtisses qui marquent ce temps révolu, de ces magnifiques flamboyants (ce sont des arbres aux fleurs rouges) qui font de l’ombre aux trottoirs, de ces belles Cadillac, Oldsmobile, Chevrolet ou Dodge décapotables qui serpentent dans la ville.



Enfin, un des endroits mythiques à visiter à La Havane reste la place de la révolution, et le mémorial José Marti. Ce dernier est le vrai héro de la révolution pour les Cubains. Peu connu par les étrangers, c’est en effet lui l’idéologiste de la révolution et le premier à avoir vu les risques du protectorat Etats-uniens. Mort au combat au XIXème siècle, il est idolâtré par Castro. Un petit musée rappelle son combat et son parcours. Par contre l’entrée au mémorial n’est pas donnée, et cela fait enrager Fabien. Mais le plus connu des monuments de la place reste le ministère de l’intérieur sur les murs duquel on peut voir cet immense portrait de Che Guevara, connu dans le monde entier. De l’autre côté de la place, un portrait de Camilo Cienfuegos, autre héro barbu de la révolution, mort dans un accident d’avion au lendemain de la prise de pouvoir de Castro. L’immense place centrale était utilisée pour les discours fleuves de Fidel Castro.

Voir les photos : Cuba - La Havane ]

Posté par lenicebarbosa

Viñales

Le 06/07/10, 13:42

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2nd destination : Viñales :



Pour celui qui a fait La Havane, il est indispensable de sortir de la métropole pour aller visiter la campagne, et quoi de mieux que d’aller à Viñales qui est la totale opposée de La Havane ! Viñales se situe à l’ouest de La Havane, à environ 3 heures de route. Située dans la grande région de récolte du tabac (le meilleur du monde d’après les locaux), la ville est surtout connue pour les mogotes. Les mogotes sont des espèces de pain de sucre (de calcaire surtout), et dont les bases ont été fortement creusées par l’érosion. Il y a donc de nombreuses caves et autant d’opportunités pour les spéléologues amateurs. L’intérêt principal de la ville est donc son panorama unique au monde, dans un cadre calme et moins stressant que La Havane.



La ville est très simple, c’est un peu le « Villeperdu » de Cuba, un bout du monde très charmant où une rue principale rencontre deux rues secondaires. Le monde paysan est omniprésent, et il y a nettement moins de jineteros (ces gens qui essayent de profiter des touristes en vendant de tout au coin de la rue) que dans les grandes villes. Pourtant, à la sortie du bus (car nous avons pris le bus pour voyager à Cuba), une foule attend les étrangers pour leur proposer hébergement et restauration. En fait, on a l’impression que tout le village dispose d’une chambre à louer. Mais l’ambiance reste bon enfant.



Une fois la cohue de la sortie de bus passée, la vie est très calme dans cette petite ville provinciale. La moitié du village se déplace avec des chevaux, d’autres essayent de rentabiliser coûte que coûte les litres de pétrole qui font rouler leurs autos. Ces derniers font tellement de rondes dans le village qu’au premier abord, on a même l’impression d’une circulation intense ! Les paysans vont au champ cigare à la bouche, chapeau de paille vissé sur la tête, machette à la main. Ici, c’est le pays du tabac, mais les machettes servent plutôt à couper les pieds de canne à sucre. Les gens nous abordent gentiment dans la rue pour nous demander d’où on vient, mais pas de forcing pour nous vendre des « bons » plans. Juste de la curiosité, et ça change beaucoup de La Havane.





Pendant la journée, le soleil est violent, il fait très chaud. Pourtant, la seule activité possible ici est la promenade, donc nous souffrons beaucoup de la chaleur. Heureusement, les pluies du soir rafraîchissent l’air. A la Case Doble où nous dormons, nous profitons des chaises à bascule et de la véranda pour éviter le coup de chaud. D’autres profitent de la place du village pour lézarder. Les jeunes du coin font connaissance avec les étrangers. Le plus surprenant dans ces rencontres vient d’un groupe de françaises qui voyagent là pour revoir leurs petits amis cubains. Une dit venir tous les 3 mois. Leur discours me gène beaucoup, la première a découvert Cuba, a trouvé un copain sur place à qui elle a promis une vie merveilleuse en France. Depuis, elle est revenue avec ces amies, qui à leur tour ont trouvé leur âme sœur sur place. Ce qui dérange est qu’elles expliquent à ces jeunes gens que la vie en France est merveilleuse, qu’elles gagnent beaucoup d’argent comparé à eux à Cuba, qu’elles peuvent voyager quand elles veulent, qu’elles peuvent acheter ce qu’elles veulent, etc... Mais pourquoi oublient-elles que ces jeunes paysans ne sont pas forcément adaptés à la vie en région parisienne, que le coût de la vie est excessif en France, que ne parlant pas Français ça sera très difficile pour eux, qu’habitant dans une banlieue parisienne, ils seront peut-être traité de « racaille », qu’ils auront du mal à trouver du boulot et qu’ils auront du mal à se faire une place dans la société ? Je trouve leur discours illusoires et trompeurs. Pour elles, l’important est de ramener le poisson à la maison.



A Viñales, à part la campagne, les habitants, il y a quand même des choses à voir. Evidemment, les mogotes, espèces de gigantesques galets calcaires verticaux sont les premières attractions. Sous ces collines, on trouve de nombreuses grottes, dans lesquelles les indiens se sont cachés pendant la colonisation de l’île par les Espagnols, suivi par les esclaves qui fuyaient les dures conditions des champs de canne à sucre. Mais certaines grottes comme celle de L’indien restent des visites peu intéressantes par rapport à d’autres plus grandes et surtout moins fréquentées. Une autre grande attraction est l’immense fresque murale réalisée par un disciple de Diego Rivera suivant la vision de Fidel Castro. Payer pour la voir reste un peu exagéré, car elle a peu d’intérêt, et elle est surtout visible sans payer depuis l’entrée au parc. On peut aussi visiter les fermes qui récoltent et préparent le tabac. Le côté paysan du village est particulièrement plaisant, et ça donne une bonne idée de la vie des Cubains qui n’habitent pas en ville. Et même si on est loin de la plage, ça fait un bien fou de s’installer là quelques jours...

Voir les photos : Cuba - Vinales ]

Posté par lenicebarbosa

Cienfuegos

Le 06/07/10, 13:39

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3ième destination : Cienfuegos



Après un retour très court à La Havane, nous reprenons la route pour l’ouest cubain, avec un premier arrêt à Cienfuegos. Située à une distance similaire de La Havane que Viñales, la ville se situe sur la côte sud de l’île, et possède une des plus belles baies du monde, presque fermée, qui permettait notamment aux pirates de se cacher. On ne peut pas dire que la ville soit aussi ancienne que La Havane, mais le patrimoine est intéressant. Il s’agit en effet d’une des seules villes qui n’ait pas été développées par des Espagnols mais par des Français. En fait, à l’époque la couronne Espagnole cherchait à blanchir la population (horrible expression, mais on peut difficilement dire autre chose) et elle fit appel aux français (en particulier aux colons de Louisiane). Ce n’était pas la première fois que des colons français venaient s’installer à Cuba, puisque lors de la rébellion des esclaves de Haïti de nombreux propriétaires français (planteurs de canne à sucre) partirent avec leurs esclaves vers Cuba. Bizarrement, si les français se rappellent avec émotions qu’une révolution a bien eu lieu sur cette île à leur détriment (Toussaint Louverture est quand même au Panthéon français !), ils ont vite oublié qu’ils n’avaient pas fait que subir les conséquences en continuant la pratique de l’esclavage.



La mauvaise surprise de ce petit séjour est que nous devons changer de logement car notre logeuse est malade. Sa maison, grosse bâtisse néo coloniale, paraissait pourtant très agréable et bourgeoise. La maison de sa sœur chez qui nous sommes hébergés est moins ostentatoire. En fait, c’est une maison qui est directement issue du partage de la révolution. Certainement du partage d’un bâtiment officiel. En effet, le plafond est au moins à 6m de haut, et notre chambre est tellement petite que le plafond parait vraiment loin ! Mais la gentillesse de la maîtresse de maison nous fait vite oublier la déconvenue de notre arrivée.



Cienfuegos est très marquée par le néo-classicisme et le mouvement art déco, notamment sur l’avenue du Prado. Les maisons du centre ville, bien que largement moins haute que celle de la capitale, ont gardé des couleurs flamboyantes. Les vieilles américaines, elles aussi art déco, qui passent dans la rue ne font que donner encore plus de valeur à cette vision de carte postale. A l’extrémité de la ville, sur la péninsule de Punta Gorda, on retrouve aussi de nombreuses maisons en bois qui rappellent effectivement les maisons de Louisiane. Sur la route, on trouve d’anciennes demeures luxueuses qui servaient d’hôtels ou de yacht club. Seul bémol, on voit de là la centrale nucléaire - qui n’a jamais été finie - qui marque la sortie de la baie.



Finalement, le seul gros problème de la baie est la qualité de son eau. Pour profiter d’une eau claire et chaude, mieux vaut aller au Rancho Luna, qui donne directement sur la mer. L’eau est magnifiquement transparente et chaude à la fois. Les chasseurs de langouste sont aussi nombreux que les touristes sur cette plage peu visitée. De petits crabes et d’autres plus grands se promènent parmi les récifs, mais pas de plus gros prédateurs en vue !

Voir les photos : Cuba - Cienfuegos ]

Posté par lenicebarbosa

Trinidade

Le 06/07/10, 13:37

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4ième destination : Trinidad



Finalement, nous regrettons de partir aussi rapidement de la ville. C’est vrai que nous avons moins marché qu’à La Havane et plus profité de nos vacances. Enfin l’impression de pouvoir profiter de la plage et du beau temps ! Mais Trinidad ne nous décevra pas. En fait, on peut même dire qu’elle nous fera rapidement oublier Cienfuegos.



Trinidad, c’est un peu le Ouro Preto de Cuba, une ville coloniale pavée aux maisons colorées et avec une église en haut d’une colline. C’est un peu résumé, mais c’est vrai que je retrouve beaucoup du Brésil ici. L’artisanat n’est pas en reste puisque les broderies me rappellent le travail de mes tantes de Janauba. La ville a vécu une histoire riche, surtout grâce à l’argent de la canne à sucre, la région était très connue pour ces ingenios. Les maisons sont grandes, les portes peuvent laisser passer un cavalier sur son cheval. Un collègue à Fabien surnomme Trinidad la ville de Zorro, on n’ira pas jusque là, mais c’est vrai que le charme de vieille citée coloniale opère. Une marche jusqu’à l’ancienne église du village permet de voir de haut la ville, et au passage de découvrir un quartier oublié par l’Unesco (la ville fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco).



Contrairement aux autres villes que nous avons visitées à Cuba, c’est la première fois que des taxis ne nous attendent pas à la sortie du bus. Par contre, des porteurs de bagages nous proposent de transporter nos valises jusques chez nos hôtes. La maison où nous dormons est couverte par deux manguiers, dont les fruits sont déjà bien mûrs. Dès le lendemain, un coup de vent fera tomber les fruits faisant penser à un bombardement à Gaza. Il ne fait pas bon être en dessous du manguier à ce moment là !



Nous partageons également la maison avec un autre couple européen, Kiko et Maude qui comme nous font le tour de l‘île en trois semaines. Un bon moyen de partager les expériences et de comparer nos points de vue sur les villes visitées... Un petit tour à la plage nous permettra aussi de profiter ensemble d’une journée de farniente, la mer est tellement chaude qu’il vaut mieux rester en dehors de l’eau !



A Trinidad, il y a des jineteros, surtout beaucoup de femmes qui demandent du savon et des vêtements. Le plus désagréable pour moi est de voir une dame envoyer sa petite fille me demander de l’argent ; je lui fais gentiment la morale. Beaucoup de gens essayent de me tester et de susciter de la pitié pour eux : « comme la vie est dure, vous qui vivez en dehors de Cuba devez vous rendre compte de cela ». Mais je trouve cette vision exagérée. Souvent quand on me parle comme ça, ma réponse est simple : « pour moi qui vient du Brésil, la vie ici est bien moins difficile que pour le pauvre de mon pays, moins d’inégalité, moins de misère ». En général, les gens restent bouche bée car ils s’imaginent qu’on va les écouter sans rien dire. Au final, on rencontre de jeunes garçons qui vivent auprès de l’église en haut du village, dans la partie la plus oubliée de Trinidad, qui nous expliquent que la plupart des touristes donnent médicaments et vêtements aux personnes qui les hébergent. Pour eux qui vivent en dehors du centre ville et qui sont les derniers visités par les touristes, il ne reste plus grand-chose. En faisant le tri dans nos affaires, on finira par leur trouver quelques chemises à leur donner, mais c’est vrai que le tourisme ne profite pas à tout le monde.



Le soir, en haut de la grande place du village, on peut également participer aux soirées organisées, au son des musiques cubaines et en particulier de la salsa. Après un essai avec un local, c’est Curi qui vient me voir pour nous proposer des cours de Salsa. Fabien n’est pas chaud, mais je finis par embrigader Maude, Kiko et Fabien pour un cours commun le lendemain. Le temps d’un cours sous la pluie tropicale, nous faisons connaissance de ce jeune cubain qui vit une histoire d’amour avec une anglaise avec qui il a eu un enfant. Il veut partir pour l’Angleterre, faire des cours de Salsa là-bas... des rêves de départ très commun chez les jeunes cubains.



Chez nos hôtes, nous rencontrons aussi un autre couple français que nous avions croisé à Cienfuegos. Finalement, le monde est petit ! Le lendemain, c’est déjà le départ pour La Havane. J’en profite pour me lever tôt et faire quelques photos. Le matin, on peut faire des rencontres étonnantes, comme ce vieux mexicain qui part au champ, ce camion venu faire un déménagement ou ce train à vapeur au départ pour la vallée des Ingenios (là où les producteurs de canne faisaient leurs récoltes)... autant de choses que je regrette de ne pas avoir vu avant.

Voir les photos : Cuba - Trinidade ]

Posté par lenicebarbosa

Trinidade

Le 06/07/10, 13:29

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[font=Verdana]Retour vers La Havane et départ :



Le retour en bus vers La Havane est plein de nostalgie... déjà le départ pour la France en vue. Après quelques jours à la Havane pour faire les dernières visites et les dernières courses, nous serons déjà à Paris. Je suis déjà triste à l’idée de devoir laisser Fabien repartir au travail, 3 semaines, c’est finalement peu ! Les dernières visites, que ce soit celle du musée des arts décoratifs ou le palais des gouverneurs nous montrent une dernière fois La Havane comme nous pouvions l’imaginer il y a plus d’un siècle.



Le musée d’art décoratif est le palais d’une duchesse extrêmement riche qui du partir au moment de la révolution. A l’intérieur, le mobilier et les porcelaines prouvent que ces riches cubains vivaient aussi bien que les plus riches européens. Porcelaines Chinoise, de Sèvres, de Limoges, Tapisserie d’Aubusson, Horlogerie Française, etc... rien n’était trop cher pour la propriétaire qui donnait de somptueuses fêtes dans sa demeure. Au moment de son départ, elle pensait la révolution passagère et croyait à son retour dans son château. Elle avait donc fait emmurer l’argenterie et les autres objets de valeurs pour les retrouver à son retour. Mais elle n’est jamais revenue.



Dans le palais des gouverneurs, la statue de Christophe Colomb surveille les entrées. Un paon fait le beau à l’ombre du patio. Quant au palais lui-même, il abrite de très beaux salons, du même luxe ostentatoire que le palais de la duchesse. On peut aussi y voir des uniformes de soldats, et de nombreux vestiges de l’histoire, notamment un faximilé de ce « traité » imposé par les USA après avoir repoussé les Espagnols de l’île. Car ce sont bien les Etats-Unis qui ont directement agit pour la décolonisation de l’île à leur profit faisant au début du vingtième siècle de Cuba un protectorat qui deviendra bientôt le « bordel de l’Amérique ».





Après quelques achats de souvenir, nous voici près à repartir vers la France. Mais les vrais souvenirs sont dans nos têtes et dans nos yeux. J’étais venu à Cuba car j’étais curieuse de voir ce pays révolutionnaire. Je dois avouer que certains détails m’ont surpris, et je pense que l’évolution actuelle du régime laisse penser à une ouverture forte très prochaine. Des inégalités sont en train de s’installer, tout le monde ne profite pas du tourisme et des devises. La Havane est en train de rajeunir grâce à cet argent justement, mais on s’aperçoit que les petites villes de provinces ont moins vieilli que la capitale et sont plus agréables à vivre. On peut quand même dire que les villes sont propres, les maisons colorées et chaleureuses. L’éducation est également omniprésente avec des messages dans la rue à l’attention des familles (« l’éducation est la plus grande des richesses »), les enfants restent polis et indifférents aux touristes, ce que je trouve bien. Toutes ces petites qualités sont celles que je voudrais voir un jour dans mon pays. Et autant de raisons de regretter la fin de ce voyage...

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Posté par lenicebarbosa
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