Les Erablivores

Malgré un départ plutôt sympa au ranch et un cadre assez bucolique, ca ne s'est pas passé tout a fait aussi bien qu'on l'espérait ! En fait on a beaucoup travaillé, ce qui n'était pas un problème en soi mais malheureusement ca ne nous laissait pas beaucoup de temps pour autre chose, ni de faire du cheval, ni de visiter les environs vu qu'on avait qu'un jour off par semaine. En plus le travail n'était pas toujours très intéressant : on a ratissé un total de 3 camions-bennes de feuilles (d'abord le jardin et les massifs, puis les zones d'hébergement, puis une partie des prés !), on a fait du nettoyage de crottes, du rangement, du nettoyage de caravanes, de chalets, de cuisine... Ella, notre collègue anglaise arrivée au bout de 2 semaines, a même eu le droit de laver leur terrasse ! Finalement le plus sympa était le fencing : on part pendant une journée avec du fil de fer et des clous pour faire le tour d'un pré immense et réparer les clôtures, et comme c'est un coin perdu on voit des paysages incroyables, et des animaux.

Les barbelés sur la prairie






Paysage de Ranch


D'ailleurs des animaux on en voyait même autour de chez eux : Ella a vu un jeune grizzly depuis notre fenêtre qui tournait autour des petits veaux (son "What's that ? That's not a cow ?!" restera gravé dans nos mémoires) ! Et Laurent a appris a conduire le tracteur pour gratter la crotte dans les prés... Ah ! Et on a fait 1 après-midi de cheval ou on a changé des vaches de champ et on a vu quelques chevreuils et une mère orignal et son bébé, c'était chouette !

On a fait du cheval !!!




Mais au final rien de très intéressant, on faisait grosso modo tout ce qu'ils ne voulaient pas faire, en échange de nourriture et d'un logement, s'ils nous avaient fouettés de temps en temps on pourrait parler d'esclavage moderne ! On va passer sur les détails de la séparation, mais en gros après leur avoir dit qu'on avait l'impression de faire la même chose que quand on travaille a temps plein sauf que la on n'avait rien en retour, ils nous ont tout bonnement demandé de partir dans les 2H qui suivaient ! On a donc plié aussi vite qu'on a pu, en faisant un max de conserves avec les courses qu'ils nous avaient faites et en envoyant plein de mails pour la suite. Et on les a quittés, au grand désespoir d'Alexia dont les rêves western s'effondraient.
Depuis on a retrouvé un autre ranch en BC ou on va refaire un essai... en espérant qu'ils aient des chevaux qui peuvent courir et qu'on ait la chance de les monter cette fois, car en fait il semble que ca marche partout comme chez Sierra West : les volontaires en ranch travaillent 8H par jour, 6 jours par semaine, et font les ouvriers de ferme en échange de quelques heures de cheval. Au final, c'est peut être juste qu'on s'était mal compris... en tous cas on regrette pas d'être partis, et ca nous aura quand même bien mis dans le bain de l'anglophonie, maintenant on est beaucoup plus a l'aise, on connait plein de termes de jardinage !

Puisqu'on a fait la route en 10 jours seulement au lieu des 12 qui nous étaient impartis, on a décidé de passer une journée a découvrir le Parc National du Waterton Lake (bien qu'a 1h seulement du ranch et donc de la ligne d'arrivée) pour n'arriver au ranch que le soir.



Plus on roulait et plus les Rocheuses grossissaient sous nos yeux, c'était vraiment magnifique... et ce n'était que le début! Le Parc National est juste magique, débutant au pied des Rocheuses il comprend tous les milieux naturels : des prairie, des plaines boisées, des forets, des lacs, rivières et marais et le milieu montagnard. Autant dire qu'en une journée on en a prit plein les yeux mais on est loin d'en avoir découvert toutes les richesses!

















Évidemment l'Homme n'est pas le seul adepte de ce petit coin de paradis naturel et on n'est pas peu fiers de nos rencontres avec divers habitants (et de nos photos!):

- Pour commencer on a revu plein de petits spermophiles (et puis le nom fait rire tout le monde a priori donc on ne va pas se priver de le mentionner une nouvelle fois!)



- Ensuite les mouflons d'Amérique, juste a la sortie du bureau d'information du parc. C'était fou, quand on est rentrés pour s'informer la dame du bureau nous a demandé si on les avait vu et comme on répondait par la négative elle a dit qu'ils n'allaient sans doute pas tarder a venir brouter par la et 10 minutes plus tard ils étaient effectivement a 200 m du bâtiment!



- Et puis comme on était tombés sur une personne qui semblait bien connaitre les habitudes des animaux, quitte a faire on a demandé ou est ce qu'on avait des chances de voir des ours. Pas de problème pour elle, c'est des animaux timides qui évitent l'homme mais le long de la route Red Rock on peut en apercevoir parfois en voiture. Ni une ni deux, après quelques photos de mouflons en sortant du bureau d'information on savait exactement ce qu'on allait faire...
On emprunte donc la fameuse Red Rock et après quelques kilomètres (et photos de paysage) un truc marron traverse la route 100 m devant la voiture. Un lynx? Ben non Alexia, met tes lunettes c'était un ours! Trop cool, mais un peu déçus quand même : c'est allé si vite, on ne l'a pas bien vu ... et on n'a même pas eu le temps de voir si c'était un ours noir ou un grizzli. Finalement ce merveilleux parc ne pouvait pas nous laisser repartir déçus et on a vu sur le bord de la route une maman ourse noire et ses deux petits bébés qui se sont dépêchés de s'enfuir dans les bois mais nous laissant largement le temps de les observer (y compris aux jumelles) et les photographier, le tout depuis la voiture hein, cela va de soi! Regardez comme ils sont mignons... de loin!

La mere et un petit:


Les deux petits:


- Bon a ce stade on avait déjà gagné notre journée mais il nous restait un peu de temps devant nous... le temps de tomber sur un énorme troupeau de Wapitis (pas tout a fait par hasard, encore une fois merci la dame du bureau d'information) La cerise sur le gâteau donc, le wapiti sur l'ours...





- Et pour finir, le bonus cette fois : un merlebleu azuré.



C'est donc ravis de notre journée et se promettant de revenir des que possible qu'on a quitté le parc du Waterton Lake pour faire les derniers kilomètres qui nous séparaient du ranch Sierra West, a Lundbreck. http://www.sierrawestcabins.com/
Ginny et Randy nous attendaient et nous ont accueillis chaleureusement. Nous qui n'avions pas eu l'occasion de beaucoup parler anglais encore nous y voila et autant dire que ca complique les discussions, surtout pour Alexia. Pour le moment on est installés dans un studio, on n'a pas bien compris jusqu'a quand exactement. C'est un studio qu'ils louent a leurs clients d'habitude donc on s'établira dans le trailer (la caravane géante) - comme convenu lors de l'entretien qu'on avait eu par téléphone avant de venir - lorsqu'ils auront des clients pour le studio sans doute. En attendant on a tout le confort et même internet puisqu'ils nous ont prêté un boitier qui relaie leur connexion jusqu'au studio. Ginny nous avait rempli le frigo et les placards, en s'excusant de ne pas connaitre nos gouts! C'est assez marrant de faire a manger avec les courses que quelqu'un d'autre a faites, on essaie des trucs qu'on n'aurait jamais achetés sinon, on découvre des produits.





Le cadre est vraiment beau, on est entourés de prairies, les Rocheuses en toile de fond. Ils ont des vaches noires, quelques vaches aux grandes cornes et surtout une grosse trentaine de chevaux de toutes les robes, ce qui forme une jolie harde. On va mettre un peu de temps avant de connaitre et retenir tous les noms...



La ville western reconstituée par Randy et Ginny : 3 hebergements, une cuisine et un saloon





















Ils ont également un Australian Shepard, Crocket, vraiment adorable, un nombre indéfini de chats sauvages et notre nouveau copain, Babs, un jeune chat qui a été nourri a la seringue et qui est donc vraiment familier contrairement a tous les autres! Il nous attend presque toujours a la porte du studio puis nous suit fidèlement la majeure partie de la journée, toujours prêt a recevoir un câlin ou faire une promenade sur une épaule. Il est vraiment marrant.



Au niveau du travail c'est plutôt relax, on commence généralement a 9h le matin, on découvre nos missions du jour et puis on se gère comme on veut ensuite. On a ainsi passé les 2 premiers jours a enlever les feuilles mortes du terrain pour que ce soit beau pour les premiers clients ce week-end. Le 3eme jour on a ramassé les ficelles des bottes de foin qui se sont éparpillées dans le champ tout l'hiver puis on a brossé et sellé 4 chevaux pour aller faire un petit tour histoire qu'ils nous voient monter. On a donc appris a seller avec une selle western et les rudiments de la monte western. Rien de très compliqué car les chevaux sont très bien dressés et très calmes pour pouvoir faire monter tous les clients en sécurité, et Randy et Ginny sont très prudents. On a d'ailleurs appris que pour le galop dans les plaines on repassera : les spermophiles sont apparemment tellement nombreux a creuser des galeries partout qu'il faut rester au pas pour ne pas risquer de casser la pate a un cheval et se casser la figure par la même occasion. D'un coup on aime beaucoup moins les spermophiles...

Hier, 4eme jour de présence au ranch on devait partir pour une promenade de 5 heures avec Ginny, Randy et le couple de premiers clients mais il a plu par intermittence toute la journée donc on s'est contenté de brosser les chevaux. On a également chargé dans la remorque des génisses puis on les a emmenées au pâturage avec Randy avant de curer la remorque. Laurent a enfin pu a nouveau ramasser la crotte, il était bien content ça faisait longtemps...







On a eu le reste de la journée off et on en a profité pour aller visiter la ``ville`` la plus proche : Pincher Creek. On s'est rendu compte la bas qu'une des roue arrière de Poutine était presque a plat et le pneu complètement usé. Changement de pneus a effectuer donc de toute urgence! Les magasins de pneus étaient évidemment déjà fermés donc on est rentrés avec notre pneu agonisant et on changera tout ça des que possible. Aujourd'hui on a notre journée de libre mais on est dimanche donc rien d'ouvert et sans voiture pas moyen d'aller la mettre a profit pour retourner au parc Waterton... Tant mieux pour vous : on est désormais vraiment a jour sur ce blog!

Le mot de Laurent: Trop bien le confort ! Internet, un four, un micro-ondes, de l'eau chaude, une machine a laver, la télé avec des dizaines de westerns (en VHS), de la bouffe plein les tiroirs, un frigo... on se vautre dans le luxe !

Le mot d'Alexia : Pas de bol quand même qu'il pleuve pile poil le jour de notre rando de 5h... j'espère que l'occasion se représentera vite!

Après l'Ontario, les 2 états que tous les voyageurs nous ont dit détester traverser : le Manitoba et la Saskatchewan. Plusieurs heures de traversée dans un paysage de plaines uniforme, avec juste la ligne d'horizon et un ciel qui parait immense.



Paysage... c est plat !



C'est sur qu'au début c'est rigolo et dépaysant, mais après 15H de route on commence a se lasser. Finalement la traversée aura été agréable parce qu'on a fait quelques petits écarts, par exemple pour traverser Winnipeg, capitale du Manitoba, ou Regina, celle de la Saskatchewan.

Winnipeg


On est aussi -et surtout!- allé dormir dans un parc national géant, Riding Mountain, ou on a pu voir encore plein d'animaux, dont des chevreuils semi-domestiques, des chouettes lapones, encore des nouveaux canards, un orignal tout près qui mangeait tranquillement devant nous, de nouveaux cadavres de chevreuils, des empreintes et crottes de loups (les meurtres étaient signés!), et surtout les derniers bisons sauvages du Manitoba (avec, selon la classification d'Alexia, des bébés, des petits bébés et des tout petits bébés). Bon, leurs bisons sauvages ils étaient dans un parc clôturé, plus précisément leur "parc d'hiver", certes grand mais ils restaient au ras de la voiture sans la moindre inquiétude... donc ``sauvages" tout est relatif. Toutefois l'hiver un vent de liberté les rattrape : les passages anti-bovins sensés les empêcher de sortir gèlent et ils arrivent a se sauver de l'enclos pour visiter les alentours, et se faire un peu bouffer au passage !

Bisons


Tout petits bébés bisons


Bisons


Orignal


Gelinotte huppée


Plongeon Huard


Paysage


Chouette lapone


Pelicans


Pour en revenir a nos horizons plats du Manitoba et de la Saskatchewan le challenge de l'histoire c'était de trouver un coin ou dormir dans notre van... . Pas d'aires d'autoroutes, pas de camping ouverts, des chemins qui ne desservent que des propriétés privées, et surtout pas d'arbre !

Paysages






Dans ces conditions on ne pouvait pas planter le van dans un champ sans être repérés a des kilomètres a la ronde, pas très pratique donc, ne serait-ce que pour faire pipi! Du coup on a élaboré une stratégie qui fonctionne bien : on repère les parcs provinciaux ou nationaux et on fait le crochet pour y dormir. D'autant qu'on apprend petit a petit que rien n'ouvre avant la semaine prochaine a priori donc on n'a rien eu a payer. On a ainsi découvert qu'un parc provincial dans la Saskatchewan, seul endroit qui a le luxe d'avoir des arbres, n'est souvent pas beaucoup plus qu'un croisement entre un camping et un parc municipal : des emplacements bien délimités, des barbecues, des piscines et terrains de base-ball, golfs... la nature quoi !

Ils aiment aussi beaucoup la mécanique !!!

Train de 167 wagons (la SNCF peut se rhabiller)


Tracteurs


Il faut quand même reconnaître a la Saskatchewan quelques attraits : de grandes prairies bien vertes avec pleins de veaux (avec les différentes catégories d'âges déjà évoquées), encore des chevreuils, des chiens de prairie, des canards dans tous les trous d'eau, et plus surprenant, des antilocapres (ou pronghorn), une sorte d'antilope qui n'en est pas une, qui s'était presque fait exterminer au début du siècle mais qui finalement se porte assez bien puisque sa population est estimée a 500 000 individus (tous en Amérique du Nord).

Pelican


Avocettes d'Amerique


Spermophile


Pronghorn


Avec tout ca on a vu les trois quart des canards de notre livre d'identification et on est devenus plutôt bons en empreintes et crottes, il nous manque que la tuque et la chemise a carreaux pour être de vrais trappeurs! Par contre on aura pas rencontré beaucoup de monde : le vagabondage s'y prête mal, la barrière de la langue n'est pas toujours facile a franchir, et... il n'y a pas grand monde (moins de 1 million d'habitants dans la Saskatchewan, dont 200 000 dans la capitale !), et ils sont pas faciles a aborder dans leurs pick-up ! On compte sur la suite pour avoir un peu plus de contacts humains et anglais !

Pick up



Enfin, aprés presque 4000km et quelques petites opérations sur notre chere Putine, on apercoit les Rocheuses pour la première fois... on passe la nuit au bord d'un lac avec une belle vue, et un nid de Grand-Duc en prime !













Le mot de Laurent: Que d animaux, que d animaux... et encore on n'est toujours pas dans les Rocheuses...

Le mot d'Alexia : Demain, le Waterton Lake !

Voila ! On a dit au revoir aux parents Maignot le jour de l'anniversaire d'Alexia (snif !), puis on est parti plein ouest, avec 2 semaines pour faire 43H de route et 3700 km.
On commence doucement parce qu'on se dit qu'on aura le temps d'aller vite plus tard si c'est nécessaire, donc on se contente de 300 a 400 km par jour, ce qui laisse le temps de visiter, de faire des pauses, et surtout de trouver des coins agréables ou dormir, tout en visitant (sommairement quand même) les villes comme Ottawa, la capitale du Canada.

Le Parlement du Canada a Ottawa


Trouver des coins est beaucoup plus facile qu'on pensait : avant avec la neige, on ne voyait que des routes et des propriétés privées et ca nous paraissait compliqué, mais finalement on trouve facilement de petites routes transversales qui rejoignent des chemins avec des places de camping potentielles. On roule donc beaucoup dans les chemins (en essayant de pas s'enliser !).

L'Ontario nous parait plus sauvage que la partie du Québec qu'on connaissait : bien que cet état accueille le tiers de la population canadienne, le sud est très long, beaucoup plus que la partie habitable du Québec. Les habitations et les villes sont beaucoup plus espacées, avec de grandes forets, des parcs nationaux, des grands lacs aussi. Autant dire que les paysages sont a couper le souffle. Par exemple, on a passé une nuit dans une réserve d'indiens, tout prés d'une rivière au bord du lac Huron, avec un sentier qui grimpait dans la montagne le long de la rivière, vers un lac forestier, puis vers une sorte de terrasse minérale avec vue sur le lac... magnifique! Au cours d'une promenade des restes de chevreuils un peu partout au milieu du chemin et des crottes pleines de poils nous indiquaient qu'on n'était pas les seuls carnivores du coin : des loups semblaient avoir profité de la réserve indienne pour avoir la paix eux aussi!

Entrée de la Réserve Indienne


Publicité a l'entrée de la réserve indienne...


Des castors pour voisins...


Le Lac Huron




Le Lac Superieur avec son parc provincial










Niveau vie sauvage, c'est un festival : 4 orignaux en 2 jours sur le bord de la route (au printemps ils viennent lécher le sel), des castors, des ratons-laveurs, et des oiseaux nouveaux tous les jours. Hier par exemple, c'était les pélicans, et plein de nouveaux canards aux noms exotiques comme la sarcelle a ailes bleues, le canard d'Amérique, le fuligule a collier... ou le pygargue a tête blanche (l'emblème des États-Unis).

Observation d'oiseaux depuis le petit port d'Hurkett


Nos premiers pélicans!


Le parc provincial des Sleeping Giants:

Proverbe canadien : en avril ne te découvre pas d'un fil, en mai, garde ton bonnet !


Un chevreuil peut en cacher un autre!