Les Erablivores

Maintenant que ça fait environ deux semaines qu'on est arrivés, il est temps de vous présenter le coin : c'est un parc régional qui est à la frontière entre le Canada et les États-Unis, très peu haut en altitude (environ 850m pour les hauts sommets).

Ici, les routes ne sont pas toutes goudronnées, le premier supermarché est à ¾ d'heure (mais il y a des petites épiceries partout : des dépanneurs comme on dit ici), il y a une station de ski avec une seule remontée mécanique style télésiège de Super-Besse avant rénovation (50$ le forfait journée !), et quand on arrive sur un point haut on ne voit presque que des bois.



Un petit aperçu d'une des nombreuses maisons typiques du coin:



Nous habitons au pied du point culminant du Parc (850m), la Montagne de la Grande Coulée (ça fait penser à la coulée du Grand Bronze...). Le lodge est situé tout en bas, ainsi que toutes les activités proposées : location motoneige/quad, chenil, matériel de hockey, raquettes, ski de fond, spas, salles de massage, soins esthétiques, restaurant, matériel de pêche, et autres. L'hébergement est situé à flanc de montagne et est réparti dans 7 chalets de 6 chambres chacun. A la différence des chalets immeubles de l'Auvergne, ceux-ci sont très beaux et très bien intégrés dans le paysage. Au premier étage de chaque chalet il y a un coin cuisine et un salon avec cheminée et balcon, le tout très bien arrangé.











Le lodge est situé à l’extrême ouest des 100 km de sentiers qui sillonnent le parc. On a donc eu l'occasion de faire une promenade en arrivant, pour aller voir le sommet en haut de chez nous, et une autre de l'autre coté vers le mont Sugar Loaf, où on a passé la journée à se faire hurler dessus par les écureuils en colère. Sans rire, les écureuils et les tamias étaient innombrables !















On a aussi vu une hutte et un grand barrage de castor, et des gelinottes huppées, qu'ils appellent ici des perdrix, sauf qu'ils ont aussi de vraies perdrix, et que celles-ci ont la taille d'une poule... même chose pour les chevreuils : ce sont en fait des cerfs de Virginie, qui peuvent atteindre 170kg... rien à voir avec les notres. Bref, bienvenus en Amérique : tout est plus gros même les animaux !











Cette semaine c'était la deuxième semaine de la chasse à l'orignal, ça s'est terminé dimanche. C'est une véritable institution par ici puisque chacun de nos collègues a un parent proche qui a tué un orignal depuis l'ouverture: en général les gens ont un grand bois derrière chez eux et ils chassent sur leurs terres, mais ils peuvent aussi prendre des permis pour aller sur les terres gouvernementales. Durant les deux semaines d'ouverture, tout le monde prend des congés ou se met en maladie pour pouvoir passer les journées dans le bois. En 15 jours, plus de 150 orignaux ont été tués dans les alentours de Saint Paul, et 1500 sur la région de Montmagny ! On en voit un peu partout accrochés sur des tracteurs, ils sont immenses...



Laurent a eu la chance de se joindre vendredi matin (départ à 4H30 !) à Paul-Yvon, le mari de Rachelle, une collègue serveuse. Même si ils sont revenus bredouilles l'expérience était intéressante, nous avons été accueillis à bras ouverts chez eux et découvert quelques produits du petit déjeuner Québécois : beurre de pomme (pommes cuites avec du beurre et du sucre), œufs de caille du voisin au plat sur toast et le fameux sirop d'érable qui venait directement d'une cabane à sucre de la famille : un régal! Comme ils ont vu que Laurent aimait bien ça, il a eu droit à une bonne tasse de sirop pour tremper ses tartines...

En quittant le verger et vignoble des Côtes d'Ardoise nous avons eu droit à notre dégustation des neuf vins et cidres élaborés sur le domaine et même si les vins du Québec sont méconnus (y compris des Québécois!) il y en a quelques uns qui étaient vraiment de bonnes surprises, notamment un petit riesling, le vendange tardive et bien sur les cidres et vins de glace qui sont des desserts à eux tout seuls!
Cidre de glace? Vin de glace? Késako? On va étaler notre science toute nouvelle!
Le vin de glace est fabriqué à partir de raisins vendangés en novembre puis étalés sur des filets et laissés dehors jusqu'en janvier (traditionnellement le raisin était vendangé en janvier, gelé, mais sous 3 mètres de neige il parait que c'était pas évident de retrouver les grappes...). Ce raisin gelé est ensuite pressé et les quinze premiers pourcents de jus qui sort, gorgés de sucre, sont destinés au vin de glace. Ensuite le reste du jus pressé, lorsque les raisins dégèlent doucement, permet de vinifier la vendange tardive (notre préféré!).
Pour ce qui est du cidre de glace le principe est assez similaire vous l'aurez compris! On a ramassé toutes les pommes qui sont conservées dans la chambre froide en attendant janvier. Puis en janvier elles sont pressées et le jus est gelé. La première partie du jus qui dégèle contient tout le sucre, elle est donc soutirée pour l'élaboration du cidre de glace, qui n'est pas pétillant comme on connait le cidre en France!





Après avoir acheté quelques bouteilles (on ne perd pas les bonnes habitudes!), nous voilà partis pour une petite visite des Cantons de l'Est que nous n'avions qu'entrevus jusqu'à présent. En logeant la frontière américaine nous avons découvert une région plutôt agricole, un peu montagneuse, dotée de très beaux paysages. Le lac Memphrémagog notamment était magnifique.







En remontant doucement vers les Appalaches nous avons longé le fleuve Saint-Laurent par la Route des Navigateurs, et fait halte dans une pourvoirie (une sorte de village vacances pour chasseurs et pêcheurs) un peu au sud de Trois-Rivières, au cœur d'un site RAMSAR qui abrite de nombreux oiseaux migrateurs : beaucoup de canards, mais aussi de très gros vols d'oies et des belles migrations de passereaux. Ca fait un peu bizarre d'être sur un site protégé et d'entendre un coup de feu toutes les 5 minutes !















Depuis on a vu plus d'oies des neiges près de Montmagny (à 30 minutes de notre nouveau chez nous), où il y a des grosses populations qui se nourissent avant de continuer leur périple vers le sud.



Le blanc... c'est des oies !!!







Finalement nous sommes arrivés samedi 12 au soir sur notre lieu de travail pour l'hiver, à Appalaches Lodge Spa Villégiature, près de Saint-Paul-de-Montminy, dans le parc régional des Appalaches. La saison est assez creuse jusqu'à fin décembre donc nous allons avoir assez peu d'heures de travail d'ici là, à priori entre 20 et 30 par semaine, mais ça nous laisse le temps de nous former avant le rush et de visiter la région qui est vraiment belle (quelques photos des chutes de la Chaudière des Appalaches pour commencer mais là vous allez saturer si on vous met tout d'un coup !).









Le mot de Laurent : Le boulot se passe bien aussi : 60 chiens un peu sauvages qui ont faim c'est assez impressionnant, mais au final ils sont pour la plupart très familiers. Vivement cet hiver pour les premières neiges et les premiers entrainements, mais les activités du moment (débroussaillage et tronçonneuse dans la montagne) ont leurs bons côtés aussi ! Et on va mettre à profit les jours de repos pour aller visiter les petites forêts du coin !

Le mot d'Alexia: Et voilà déjà trois soirées de service faites! Ca fait des grosses "journées" mais c'est interessant d'apprendre comment ça se passe et c'est agréable de parler avec les gens quand c'est pas trop le rush!

Ca y'est ça fait un mois qu'on est arrivés au Québec et cette ostie de saison de pommes se termine ! Aujourd'hui c'est le dernier jour de ramassage de pommes à terre, la cueillette à proprement parler est terminée depuis dimanche matin.

Bilan de la saison (du 14 septembre au 09 octobre) en quelques chiffres :
- plus de 100 bennes remplies
- près de 40 tonnes de pommes portées
- 21 jours travaillés dont 16 jours non-stop
- 4100 dollars gagnés
- 2 dos douloureux
- 4 genoux rouillés
- 2 journées de pluie seulement
- 3 amis rencontrés

Pour fêter ça on fait un gros feu ce soir pour finir en beauté, avec steack de la ferme des parents d'une des employées, instruments de musique (melodica, guitare, flûte, djembé) ... et bières !

A la fin de la saison il est quand même temps de vous présenter nos petits concurrents de cueuillette de pommes : les tamias ! Ici ils sont appelés les suisses, allez savoir pourquoi car ils sont pourtant très rapides ! On en a vu à peu près tous les jours, c'était notre petit divertissement quotidien : cachés derrière une feuille ils se pensent à l'abri et on a réussi à les approcher à moins d'un mètre sans trop de difficulté ! Celui-ci était en train de faire les provisions pour l'hiver :



Dimanche après-midi une petite pluie bienvenue nous a permis de lever le pied et faire notre première promenade dans les environs du vignoble. On a ainsi pu découvrir les statues exposées en haut du vignoble, faire un tour dans les bois, ramasser de jolies feuilles d'érable bien rouges et voir le réseau de tuyaux qui permet d'extraire la sève des érables et l'acheminer jusqu'aux cabanes à sucre.







On va désormais avoir quelques jours pour visiter les Cantons de l'est et finir d'acheter le matériel pour l'hiver avant d'aller rejoindre les Appalaches, un nouveau job, une chambre en dur et une vraie salle de bain !

Le mot de Laurent : On a aussi pu voir notre premier barrage de castor, et quelques traces de divers animaux. Pas d'ours, mais un cadavre de tortue d'eau douce (snapping turtle) de 60cm de long !

Le mot d'Alexia:Cassée en petits morceaux mais pas mécontente de l'expérience, la bonne ambiance et le beau temps aidant !