la banane a velo

MALACCA
Mon dernier soir en Malaisie . Malgré mon départ d un pays auquel je m étais attaché et un arrière gout désagréable dans la bouche , je suis plutot de bonne humeur . je suis allé trainer du coté de Jonker street , cette rue accueille le grand marché du soir
. Je me suis faufilé dans la foule des badauds sans trouver intérét aux articles présentés , ce n est que babioles et snacks , mais l animation est très plaisante . En bas de la rue une estrade est montée pour les célébrations du nouvel an chinois , ce soir nous avons eu droit à un grand karaoké . Nous sommes le 9 mars et le nouvel an se féte encore , vu le nombre de chinois il est compréhensible qu il faille du temps pour que chaque chinois présente ses voeux aux quelques 6 milliards de ses compatriotes , mais le karaoké est il vraiment nécessaire ?

KUALA SELANGOR / KUALA LUMPUR / MALACCA
238 KM ( 3494 KM )
Maintenant c est officiel je peux enfin etre triste de quitter la Malaisie , j ai mon billet de ferry pour Dumai ( Indonésie ) , départ dimanche à 10 h . Pour féter cela je suis aller me manger un petit cendol au durian .
Comment vous ne connaissez ni le cendol , ni le durian !!! Mais qu avez vous donc fait de votre vie ? Le cendol est un sorbet fait de glace pilée généreusement arrosé de lait concentré sucré ou de noix de coco , accompagné de gros vermicelles d un vert pomme , de riz gluant et de haricots rouges , la recette peut variée suivant les lieux ou les envies . J ai découvert ce désert au Cambodge et j en ai gardé une faiblesse .
LE CENDOL CLASSIQUE
Le durian , c est plus délicat , je dirais que si le serpent de la bible avait proposé un durian plutot qu une pomme , Eve et Adam seraient encore en Eden . Ce fruit pue , son odeur est entétante et tenace. Il est vendu dans des lieux séparés et ouverts , il est interdit dans les hotels , aeroports , transports en commun . Alors pourquoi en mange t on ? En Malaisie il y a un proverbe qui dit que son gout est paradis , son odeur enfer .
Pour célébrer mon départ j ai donc essayé le cendol au durian . Visuellement ce n est guere appétissant , une vague odeur douçatre s en degage mais sans etre desagreable , le froid sans doute .
LE CENDOL AU DURIAN
A la première bouchée une saveur de vieux beurre rance étant resté trop longtemps dans le frigo et ayant pris le gout de tout ce qui y a été entreposé , avec une préférance pour le fromage et les rutabagas .Quand j arrive au caramel et au haricots rouges, le mélange des saveurs ne me surpris pas il m anéantit , mon grand moment de solitude. Vite je me suis ressaisi , je suis et reste toujours l homme qui a bu une bouteille entière de 25 cl de massala cola ( ceux qui y ont gouté comprendront ), ce n est pas un fruit meme pas pourri qui va me faire flancher . Cuillère après cuillère je vins à bout du bol qui ne m avait pas paru si grand . Voila un problème de réglé , maintenant il me faut me débarrasser de ce gout gras et persistant que j ai dans la bouche. Si quelqu'un a une idée .

LUMUT / KUALA SELANGOR
152 KM ( 3256 KM )
Ce jour là je n ai pas cherché à faire dans le bucolique , je me suis engagé sur la route n° 5 et j ai enquillé les kilométres .C est la première plaine agricole que je traverse en Malaisie . C est plat , très plat , plus plat cela doit etre un trou et c est d ailleurs là ou je suis arrivé .
MORNE PLAINE
Dans un premier temps je suis passé à coté de Kuala Selangor sans m en rendre compte . Après avoir rebroussé chemin et trouvé le centre ville ,j étais étonné ,j ai d abord cru qu il y avait une erreur , mais non ce bureau de la posmalaysia avec quelques maisons autour était bien le coeur de Kuala Selangor
La première grande attraction de la ville est la colline de Malawati . Si tout le monde grimpe là-haut ce n est ni pour le phare , ni pour la vue sur la baie mais pour les singes . En Malaisie j avais déjà vu de ces primates attendre sur le bord des routes qu un automobiliste s arrète pour leur jeter quelques friandises . A Malawati les singes se rassemblent sur le rail de sécurité de la route en une longue file rappellant les colonnes de mendiants qui se rassemblent devant les lieux saints en Inde . ils attendent que les gens veuillent bien leur donner à manger . Ils ne sont jamais déçus puisque l on vient pour cela . Pour remercier ils savent prendre la pose malgré une instinctive camerashyness et à amuser chacune et chacun en grimpant sur les passants les plus généreux . Le soir ils sont gavés , grapillent un peu et gaspillent beaucoup, meme les plus faibles en ont assez . Ils se desintéressent alors de ce jeu et remontent dans leurs arbres digérer en paix
TOUT LE MONDE EN POSITION , ILS ARRIVENT
J AI ENCORE TROP BOUFFE MOI !
PETITE SORTIE EN FAMILLE
La deuxième grande attraction , ce sont les lucioles , mais là j avoue j ai zappé

GEORGETOWN / TAIPING / LUMUT
232 KM ( 3104 KM )
ADIEU GEORGETOWN
Je pensais en quittant Taiping prendre directement vers Lumut , mais je suis tombé en chemin sur un petit gars de Nevers qui du haut de ses 77 ans vadrouille de par le monde . "50 pays , depuis que j ai pris ma retraite j ai fait 50 pays " me dit il comme l aurait fait un boxeur de ces 50 victoires . Allant vers les Cameron highlands je l ai accompagné jusqu à Kuala Kangsa , manière à profiter de son aura . Cela n étant vraiment pas ma route , comme toute bonne compagnie nous nous sommes séparés après une pause banane .
Je réussis à trouver un itinéraire convenable me menant à Lumut . 11 h etait déjà passé
C EST POURTANT LA MALAISIE
La journée était chaude , de la route émanaient des volutes de chaleur , lui donnant un aspect liquide dans lequel le ciel se reflétait . Après ces journées pluvieuses j avais oublié comme j aime rouler en pleine chaleur.
J ai vu des pécheurs de fleurs , un homme qui construisait un camping-car en béton ( il n y a pas de mauvaise manière de voyager ), des sourires , des nuages , un bureau de la posmalaysia dans lequel je m empressais de faire la queue pour toucher un mandat , la pluie qui m attendait à la sortie et le port de Lumut
SON CAMPING-CAR N ETANT PAS FINI JE N AI PU FAIRE DE PHOTO, MAIS J AI EU L AUTORISATION DE PRENDRE SA CHAMBRE A COUCHER
LUMUT

La nuit dit on porte conseil, dans mon cas il me fallut attendre le matin et quelques coups de téléphone , la seule bonne vieille méthode éprouvée , pour me décider de revenir sur Malacca ou cette fois j étais sur de trouver un ferry vers l Indonésie .
Passé le reste de la journée à révasser dans les rues de Georgetown
SA MAIRIE
SON EGLISE
SON MONUMENT AUX MORTS ,C EST COMME A LA MAISON

TANAH RATA / IPOH / TAIPING / GEORGETOWN
299 KM ( 2872 KM )
J ai laissé derrière moi les vertes collines s estomper dans le bleu et les nuages , pour aller vers Penang ( georgetown) ma porte de sortie vers l Indonésie .
J étais triste de quitter ce beau pays au grand coeur vert et son peuple , comment ne pas s attacher à des gens qui aiment les chats , le vélo et les fraises en peluche .
Mais j etais content de quitter ce pays pour m ouvrir une nouvelle frontière
De Ipoh à Taiping j ai eu beaucoup de pluie et de meme le jour suivant
. Elle cessa lorsque je passais le pont de Butterworth pour accéder a la jetée
. Un petit tour en ferry et je roulais dans les rues blanches de Georgetown . Un désordre ambiant , des foules cosmopolites et un soleil à son plus beau jour me rendirent rapidement cette ville sympathique .
Je trouvais à me loger dans le quartier indien , non loin d un anandabhavan ( appellation de restos indiens célèbre ) . Je ne m attardais pas et filais à l agence de voyage pour m acheter un billet pour l Indonésie .

J avais bien préparé mon affaire . Dans une édition française de 2012 du fameux lonely planet ( un emprunt ) j avais trouvé des renseignements sur une ligne desservant Medan (Sumatra ) depuis Penang . Je consultais sur internet le site de la compagnie ( indomal) affrétant les bateaux avec horaires et prix . Pour plus de sécurité j allais sur un autre site donnant à janvier 2013 la ligne en activité . J ouvris avec confiance la porte de l agence de voyage Langkawi et fus accueilli par le grand et beau sourire de la jeune préposée . Son sourire ne diminua pas au contraire ,lorsqu à ma requéte elle repondit que le service était interrompu depuis trois ans
Des voies de garage depuis que je voyage à vélo , je m y suis souvent cassé lz nez . J ai meme perdues des routes , pas mon chemin , des routes qui s évanouissaient dans une ornière , dans les flancs d une colline ou dans l à peu près, mais c est la première qui s arréte dans une agence de voyage
J ai beau avoir quelques kilomètres au compteur et avoir essuyé pas mal d avanies , cette contrariété m a un peu gachée l humeur et mon approche de la ville , qui c est réduite à comment rejoindre l Indonésie
C est la vie !

KUALA LIPIS / TANAH RATA
134 KM ( 2573 KM )
Pour monter aux Cameron highlands la voie normale est par la cote ouest via Ipoh ou Tapah . On peut aussi y accéder par Gua Musang , route C 185 . Sur ma carte (quoique j ai pu en dire sur sa précision , elle ne m a jamais mis sur le mauvais chemin ) j avais remarqué la route C156 qui des environs de Kuala Lipis y conduit . J ai cherché sur le réseau des renseignements et des expériences la concernant mais je n ai rien trouvé , meme pas sur "crazyguyonabike" qui est pourtant pour les cyclotouristes une source inépuisable d informations , de reves et de frustrations. Qu importe , il faut toujours oser .
Jusqu à Sungai Koyan quelques villages et palmeraies , après je me suis retrouvé seul face à la route . Une très belle route mais pas de bornes kilométriques ( je ne ressens leur rassurante utilité que dans leur absence , en temps normal leur régulière apparition ne fait que me rappeler à quel point je rame et je rale ) , j ai apperçu quelques hameaux , deviné des exploitations forestières et vu très peu de voitures , j ai du moins en croiser que je n ai fait de kilomètres . Pour le reste ce ne fut que jungle et colline
Après ces heures de solitude , l arrivée aux abords de Ringlet fut désagréable , à perte de vue des serres de fleurs ou de fraises , une route défoncée par les camions et les 4x4 . Je suis monté sur Tanah Rata comme à l échafaud , les serres se faisaient moins nombreuses mais étaient remplacées par les structures touristiques . Avant méme de m y arréter je savais que je ne m y attarderais pas
On est jamais trop prudent]

Est ce bien ma route ?
[b]Ouf , c est la bonne ![/b
Un village de foret
Arrivée en ville

BUKIT FRASER / KUALA LIPIS
103 KM ( 2439 KM )
J aime m arreter sur mon chemin dans des lieux improbables . Que ce soit sous une bache en plastique pour m asseoir sur une chaise de jardin orange trop petite et boire un tapu ( jus de canne à sucre ) ,soit dans une cabane de bois et papier qui tient Allah sait comment , pour me bruler les doigts de gourmandise en essayant de déguster des goreng pisang ( beignets de bananes . la première fois que j ai demandé le nom de cette petite merveille , les autres clients après délibération me répondirent contents d eux banana fry , je n ai pas osé leur dire que je voulais connaitre le nom malais et pas anglais, j ai quand meme dit merci ) ,ou dans un nasi kandar (un self halal) fraichement peint d un vert pomme qui donnait des reflets peu appétissants aux plats en sauce

Mon arrivée crée souvent de l embarras , un estranger ça parle estranger , ça mange estranger , mais quand j ai expliqué ce que je désirais dans mon malais grossièrement appris , la géne s estompe et on m oublie jusqu au moment de l addition

Ce gout pour les pauses hasardeuses doit remonter à l enfance . Sur la route des vacances entre Normandie et Bretagne nous nous arrètions pour boire un coup . Mon petit frère prenait invariablement un orangina et moi je ne me souviens plus ( déjà peu de constance et beaucoup d oublis ). J aimais ce moment sans vraiment savoir pourquoi , il justifiait à lui seul ces vacances
Toujours bien accueilli

KUALA LUMPUR / BUKIT FRASER
107 KM ( 2336 KM )
La route 55 ne mene qu Fraser 's hill . C est une ancienne station d altitude que prisaient les britanniques du temps de leur empire pour échapper à la chaleur et à la plèbe de Kuala Lumpur
De nos jours , le lieu est connu pour son golf de 1899 et son birdwatching
Hors les week-end ou elle appartient aux cyclistes ,la route est peu fréquentée .
Elle monte (gentiment) pendant près de 40 km à travers des collines couvertes d une foret primaire de toute beauté tropicale.L eau ruisselle de toute parts. Derrière la végétation dense je sentais la vie foisonner ,j assistais à une pièce de théatre ou le rideau restait baissé .
La route suit les tourments d une rivière qui a mesure de mon ascension se perd dans les profondeurs végétales . elle s enfonce loin dans les replis des flancs escarpés des collines passant sous des arches de verdure , les lacets sont innombrables mais bien fait .

J écoutais les yeux grands ouverts et je pédalais sans rien dire

KUALA LUMPUR
La ville ne m a pas paru interessante . IL y a les tours et la vue que l on a depuis leurs sommets , de là-haut j ai ressenti que c est une ville à vivre plutot qu à visiter

PORT DICKSON/KUALA LUMPUR
101 KM ( 2229 KM )
Kuala Lumpur est au centre d une énorme toile d autoroutes , de voies rapides et de toutes ces choses désagréables aux cyclistes
Il y a des pistes parallèles réservées aux 2 roues ( motorisés ou non )qui longent ces artères . Mais dans l inextricable enchevétrement de tunnels , ponts et routes , j ai fini par me perdre . A vrai dire je savais ou j étais , mais pas comment en sortir . Je voyais les tours là-bas qui me toisaient , mais ne progressais pas vers elles d un kilométre . Je dus , mais ne le répétez pas, prendre une autoroute pour ne pas finir mes jours dans un centre commercial de la banlieue de Kuala Lumpur
Sur le fil
Par la grande porte
Un peu d ombre
Oups
Un phare dans la brume

MALACCA/PORT DICKSON
97 KM ( 2128 KM )
Il y a des odeurs qui me touchent , celle des eglantiers en fleur , des colliers de jasmin noues dans les cheveux des indiennes , des figuiers apres le pluie ...
Quand j ai traverse un verger de frangipaniers , leur parfum m a gonfle la poitrine comme l aurait fait une bouffee de joie

Le plus difficile a Malacca est de prendre une photo sans avoir dans le cadre un collegue touriste . Pour ne pas gacher les pixels , personnellement je rase les murs , c est aussi la ou il y a le plus d ombre et c est tant mieux

MUAR/MALACCA
45 KM ( 2031 KM )
Malacca me rappelle Megeve , c est une toy-town , une ville de maisons de poupees
Meme si ce decor semblait un peu faux , j ai pris plaisir a me promener dans ces rues blanches aux maisons ornees de fioritures colorees . Les minarets sont en forme de pagode , les temples chinois coiffes de dragons ,les gopurams toujours aussi exuberants et les eglises de type mediterraneen . Malacca est plus encombre que le jardin d une maison de zone pavillonaire . On peut y voir une caravelle , les traces d un champion de culturisme , des arbres en plastique aux fleurs de led , un moulin a vent , une armada de cyclopousses decores bien au-dela du kitschissime ...
Il est plaisant de se meler aux groupes de touristes venant de Singapour , du japon ou dont d ailleurs qui s egaillent dans la cite comme des enfants dans un parc d attractions
Malacca est une ville ideale .On s y sent chez soi , bien au chaud au milieu de tout nos cliches

KELUANG/MUAR
134 KM ( 1986 KM )
La route serpentait dans les collines de cette région sacrifiée à la production d huile de palme .Apres chaque virage ,derriere chaque butte je ne découvrais que des palmiers , mes coups de pédales ne faisaient que me rapprocher d autres de ces arbres . Depuis un point haut je vis s étendre sous un ciel blanc un océan vert et sombre . Sans perdre courage je replongeais dans cette multitude .


Il me fallut parcourir plusieurs dizaines de kilomètres avant de sortir des exploitations et de passer devant un grand cimetière chinois et me sentir moins seul.

SINGAPOUR / JOHOR BARU / KELUANG
137 KM ( 1852 KM )
Le net , c est formidable , il fait prendre des précautions qui ne s avèrent en définitif pas nécessaires . J ai lu en différents sites que le passage à vélo du causeway ( 1056 m )entre Singapour et Johor était pénible voire pénible .Je suis donc parti de trèèèèès bonne heure pour éviter la cohue . Cela n a pas servit à grand chose , m étant trompé de route ( méat coule pas , j ai ma fierté ) j ai du sauter une barrière de sécurité avec le vélo sur le dos , le tout accompagné d un concert de klaxons de singapouriens que j imagine outragés . Sinon je suis passé sans difficultés .
J ai bien eu raison hier de prier Singapour , il est aussi balaise que Saint-Christophe , mais pour la pluie ce n est pas encore ça

Coté singapourien


Sur le causeway ( 1056 m )


Coté malais
Par contre je dois le reconnaitre qu il y a des passages de frontière plus glamour

SINGAPOUR
Je vais bientot reprendre la route après ces quelques jours de repos mais surtout de pluie , alors autant mettre toutes les chances de mon coté

Dieu me reconnaitra bien un tout petit peu

MERSING/SUNGAI RENGIT
Jour 15 : 183 KM ( 1676 KM )
Il y a des jours ou je ne suis d humeur à rien . Il y a longtemps que je ne cherche plus à incriminer qui ou quoi que ce soit , je ne suis d humeur à rien , c est tout.
Dans ces moments , pour moi et encore plus pour les autres , il est préférable que je me replie sur une activité mécanique , routinière en évitant les interactions meme les plus simples .
Ce jour , le mieux que j aie pu faire fut de pédalé
Dans mon souvenir la route n avait rien de particulier , elle était là et c était tout ce que je demandais .
Pas vu la trompe d un
J aurais pu continuer à pédaler pendant longtemps sans vraiment d efforts . Arrivé au bout de la jetée de Pengelih , je n avais plus beaucoup de choix , la noyade ou rebrousser chemin .
Pour la noyade je n étais pas d humeur ,il ne me restais qu à revenir sur Sungai Rengit . Alors que je retraversais cette petite ville portuaire un hotel est entré dans mon champ de vision , là ou ailleurs .

J ai passé la soirée assis sur un banc de béton à regarder les tankers faire la queue dans le détroit de Singapour . Les lumières de signalisation des bateaux scintillaient dans la nuit , c est joli comme les avions dans le ciel , en plus lent .
C est ce que j aime ces jours là : l attente

PEKAN / MERSING
jOUR 15 : 149 KM ( 1493 KM )
C en était fini des belles collines boisées, la route suit maintenant le littoral . Il y a beaucoup plus de circulation mais exceptée une ondée retardataire plus de pluie .

Derrière un maigre rideau d arbres , je vois pailletée sous un soleil pale la mer de Chine su sud . J aime la musique de ces mots "la mer de Chine du sud". Certains mots ont une véritable force , bien plus que ce qu ils nomment . Quand je prononce "la mer de Chine du sud " , je me sens loin

SERI JAYA / PEKAN
Jour 14 : 90 KM ( 1344 KM )
La journée avait pourtant bien commencée . Avec de la chance ( sur le papier cela ne peut que bien ce passé , après ça se complique ) je m étais choisi un itinéraire agréable le long de petites routes passant par des villages que meme google maps ne connait pas . Ce fut très agréable jusqu à ce que je traverse la voie rapide n°12 . Il suffit que je pose une roue de l autre coté pour qu il se mette à pleuvoir . Je fus vite trempé , erreinté , lessivé . Je m arretais fréquemment sous les arrets d autobus pour reprendre consistance et essorer ma casquette . Ce n est pas pour faire genre que je porte ce genre de chapeau , mais étant dans mes meilleurs jours myope , la visière m est très utile par temps de pluie pour voir à peu près ou je vais .
Heureusement je savais ou j allais passer la nuit une fois à Pekan,la " chief's rest house". C est une maison tout en bois construite par un sultan du Pahang en 1929.
Malgré son grand age sous la pluie elle me parut splendide. Meme si la plomberie me parut d époque le lieu reste magique . J etais transporté par l odeur d encaustique , par les bruits que font les vieilles batisses en bois et la taille démesurée des chambres , surtout sous plafond
. Je m imaginais dans un bungalow en extreme-orient pendant la saison des pluies comme dans un roman de Kipling .
Je passais un peu de temps à me laver , on ne sait jamais , et beaucoup à me secher .
Je sortis sous la veranda , une coursive donnant sur la tempete .
Je m y asseyais en tailleur pour regarder les élements à l oeuvre . Un chat maigre comme un chou vint s asseoir dans mon giron comme si la place lui était depuis toujours destinée . Ce pays aime les chats , partout ou je suis passé j en ai vu qui trainaient , dormaient , se lechaient ou attendaient dans les restaurants en bord de route que les clients leurs donnent un peu de nourriture et jamais en vain .Difficile de de ne pas caresser un chat le demande et se fait calin ., alors je m executais . Il ne miaula pas , mais s endormit paissiblement en remuant l extrémité de sa queue .
Le felin semblait content et moi aussi

KUALA LIPIS / JERANTUT / SERI JAYA
Jour 10 et 11 : 165 kM ( 1254 KM )

Bières chinoises ( le péril jaune en pack de six ), pétards ( Oh ! la belle bleue ) et karaoké ( je suis persuadé que cette chose est une invention de la CIA pour contrer l influence du communisme en Asie . Le phénomène n est vraiment apparu qu au moment de la chute de Saigon (1975 ) et n a fait que prendre de l ampleur depuis . La créature a comme d habitude échappée à ses maitres et alors que le communisme perdait ses fans , elles s est répandue commne une gangrène à travers le Sud-est asiatique ; essayé de manger tranquillement dans un resto en Thailande sans que quelqu un(e) vous ahane une ritournelle insipide aux oreilles . Meme la Chine est touchée , le parti a pris conscience des dangers du KTV et imposé aux boites de karaoké de passer une "vidéo musicale éducative" , mais je crains que ce soit déjà trop tard , la république populaire de Chine peut compter ses jours ) voilà comment on enterre le dragon

Bières , pétards et karaoké , voilà comment on célèbre la naissance du serpent
Une couche de peinture sur les meme vieux murs , je vous souhaite quand meme :
Bonheur et prospérité pour cette nouvelle année chinoise

GUA MUSANG / KUALA LIPIS
Jour 9 : 120 KM ( 1089 KM )
En arrivant à Kuala Lipis , j ai commencé par faire le tour des hotel dans la rue historique de cette ville qui connue son heure lors d une ruée vers l or ,il y a bien longtemps .Je me suis vite apperçu que derrière les jolies façades style patisserie laotienne , les chambres offertes respiraient l humidité .
Je traversais la voie ferrée pour rejoindre les nouveaux quartiers et trouver dans un gros immeuble de 7 étages l hotel centerpoint , ou je pris une chambre pour la nuit

La sympathique quoique dilettante équipe de l établissement m alloua la 729 , à coté de la 728 ( étonnant , non ) consacré à la prière musulmane (étonnant,non )
La modernité selon les standards malais , l eau , l électricité et Dieu à tout les étages ( plus l ascenseur )

GERIK / JELI/ GUA GUSANG
Jours 8 et 9 : 241 KM ( 969 KM )
Ce jour là , ce fut jungle matin , midi et soir .
Dans quelque lieu entre Belgum et Jeli , j ai planté ma tente en pleine foret à l ombre des fougères arborescentes , avec pour voisins des singes ( qui quand ils ne préparent pas un mauvais coup , ronflent comme des hérissons ) , des civettes ( non , cela n est pas la femelle du civet, mais une espèce de chat sauvage . Quoique vu le nombre de restaurants chinois en Malaisie , c est peut etre la femelle du civet ) et des chauve-souris ( les plus agaçantes , le soir venu elles viennent autour de ma tente boulotter les insectes en faisant plein de petits bruits aigus et des flap-flap )
La jungle la nuit , c est d abord un cri . Au crépuscule la peur des animaux nocturnes chasse celle des diurnes dans une explosion de hurlements , de sifflements , de claquements , de crissements ...

La rumeur a mille voix
Dans un tel milieu difficile de dormir du sommeil du juste . N allez pourtant pas croire que j avais quelque chose à me repprocher , méme si les singes et les chauve-souris semblèrent penser le contraire et ne me laissèrent guère me reposer
A l aube pour célébrer la venu du jour , je me joins au choeur de la foret qui comme moi était étonné et heureux d etre encore de ce monde
( A cappella )
Frank , frank , frank of the jungle
Strong as he can be
Watch out for that tree
Frank , Frank , Frank of the jungle
Lives a life that's free
Watch out for that tree

BETONG / GERIK
Jour 7 : 54 KM ( 728 KM )
Grand jour , j entrais dans le vif de mon voyage , la Malaisie.
Je n aurais pas vraiment de nostalgie de la Thailande . Je suis passé complètement à coté de son peuple , que pourtant beaucoup me décrivaient comme chaleureux et aimable . Je l ai seulement trouvé poli , trop poli , lisse méme . Le seul thailandais que j ai trouvé agréable fut le douanier qui apposa le tampon de sortie sur mon passeport , il etait aux anges de me voir partir . Mais là , je dois faire un transfert
Il y a toujours quelque chose d émouvant à traverser une frontière . Ce n est pas seulement une ligne arbitrairement tracée sur une carte . On change non seulement de pays ,mais aussi de cultures ,de gens , de religions , de signes , de langues , d alphabets , de nourritures , de sourires , d indifférences ... On change aussi soi méme . Portés par nos a priori ou nos ignorances , nous nous comportons différemment ( il suffit de traverser la frontiére entre l Italie et la Suisse pour s en rendre compte ), nous devenons un autre étranger

Selamat datang ke Malaya

YALA / BETONG
Jour6 : 137 KM ( 674 KM )
Yala , 6h29 , je finissais de boucler mes sacoches qu un orage eclata
Yala , 6h48 , je regardais depuis ma chambre d hotel les dernieres gouttes tomber et decidais quand mème de partir
Yala , 7h01 , les nuages bas et sombres n annonçaient rien de bon , mais ne m empéchèrent pas de prendre la route
Yala , 7h13 , j étais trempé avant mème d etre sorti de la ville
...
Betong , 14h42 , je n étais plus qu une éponge en arrivant en ville et j entrais dans le premier hotel que je trouvais "le Jacky Chan"
Ce temps de cochon dans une region musulmane m a surpris , mais pas empeché de profiter de mes premiéres collines



Entre les gouttes , je vis enfin Betong apparaitre