Sincèrement, je suis le premier a ne pas vouloir y croire.
5 mois depuis mon dernier poste, il me semble que cela fait 5 jours, mais quels jours, quels jours...
Jour 1: Ou mon retour a Sydney
Me voilas donc de nouveau a Sydney, après mes péripéties a Dubbo.
Je retourne chez Richard, l'ami de mon père qui m'avait accueilli lors de mon arrivée un an plus tôt. Ma "chambre" est prise par un ami du fils de sa femme du coup, long story short, je me retrouve a dormir dans une pièce au sous-sol, ce qui me va très bien.
Je trouve un boulot en tant que recruteur de donateurs (ces personnes qui t'arrêtent dans la rue pour te proposer de donner de l'argent tout les mois pour une ONG alors que tu es en retard au boulot, qu'il pleut, que tes gamins t'ont pris la tête pendant le petit déjeuner et que la seule chose a laquelle tu aspires sur le moment et de coller ton poing dans la figure du premier imbécile qui te donne une raison valable de le faire... Désolé mon gars mais j'oeuvre pour une bonne cause donc va falloir garder ça pour le stagiaire qui dans une heure ou deux va trébucher sur le dossier que tu as pose par terre et dont le cafe va ruiner tes trois derniers jours de travail...).
Je suis confident dans ma capacité a exploser les records de la boite dans la mesure ou j'ai fait ce boulot a Paris, en plein hiver, pendant 6 semaines et que Sydney ne peut pas être pire.
Me voilas donc sur la mission "Seeing Eye Dogs" qui bosse avec les chiens d'aveugle, passionant... (au cas ou, c'est de l'ironie)
Je vais aller directement au fait, j'ai tenu une semaine. Soit t'as la fibre pour ce genre de boulot soit non et perso je ne l'ai pas mais alors pas du tout! Du coup, je me retrouve de nouveau sans boulot, une semaine après mon arrivée.
Je me dois de vous rappeler que mon but est de mettre assez d'argent de cote pour nous envoyer, Sarah et moi, en Asie pendant 3 mois...
Comment? Qui est Sarah?
Quoi, je ne vous ai pas dit? Peut être que j'avais mes raisons...
Pour faire simple, Sarah et une ravissante Austraglaise (anglaise et australienne) que j'ai rencontre lors de mon passage a Darwin. Et oui, en septembre dernier, et avec qui je pars a la découverte de l'Asie du sud est.
La morale de mon histoire et que je dois me blinder le compte en banque avant de partir et qu'a ce stade de mon récit je suis sans le sous (je viens d'acheter les billets d'avions avec le reste de mes économies et il me reste environ 140$).
Mais no worries mate, this is Australia!
Je quitte donc mon boulot le vendredi soir, passe un coup de fil a Brett, un autre ami de mon père et BAM, suis de nouveau au boulot le lundi matin... J'adore ce pays (et merci papa au passage).
Ce qui nous mène au deuxième jour.
Jour 2: Ou comment je m'accommode de ma vie a Sydney alors que je me rêve d'horizons asiatiques
Comme vous vous en souvenez surement, Brett est avocat et son bureau n'est pas des plus organise. Aussi, comme un an auparavant, mon job et de remettre de l'ordre dans tout ça. Je retrouve, avec plaisir sur ce coup la, mes chaussures de cuir, mon pantalon noir et mes chemises. Je reprends le bus tous les matins, a la même heure, avec les même personnes et me fonds dans la masse des petites fourmis de Sydney qui font tourner le centre-ville.
Le bureau n'as pas change et les dossiers sont ou je les avais laisse. Seul le personnel a un peu bouger et sur 8 personnes, Brett et moi sommes les seuls mâle (comme ils disent ici).
Et la vie reprend son court. Métro Boulot Dodo etc pendant 5 semaines.
Mais rien a voir avec ma première expérience. Je sais pourquoi je bosse, j'ai en tête que je suis dans cette situation car je pars sur une nouvelle aventure bientôt et cela me pousse a me lever le matin. Aussi ai-je le coeur léger et pousse la chansonnette sur mon chemin. De plus, j'apporte quelque chose de nouveau au boulot. Dans la mesure ou je suis de passage, je ne me prends pas la tête et fais rire mes collègues qui me le rendent bien.
Dans les accotés du boulot je suis allé voir Paul Simon en concert, j'ai bu des bières gratuites a un gala sous l'opéra house, je suis allé faire du canoë et me suis mis une dose incommensurable de film dans la tête, en prévision du manque que l'Asie allait opérer.
Et me voilas, 5 semaines après, avec 2300$ sur le compte en banque, près a saute dans l'avion avec ma belle.
Je prends soin de garer ma voiture, d'organiser mes papiers, de faire mon sac (4kg
) Et me voilas le 14 mai 2013 dans l'avion, direction le troisième jour...
Jour 3: Ou comment la Malaisie m'a faite rêver
Je vais maintenant jongler entre le JE et le NOUS afin de raconter mon histoire, car vous le savez, je ne suis pas seul.
Nous arrivons a Kuala Lumpur, capital malaisienne ou nous sommes accueillis par Veronique, une amie de maman rencontrée au Cameroun. A ce stade de mon récit je me rends compte oh combien il est agréable et facilitant dans un voyage d'avoir des parents qui ont tant de contacts
Du coup, encore une fois, merci papa, merci maman..
KL (et oui je me la pete) est un monstre urbain, sortie du sol ces dernières années, la ville n'offre, selon moi, que peu d'attraits. Aussi nous empressons nous de descendre dans le sud, a Melaka.
Toujours pas. Melaka, bien que plus petite que KL, reste une ville et je me rêve de nature.
Je ne suis pas tombe amoureux de la Malaisie. Sans faire de généralités, le pays dégage une atmosphère un peu austère, sérieuse. Les gens n'arborent pas de grands sourires dans la rue et au regard de la Thaïlande, que je m'apprête a découvrir, tout semble grossier. Mais cela ne m'a pas empêché d'y vivre le meilleur de mon voyage.
Dans la mesure ou nous voulons tout deux plonger, nous prenons la direction de Paulu Tioman, une ile dans le sud ouest du pays ou nous espérons pouvoir passer notre Open Water.
Et nous voilas sur le ferry. Au loin, l'ile offre petit a petit ses contours, émergeant de l'horizon. Et soudain nous y sommes, quelqu'un vient de crier "Air Batang Beach" et attrapant nos sacs nous sautons les premiers sur le ponton.
Face a nous, sortant de l'eau et s'offrant a nos yeux qui s'en délectent, une jungle recouvre toute l'ile. Sous nos pieds, le soleil joue de ses rayons sur l'eau turquoise et nous pouvons distinguer les poissons évoluer a travers les coraux.
Quelle image, quel sentiment. Je contemple ce spectacle avec la ferme certitude que j'appartiens déjà a ce monde sans même avoir mis les pieds sur la terre ferme.
Air Batang Beach (ABC comme les locaux l'appellent) est un village qui s'étend le long de la mer. Un chemin relie la pointe nord de la baie a la pointe sud. Pas de voiture, seules des motos peuvent circuler mais la "route" n'est pas assez large pour permettre a deux d'entre elles de rouler de front.
Nous nous trouvons un petit chalet, a 25m de la mer (je confesse qu'a marée basse, cela fait plutôt 40m) et nous inscrivons dans un centre de plongée.
En trois jours, nous avons notre diplôme en poche, mais quelle signification a ce bout de papier au regard du fait que nous venons de passer la frontière avec un nouveau monde?
Nous adoptons tous deux cet univers immédiatement et ma vie "change" quand, lors de notre dernière plongée, je me retrouve nez a nez avec l'un d'eux:
La visibilité est bonne, environ 12/14m, la température de l'eau est optimale, et nous descendons tranquillement a 15m de profondeur. Je suis a l'aise, le son de ma respiration dans le détendeur m'offrant un doux ronronnement. Je me tourne vers notre instructeur et une fois assure que tout est "OK", nous nous mettons en route pour la dernière avant la délivrance du diplôme. Poissons perroquets, poissons clowns, raies et tant d'autres font leur vie dans les coraux sans se soucier de nous. Nous sommes seuls, le récif est a nous et, confiant, nous jouons avec notre flottabilité, montants, descendants, embrassants la liberté qu'offre l'absence de gravite, quand soudain...
Bryan, l'instructeur, fait sonner sa cloche pour attirer notre attention. Alors que je me tourne vers lui, je l'aperçois.
Tout d'abord une ombre, une silhouette dans l'inconnu du bleu qui nous entoure. Puis petit a petit plus clair, plus distinct, il s'approche de nous, sans effort, sure de lui, maitre de son royaume, seigneur des océans, icône injustifié de nos peurs les plus profondes. Sortant majestueusement de la brume, il s'offre a mes yeux délectes et je me sens ennivre alors que je contemple mon premier requin pointe noire.
Il n'est pas gros, a peine plus d'un mètre, mais je reste subjugue par la perfection et l'aisance de cet animal que j'admire et qui me passionne tant. J'en oublie la première règle de la plongée qui est de ne jamais retenir son souffle mais je ne peux m'en empêcher, les bulles brouillants ma vision.
Nous avons vu 3 requins au cour de cette plongée et je m'offre ce soir la un Ricard pour fêter cette journée que je ne suis pas près d'oublier.
J'ai adore chaque minute passé sur Tioman. Je suis dans mon élément, montant aux cocotiers chercher mon gouter, admirant les varans nager dans la rivière, les singes jouer dans les arbres, les serpents se dorants au soleil, les chats partout, et la mer, avec ses nuances de bleu, nous offrants des séances de snorkel (palmes, masque, tuba) a couper le souffle quand tu te retrouves a nager avec les tortues...
Si la nature est extraordinaire, les gens que j'y ai rencontre aussi. Nous nous recréons une petite famille avec Ben et Carlos, deux instructeurs d'un centre de plongée, et Steeve, un américain sur la route depuis 4 ans et passons notre temps entre jeux de cartes, snorkel, soirée autour du feu etc.
Mais voilas, ça fait déjà deux semaines et demie que je suis sur l'ile et il est temps pour moi de me remettre en route car j'ai rendez-vous avec mes parents a Bangkok le 8 juin.
Je quitte l'ile seul, des rêves de plongées plein la tête et enrichie par les rencontres qui j'y ai fait, et prends la direction du nord, la direction de la belle et célèbre Thaïlande, ce qui ouvre le chapitre du quatrième jour.
Jour 4: Ou la dualite entre merveille et exasperation
Je ne vais pas vous faire l'affront de vous décrire la Thaïlande, vous la connaissez tous mieux que moi.
Apres mon passage a la frontière, je monte dans un train afin de rallier Bangkok. 24h de trajet plus tard me voilas dans la capitale. Et je dois dire, malgré le fait que je soit dans une phase ou être en ville me débecte, j'ai bien apprécie Bangkok. Le raffinement des thaïlandais m'impressionne et ne cessera de le faire tout au long du voyage.
Me voilas donc a ma destination, la veille de l'arrivée de mes parents, et je décide d'aller passer la nuit a l'aéroport histoire d'être sure d'être la quand ils arrivent et d'économiser une nuit d'hôtel.
Et la 8 juin au matin, après plus d'un an sans s'être vu, nous nous retrouvons en Thaïlande, pays qui leur parle plus qu'a moi. Ils me comblent de cadeaux (fromages, pain et saucisson....) et nous passons deux nuit a Bangkok avant de monter dans un train, direction Kanchanaburi, a l'ouest. La ville est célèbre pour son pont, ralliant les berges de la rivière kwai.Nous passons deux nuits dans une guest house, sur pilotis, avant de pousser plus a l'ouest vers Songklaburi et la passe des trois pagodes, a la frontière birmane. Apres deux autres nuits a kanchanaburi, nous rentrons a Bangkok car il est temps pour nous de récupérer la quatrième pièce du puzzle.
Nous retrouvons donc Alamou, et s'est de nouveau tous réunis que nous prenons la direction du nord, car je dois quitter le pays afin de renouveler mon visa. Nous passons donc quelques jours a Nong khai, sur les bords du Mékong. Tous les soirs, nous admirons un superbe couche de soleil de l'autre cote du fleuve, sur le Laos. Je passe la frontière afin de renouveler mon visa et nous revoilà en route pour Phitsanulok ou nous récupérons Sarah.
Ces deux semaines en famille m'ont fait beaucoup de bien. Je ne m'étais pas retrouve en présence de qui que ce soit qui me connaissait depuis plus d'un an et cela commençait a manquer.
Le plan a partir de la est simple, maman et papa se prennent quelques jours pour eux avant de monter dans l'avion et Sarah, Alamou et moi montons a Chiangmai.
Nous passons une semaine dans la capitale du nord. Entre soirées, visite de la ville, sources d'eaux chaudes, trekking, balade a dos d'éléphants et rafting, nous n'avons pas le temps de nous ennuyer et c'est la larme a l'oeil que je dis au revoir a ma soeur qui s'en va vers des horizons indonésiens.
Sarah et moi nous remettons en route, direction Pai, un petit village sature de touristes dans les montagnes au nord-est de Chiangmai. Nous y passons quelques jours a nous la couler douce (pas que mon voyage fut très stressant jusque la...) avant de monter plus au nord afin de passer la frontière birmane et renouveler notre visa.
Nous voilas donc a la pointe nord de la thailande, le 5 juillet. Il nous reste 5 semaines de voyage et la question se pose de savoir ce que l'on fait sachant que nous devons etre le 10 aout a Kuala Lumpur afin de prendre notre avion.
Apres de longues palabres nous optons pour le sud, pour l'ile de Kho Tao dont nous avons entendu beaucou de bien au cours de notre trip.
Nous sautons donc dans un bus direction Bangkok, puis dans un autre direction le sud. Et apres deux nuits sur la route puis 5h dans un bateau, nous atteignons la fameuse ile. Et quelle ne fut pas ma deception.
Ma premiere experience de la vie sur une ile fut celle sur tioman et au regard de ma description de mes deux semaines passees la bas, mes attentes etaient a leur maximum. Mais Kho Tao n'a rien a voir.
Petit cours d'histoire:
Kho Tao veut dire "ile de la tortue", mais ces dernieres ont deserte les lieux depuis quelques temps deja. L'ile est un prison de 1936 jusqu'a 1947, date a laquelle la prison fut fermee et les premieres familles vinrent s'installer. 70 ans plus tard, le litoral est sature d'hotels, bars, centres de plongee et magasins. Les seuls locaux que j'ai croise furent deriere les caisses des magasins ou les serveurs aux restaurants...
Dire que je n'ai pas apprecier mes 10 jours sur Kho Tao serait mentir. Je suis dans un endroit qui reste magnifique, surtout le soir, dans la baie de chalok ou allonge dans un hamac je me prelasse et jouie du spectacle des lumieres qui s'amusent sur la crete des vagues, mais ce n'est pas ce que je recherche. Voyager comme un mouton, parque avec mes semblables sans jamais avoir une interaction avec mes bergers ne m'interresse pas.
D'aucuns diront que je n'avais qu'a me prendre par la main et sortir des sentiers battus, ce a quoi je repondrai,
_"oui, oui oui, tu as tout a fait raison"
_"Mais alors pourquoi ne l'as tu pas fais car tu es la a te plaindre mais de mon point de vue c'est un peu ta faute..."
_"Et encore une fois tu as raison, je ne me suis pas donne la peine, mais dans la mesure ou c'etait ma premiere experience en thailande, tel un novice je me suis laisse guider... Cependant tu dis que je me plainds et j'aimerai corriger cela. Je ne crache pas sur la situation, en partie car j'en ai bien profite, je fais juste le constat que ce type de voyage n'est pas pour moi."
Et ainsi, apres une plongee avec des merous geants (the high light du sejour) il est temps de repartir pour le sud et la Malaisie. Ce qui ouvre le dernier chapitre de ma petite histoire...
Jour 5: Ou Moi, Madhi, moniteur de plongee
Une fois de retour en Malaisie, une fois de plus a la pointe nord du pays, nous decidons de descendre tout droit dans le sud, sur tioman. Notre logique est simple. Nous sommes en haute saison et apprehendons le fait que tioman puisse etre saturee de touristes. Du coup, commencer par la nous donne la possibilite de partir voir autre chose si nous ne retrouvons pas la meme ambiance que la fois d'avant.
Bon je me doute que vous avez compris qu'en un sens nous nous mentons un petit peu a nous meme sur ce coup la et que ce que nous voulons vraiment au fond, c'est de retrouver cette plenitude eprouvee la premiere fois pour le plus longtemps possible... Et du coup rebelotte pour environs trois semaines.
Nous retrouvons notre petit chalet, le chat qui dort sur notre porche, tous les animaux, la foret, la mer et surtout nos amis. Pas tous, car Steeve n'est plus la, mais Carlos et Ben, les moniteurs de plongee, ont deux nouveaux collegues de travail avec qui la mayonnaise prend tout de suite.
Je passe donc mon temps au centre de plongee, posant mes questions sur tout et n'importe quoi, apprenant chaque jour un peu plus sur cette vie et m'y fondant comme dans un moule. J'en arrive au stade ou je renseigne les clients, donne des conseils aux uns et aux autres et m'investis meme dans l'amelioration du centre.
En parallele de tout cela, je passe mon advance open water, ce qui me permet maintenant de plonger de nuits, sur des epaves, de descendre a 30m etc. Dans la mesure ou le proprietaire du centre n'est pas la, nous avons l'autorisation de faire autant de plongees que nous le souhaitons, gratuitement, et je m'en donne a coeur joie.
Du coup je quitte de nouveau tioman avec la certitude de vouloir vivre ce type de vie. Pas d'en faire une carriere, mais au moins de me prendre une saison pour vivre le reve du moniteur de plongee sur une ile paradisiaque...
De la c'est simple, retour a kuala lumpur, puis avion back to Sydney d'ou je vous ecris ces lignes.
Mon "plan" aujourd'hui et de recuperer une/ma voiture, reprendre la route et chercher du boulot car je resigne pour un an au pays des kangourous. Et oui, vous avez pas fini de me lire...
Comme a l'accoutume je vous embrasse fort et si je ne donne pas de nouvelle ce n'est pas pour autant que je ne pense pas fort a vous tous.
See you soon