blog de minibustour

Pastèque ou Coca-Cola ?

Le 23/08/11, 17:33

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Nous voilà enfin à Aktau au bord de la mer Caspienne. Derrière nous, près de 3000 kilomètres de montagnes, de steppes et de déserts. En seulement 6 jours, nous avons réussi cette traversée infernale de l'Asie-Centrale avec le minibus.

Pourquoi cette course ? Notre visa pour l'Azerbaidjan expire le 25 août et il nous a été impossible de le prolonger. De plus la compagnie assurant la traversée de la mer Caspienne n'ayant aucun fonctionnement régulier, il peut passer entre 4 et 11 jours entre deux services. Arriver le 21 août au port n'est pas seulement un exploit, c'est le meilleur pari que nous pouvions faire.

Le minibus a encaissé sans broncher tout le sable et les routes défoncées. 500 kilomètres par jour en moyenne et nous ne pouvions surement pas faire mieux ! Combien d'heures avons nous passé à 30 km/h ? La route entre Beyneu et Aqtau est certainement la pire. La partie centrale est impraticable, des stries rapprochées font vibrer le chassis au point qu'on l'imagine se disloquer et tomber en pièces et vis éparses. Restent les parties latérales ou les pluies ont fait s'effondrer quelques morceaux de route, englouties dans le sable ou la boue. Ces vagues de routes atteignent plusieurs mètres (et sont décalées pour chaque roues bien entendu) et c'est par là que nous nous frayons un passage. Parfois un rocher aperçu au dernier moment percute une roue et nous rappelle dans un atroce fracas metallique que nous ne sommes qu'une coque de noix perdue au milieu de cette immensité ou ne passent que quelques camions par jour.

Pourtant, à l'image des caravanes d'autrefois, ces routes à l'abandon sont jalonnées d'oasis. On dirait que les tenanciers de tchaïkhana* se sont mis d'accord pour installer leur baraques toutes les 3 ou 4 heures de route. Il n'y a pas vraiment de menu, et quand il y en a, notre hôte nous montre du doigt ce qu'il nous recommande (tout ce qu'il a en réalité). Nous sommes au milieu de nulle part, nous mangeons couverts de la poussière de la route. Comme dans un repaire de pirates, nous échangeons avec les autres marins sur l'état de la route, les zones de tempête, les distances entre les ports...

Dans la chaleur infernale de la journée, je rêve de boissons fraiches, de bouteilles glacées ou perlent les gouttes de condensation. Les dieux du marketing refont surface et l'image des publicités Coca-Cola hantent mon esprit. Marre du thé, je veux du froid, du glacial, n'importe quoi qui appaise ma gorges brûlante et poussiéreuse ! Un jour que nous nous étions assoupis sur le tapchan* ou nous venions de déjeuner, le tenancier nous apporte un quart de pastèque sans que nous le demandions. Il la pose sur un joli plateau argenté et la coupe sur le champ en morceaux d'une taille parfaite pour les manger. Je me redresse et attrape un morceau. Je croque. La pastèque est fraîche. Le jus coule dans ma gorge et procure une sensation indescriptible de bonheur. Comment ce fruit fait il pour rester froid quand l'atmosphère est une fournaise. C'est sucré. Je sens à peine les pépins. Je reprends un morceau puis encore un autre. J'ai l'impression de boire tellement le fruit est liquide. J'adore ! Je revis !

Cette sensation s'appelle "pastèque" !

Santi

* Tchaïkhana : maisons de thé.
* Tapchan : sorte d'estrade haute équipée de coussins et d'une table basse ou les Ouzbeks mangent en tailleur.

Posté par minibustour

Les Mille et une nuits

Le 21/08/11, 17:32

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Waou, ça y est, le van récupéré et réparé, on peut commencer l'aventure !

Encore tout excités de savoir que le minibus marche, c'est avec joie et remplis d'espoir que nous quittons Anvar et le Khirgizistan. On en revenait pas : nous touchions notre rêve du doigt, c'est à dire ramener le van jusqu'en France ! Mais le plus dure restait à faire, passer les frontières. Effectivement, ce ne fut pas une partie de plaisir !!! j'appréhendais beaucoup ces moments car Santi m'avait raconté que cela pouvait prendre du temps, au risque d'être bloqués pendant des jours. La première frontière fut celle qui sépare le Kirghizistan et le Kazakhstan. Le passage fut finallement assez facile. C'était tout de même impressionnant : les gens grouillaient partout portant des gros sacs de tout genre d'objets et les gardes frontières criaient afin de mettre un peu d'ordre à ce chaos !! on m'a fait descendre du van pour aller prendre la file des piétons, tandis que Santi restait dans le véhicule. On n'avait aucun moyen de communiquer, passant la frontière chacun de son côté. La "Border police" était très sympa avec moi. Le mot "fransus" les faisait réver. Ils étaient fiers de me montrer qu'ils connaissaient quelques mots de la langue de Molière. J'ai eu droit aux "Jean-Paul Belmomdo", "Zidane", "Alain Delon"... Faut imaginer avec l'accent kirghize, kazakh ou encore ouzbek !! J'ai remarqué que dans ces pays là, il vallait mieux être français qu'américain !!!!!!

Une fois la frontière traversée, un long périple nous attendait. En Asie centrale, les infrastructures sont en assez mauvais état. Certaines routes étaient défoncées, surement le résultat du climat rude composé d'hivers extrêmement froids et d'étés caniculaires, ajouté à cela une inertie gouvernementale préférant mettre l'argent ailleurs !!! J'étais incapable de conduire le van sur ces portions de route tellement les trous étaient "huge". Je regardais Santi essayant de dompter l'engin tant bien que mal qui malgré son vieil âge résistait à toutes les secousses.

D'ailleurs, en évocant la conduite, j'ai conduit le minibus !! Et oui !!! Je ne vous cache pas qu'au départ j'étais un peu peureuse et démunie devant cette carcasse qui était plus agée que moi (1981) et que je découvrais pour la première fois !! Les débuts furent difficiles car la boîte à vitesses est particulière (seulement 4 vitesses avec le système du double débrayage) et le volant très très raide à manier. Mais une fois installée aux commandes, c'était un bonheur de le conduire ! Dès les premiers kilomètres, un sentiment de liberté m'envahit !!! C'est à ce moment précis que je compris enfin ce qu'a pu ressentir Santi 4 ans auparavant lors de son voyage sur les mêmes lieux au volant de son véhicule...

J'avais un réel plaisir à le conduire au milieu d'un paysage magique et si dépaysant. Le décor de l'Asie Centrale ne ressemble à aucun autre. Je le qualifierai d'exceptionnel tant par ses couleurs que ses formes et ses odeurs. La route était jalonnée de divers paysages passant du désert au terres arides et des steppes aux hautes montagnes. Le soleil de plomb ajoutait un caractère envoutant aux lieux. Il colorait le sable d'un jaune orangé luisant et rendait sa couleur naturelle aux monts enneigés. La faune et la flore n'étaient pas très diversifiées. On retrouvait toujours des chameaux, des dromadaires, des chevaux, des ânes et des moutons broutant l'herbe sèche et une végétation quasi inexistante. D'ailleurs il n'était pas rare de se retrouver face à un chameau planté en plein milieu de la route attendant je ne sais quoi !!!

La ville la plus extraordinaire de cette partie enclavée du continent asiatique est Samarkande (Ouzbekistan). L'expression la plus appropriée pour la qualifier est "la ville des milles et une nuits". Plongée au milieu de cette cité, on ressent tout la culture de l'Orient. Et pour les plus imaginatifs comme Santi, on arrive facilement à voir les tapis volants d'Alladin !!! Son histoire lui a légué des vestiges d'une beauté rare et originale. Les mosqués-medressa possèdent un toit bleu qui se confond avec le ciel et les mosaïques qui les composent sont d'une finesse incroyable !!! Samarkande est le joyau de l'Asie-Centrale.

La traversée du Kirghizistan, du Kazakhstan et de l'Ouzbekistan fut une épopée rude mais intense. Les payages magnifiques rendent ces lieux envoûtants et mystérieux.

Manue

Posté par minibustour
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