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Juillet fait toujours sa mauvaise tete . Depuis le début de la belle saison je n ai pas beaucoup entendues les cigales chanter , pas suffisamment pour qu elles puissent prétendre au statut d intermittentes . J espère lorsque la bise sera venue qu elles trouveront quelques lieux ou danser , si elles ne veulent pas aller crier famine chez une voisine en espérant que celle-ci soit préteuse

Le mois de juillet traine des pieds . Durant cette journée , le bout de ciel accroché à ma route s est enteté dans le gris . Quelques cigales s essayèrent à donner un air provençal à ce coin du Haut-Var , mais le grondement du tonnerre les ramenèrent au silence . La rumeur céleste s avéra fondée , un déluge s abattit sur la D562 au niveau des quatre chemins . Muni de mon parapluie je m abritais sous les frondaisons de la foret et patientais . D ailleurs cela peut paraitre contrariant , mais c est aussi un moment du voyage , et comme chacun d eux il m est précieux

Je n en fini plus de vieillir , à croire que je n ai fait que cela toute ma vie .
Ce matin à mon réveil , après la belle journée d hier passée à vélo , je suis sorti de mon hamac me dépliant laborieusement , membre après membre , à la recherche d une illusion de souplesse sans m inquiété plus que nécessaire des nombreuses petites douleurs que je ressentais dans telle ou telle partie de mon corps . Je me consolais de la formule de Ricet Barrier : " Passé un certain age , quand on se réveille sans avoir mal quelque part , c est qu on est mort " . Rassuré je regardais le soleil se lever , souriant de tout mes zygomatiques qui eux ne font pas mon age

A potron-minet roulé en boule au fond de mon hamac j étais réveillé par le cri du coucou . Etant de bonne composition le matin au réveil , je sortais le nez de mon duvet et lui répondais :
" Coucou ! "
" Coucou ! " me faisait il en retour
" Coucou ! " m amusais je
" Coucou ! " gazouillait il
" Coucou ! " insistais je
" Coucou ! " se moquait il
" Coucou ! " grinçais je
" Coucou ! " ...
J ai beau étre de bonne composition le matin au réveil , je finissais par l envoyer pondre ailleurs et m occupais de mes affaires avant de reprendre la route . A peine avais je posé une fesse sur ma selle de vélo qu il se mit a pleuvoir , j aurais du etre plus gentil avec le coucou !

Cela ne faisait pas longtemps que j avais remisé ma bicyclette que déjà des fourmis me chatouillaient le bout des orteils . Je m étais promis de laisser ma vieille carcasse se reposer un mois ou deux , mais ces sacrées bestioles ne me laissèrent aucun repit . Je finis par craquer quand ces petites betes s attaquèrent a mes cuisses , plus haut je crains , et comme l an passé je repris mes balades de fin de semaine
Cela me fit plaisir de retrouver les routes provençales . Pas encore de cigales , les matinées sont encore trop fraiches , mais les oliviers , l odeur du thym , le mont Ventoux en majesté , la pierre blanche et sèche etaient au rendez-vous ; Pour cette première sortie le mistral aussi était là , assèchant l air de ce début mai , lui donnant cette lumière bien particulière qui toujours m étonne et me plait

Depuis le matin , je voyais les nuages tourner , lourds et sombres , ils ne me promettaient rien d engageant . Je pus tout de meme arriver a Creon avant que le ciel après un impressionnant roulement de tambour , se déchire . La pluie etait froide , je n aillais pas plus loin que Marsanne
Passé le 15 aout , les anciens du coin disent avec l accent , qu au premier orage cela en est fini de l été et on s avance vers l automne .
La nuit fut fraiche et le jour se leva accompagné d un petit air . J ai hate de voir se que réserve la saison à venir

Depuis Beaucaire , j ai suivi le canal du Rhone à Séte . Il me mena gentiment à travers les rizières jusqu' à Aigue-Morte . Après une suite de plages , j alternais plage , étang , plage , étang , dans une zone désespérément plate . Après chaque virage j avais l espoir de voir une colline , une butte ou meme un dos d' ane , mais cet espoir retombait lui aussi à plat . Enfin , je vis Sete posée sur sa colline , cette vision de relief me rendit courage et je décidais de poursuivre en empruntant la voie verte qui passe entre l étang de Thau et la méditérannée . Mais cette colline ne cachait qu une bien plus grande platitude . Coincé entre une palissade de bois et un défilé de villages de vacance grillagés et digicodés , je supportais l ennui au lèvres les 14 kilomètres de cette horrible petite route sans possibilité de m en échapper. Arrivé à Marseillan , j en profitais pour prendre plein nord . Je sentais peu à peu la route se soulever sous mes coups de pédales . Entrant dans la garrigue j entendis les cigales , et aperçu quelles m avaient manqué

PLOUF !

Au matin à la sortie de Valdrome , petite discution potagère avec un retraité qui la serfouette à la main sortait de son petit jardin , il me confiait :
"Mes tomates ne rougissent pas ,
mes courgettes ne grossissent pas ,
mes laitues ne pomment pas . "
Je me joignait à son affliction , et philosophe il conclut :
" Année à foin , année à rien ! "
Cette révélation me laissa sans voix . Dire qu il me fallut à presque 50 balais ( et toujours pas d aspirateur , la la la ), venir dans le haut-Diois pour donner un sens .Je me saisis de cette vérité que je pris soin de garder bien au chaud . Je ne pus m empecher de la partager le long de mon chemin , avec l épicière , la boulangère , le marchand de journaux , un hippy propre qui faisait du stop , un chien qui somnolait au pied d un figuier , aux voitures . Je débordais de joie et meme seul je lançais aux nuages , à leurs ombres , aux arbres , au vent cette vérité
" Année à foin , année à rien "
Pourvu que cela dure

A Villefort , la caserne des pompiers est à 2 pas du camping municipale , on y donne le bal du 14 juillet. J ai par devoir républicain mis une belle chemise pour aller y feter la Nation .
Au camping , on m avait assuré que cela serait festif .
Emile et ses images , le démon de minuit
Indochine , Bob Morane
Partenaire particulier , partenaire particulier
François Valery , Emmanuelle
J ai d abord eu l impression de mettre trompé d année . Quand la sono a diffusé un célèbre gimmick disco , il ne fallut pas longtemps avant que l assistance , pourtant de tout les ages ,reprenne en coeur " born , born to be alive " , je me suis dit que la République avait connus de bien meilleurs jours

Get your kick on the route 66

Je montait la petite route qui depuis Malijai mene à Puimichel . Depuis le haut de ma selle je voyais le jour naissant surligner de blanc les crétes de la montagne de Beynes . La vallée prenait une couleur d or gris , ou de grands lambeaux de nuits s accrochaient encore
Je contemplais cet avènement avec la plenitude de l indifférence

Depuis que je sillonne les routes à bicyclette , des chiens m ont jappé ,des marmottes m ont sifflé , des chameaux m ont blatéré ,une bufflesse m a grmmmmfé ,des chevreuils m ont aboyé , un éléphant m a éternué , des humains m ont parlé ; mais ce qui m a le plus impressionné c est le silence de ce vautour croisé dans la descente du col de la pertie

Tout le monde n a pas la chance de pouvoir partir frotter ses reves à un lointain Katmandou , à un Valparaiso ou à un Pontault Combault . Je n ai que mes week-end , mais je pars et c est le plus important

Mon compagnon de chemin