Le 09/01/14, 17:02
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4h le réveil sonne. C'est celui de Mickie. Heureusement, car je n'ai pas entendu le mien...
Il insiste pour m'accompagner jusqu'au bus. Nous partons tous les 2 en bajaj, pour arriver, encore une fois devant le portail fermé de la station. Il y a beaucoup plus de monde que la veille, la foule déborde sur le tarmac, ce qui vaut pas mal de coups de klaxon. Habiter en face de la gare routière, tu n'as pas besoin de réveil...
On croise même la folle de la veille, mais avec des vrais habits, cette fois, pas d'huile de vidange...
Je n'ai pas de ticket, Mickie m'a dit la veille que je n'en avais pas besoin, on verra sur place.
Les portes s'ouvrent, encore une fois, les gens courent. Mickie me dit de patienter quelques secondes, et de faire attention à mes poches.
Nous arrivons à un bus, malheureusement, pas de direct jusqu'à Lalibela, il faudra changer à Weldiya, et peut être même un autre après ...
Dans le bus, qui est quand même bien rempli (heureusement que je ne suis pas arrivé 10 minutes plus tard...), je suis assis à côté d'un français.
Il s'appelle Meftah, il vient de la région parisienne, et il a lâché son boulot pour un an autour du monde, avec l'agence anglaise Travel Nation, celle que je connais et avec laquelle Marta a du arranger son voyage. Il me conseille même de ne pas partir avec ce type de billets "open", car il y a quand même des conditions de voyage et de dates, qui sont contraignantes. Il est parti du Cap en Afrique du Sud et devait arriver à Nairobi pour partir en Amérique du Sud, mais tous les voyageurs qu'il a croisé sur sa route lui ont conseillé de ne pas louper l'Ethiopie. Il rentre à Nairobi le 19, pour rejoindre Londres, puis le Pérou...
Il a lâché son boulot pour partir voyager, c'est la première fois qu'il part "longtemps".
Nous discutons énormément tous les deux, c'est une personne extrêmement cultivée, intéressante avec qui nous partageons énormément. Le genre de personnes que tu ne connais pas, mais qui te mets en confiance dès le premier contact.
Il est accompagné d'un Japonais, Tommy. Meftah m'explique qu'il y a énormément de japonais qui voyage dès la vingtaine, car, une fois rentrés dans la vie active, il n'y a plus de possibilités pour eux de voyager. Métro, boulot, dodo. 9h-22h tous les jours, une vie dédiée au travail...
La veille, il est allé à Negash, une ville proche de Mekele, avec la première mosquée d'Afrique. Lui est musulman pratiquant et il me confie que c'était un rêve pour lui d'aller la-bas, où sont même enterrés les compagnons du Prophète. J'ai loupé ça. Ce sera la prochaine fois..
D'autres français sont dans le bus. Deux autres.
Lors de la première pause déjeuner, nous nous retrouvons tous les quatre, avec Tommy en plus.
Le premier, Julien, vient de Strasbourg, et n'a aucun mal à me distinguer en tant que français. Mon tshirt de Fumuj me trahit... L'autre s'appelle Christophe, ils sont potes depuis longtemps et voyagent régulièrement ensemble. 1, 2, 3 mois... Ils sont tous les deux saisonniers et profitent de leurs hivers pour découvrir de nouveaux pays.
Ils se trouvent qu'on a même des potes en commun...! Julien fait partie d'une association à Strasbourg qui organise des festivals et concerts.
Small, small world...
Le bus repart après une pause petit déjeuner d'une grosse demie-heure, il faut même que j'arrête le bus pour dire qu'il manque deux Farenjis, Meftah et Tommy, qui trainaient à payer l'addition...
Après quelques heures, nous arrivons à Weldiya, où il va falloir trouver un autre moyen, tous les cinq, pour rejoindre Lalibela.
Julien monte sur le toit du bus pour récupérer nos sacs, il en a marre de payer 10 birhs à chaque fois pour les bagages. Ça nous fait bien rire, les jeunes locaux aussi. En revanche, le gars des bagages, beaucoup moins...
Un local (qui a fait toute cette route pour une paire de chaussures et repart illico...!) nous emmène à l'autre station, celle des minibus. Arrivés la-bas, la gare routière est assez vide, peu de véhicules, mais quand même pas mal de monde.
Et c'est le début d'une longue attente. On se fait transporter de minibus en minibus, on attache nos bagages sur le toit, on rentre, on attend, puis on ressort. Les destinations changent tout le temps, on commence à perdre notre patience, Julien s'accroche même avec un gar qui essayede nous faire casquer pour arriver Lalibela. Il veut presque se battre avec Julien, si c'était arrivé, je n'aurais pas donné cher de sa peau, au vu de la différence de gabarit entre Ju et le frêle éthiopien...
Ça me fait un peu redescendre sur Terre. C'est la première fois depuis que je suis arrivé que je vis un "mauvais" moment. Tout est relatif, bien entendu. Comparé à tout ce que j'ai vécu jusqu'à présent, cette heure et demie passée à se faire littéralement balader me dit que tout n'est pas rose dans ce pays.
Nous sommes accompagnés de deux locaux qui rentrent à Lalibela pour les vacances. Cela fait trois ans qu'il n'ont pas rendu visite à leur famille. Ils ont tous les deux des coupes de cheveux bien afro, on les surnommera les "Jackson Two"...
Celui qui parle le mieux anglais s'appelle Daniel. Meftah s'installe à côté de lui pour le trajet, nous trois autres français sommes méfiants, quasi certains qu'il veut nous soutirer de l'argent pour quelconque service.
Ju, Toto et moi sommes tout au fond du bus quand il part finalement pour Ganasha, une ville avant Lalibela.
Bientôt rejoint par un local qui s'assoit entre Toto et moi. Il est complètement défoncé au khat, même l'amharique est trop difficile pour lui dans cet état...
Il mâche après de la canne à sucre. Il arrache le pourtour avec ses dents, puis croque dans le cœur du "bâton". Toto et moi sommes ébahis devant le repas du gars. J'en ai vraiment mal aux dents pour lui...
Finalement, nous arrivons à Ganasha en plein milieu de l'après-midi. Pas de minibus pour rallier Lalibela, nous nous installons donc au bord de la piste (plus de goudron...) qui mène jusque là-bas, 64km plus loin.
On attend une bonne demie-heure quand un 4x4 déboule et les Jackson Two l'arrêtent. Aussitôt que le chauffeur dit qu'il veut bien prendre des passagers à l'arrière, tout le monde (car bien entendu, d'autres locaux attendent aussi un moyen pour aller à Lalibela...) se jette sur le 4x4, nous nous retrouvons une bonne douzaine, plus nos sacs de Farenjis, à l'arrière. Le conducteur va se faire sa journée, si tout le monde paie...!
Ce n'est pas ce qu'entend un policier arrivant. Il ordonne à tout le monde de descendre, personne ne montera à l'arrière. Daniel commence alors à discuter avec le flic, qui nous accorde le droit de continuer jusqu'à Lalibela tous les 7 (les Jackson Two, Tommy, Meftah, Ju, Toto et moi) avec le conducteur. Nous le remercions fortement, nous sommes tous les cinq à l'arrière, ça va nous coûter 50 birhs (2 euros) par tête de pipe...
Nous partons et là, un des plus beaux moments vécus jusqu'à présent. La route (piste) est magnifique, nous étions presque à 3000m d'altitude à Ganasha, et nous descendons lentement jusqu'à Lalibela qui est à 2400m... On vit un moment super. Nous sommes hilares et en même temps stupéfaits par la beauté des paysages, sauf Meftah qui contemple... En cette fin d'après-midi, la lumière sur les flancs de montagnes est magnifique.
Je prends plein de photos, avec la GoPro aussi, dont une de nous cinq qui restera dans les annales...
Après une heure et demie de trajet, nous arrivons à Lalibela, il commence à faire un peu plus sombre...
Le 4x4 nous laisse à l'entrée de la ville, nous décidons de chercher un endroit où dormir tous ensemble.
Un minibus s'arrête et hurle par la fenêtre: "Vous cherchez un hôtel? J'ai une pension parfaite pour vous, les backpackers, pas chère...!"
Bon, on connaît l'histoire, il va falloir négocier sec, ça va être difficile parce qu'en cette période de fêtes, la plupart des hôtels sont pleins, et le peu de places restantes deviennent plus chères, comme il y a de la demande.
Je lance: "Sintenau?" (Combien?)
"100 par personne!"
Ni une ni deux, on ne cherche pas à savoir l'état et la propreté de sa pension, on ne réfléchit pas et unanimement on monte dans son véhicule.
En arrivant là bas, qui se trouve être un endroit assez central, on découvre les chambres. En effet, ce n'est pas le Club Med, loin de là, mais les chambres sont très correctes pour le prix. J'ai déjà payé 3 fois plus pour une chambre plus sale.
Il y a plusieurs chambres de vides, et le gars nous dit qu'il préfère nous faire payer ce prix-là, en trouvant des clients à 17h30, plutôt que les chambres soient vides.
Tommy et moi sommes dans des chambres avec salle de bains et toilettes communes, on arrive même à descendre le prix jusqu'à 80 birhs par nuit! (un peu plus de 3 euros...)
On rigole même avec le gérant à propos de la vétusté de sa pension...
"Où est le restaurant? Le sauna? C'est quoi le code du wifi...?"
Il est hilare. Il me dit qu'il va peut être aller à Bahar Dar le surlendemain, et que je pourrai bénéficier d'un bon siège. Bon, plutôt cool, ce sera confortable et je paierais sûrement moins cher qu'en minibus...!
On laisse nos affaires à la pension et Daniel (toujours avec nous) nous emmène au l'office de tourisme pour le lendemain, où il faudra acheter les billets pour la visite des 12 églises. 50 dollars chacun. C'est de loin le truc le plus cher que j'aurais payé en Éthiopie, mais c'est un must...
Sur la route du bureau, je tombe sur Alex, mon américain, entouré d'une dizaine de gamins. On se jette dans les bras l'un et l'autre. On s'était quitté à Gondar une semaine plus tôt, j'ai pris la route du Nord, alors qu'il venait ici. On s'était échangé quelques messages et quelques coups de téléphone depuis, mais j'étais loin de m'imaginer qu'un baroudeur comme lui pouvait rester plus d'une semaine au même endroit.
Il a eu la chance de faire le Noël orthodoxe ici, avec énormément de pèlerins, il nous fait une comparaison avec La Mecque...
Il continue sa route, on s'appellera plus tard pour boire un verre tous ensemble...
Le rendez vous est finalement donné pour 19h, dans un bar qui s'appelle Torpedo. Depuis le temps qu'il est ici, Alex commence à distinguer les bons plans des mauvais. Visiblement, celui-ci est un bon plan.
On se retrouve la bas à 18h55, en avance, j'en rigole intérieurement. Les éthiopiens sont "globalement" à l'heure (c'est quand même un pays africain, donc on part quasiment toujours en retard) mais jamais plus de 20 ou 30 minutes. Rien à voir avec les longues attentes que j'ai pu vivre il y a deux ans, parfois attendant 5 heures qu'un bus démarre...
On se retrouve sur une terrasse bien glauque, bétonnée, avec une lumière blanche d'un froid glacial.
On boit quelques bières, on s'échange plein de petits trucs pour la suite de nos voyages respectifs. Tommy et moi faisons la même route jusqu'en Ouganda, Meftah et Alex vont se retrouver en Amérique du Sud, et je vais retrouver Ju et Toto à Dar es Salam ou Zanzibar, puisqu'ils prennent leur avion le même jour que moi, mais par une compagnie différente.
On décide de rentrer à l'intérieur du bar, où il y a des danseurs et danseuses, des musiciens, et puis il commence à faire frais sur la terrasse...
On reboit des bières, je discute bien avec Toto qui est vraiment sympathique, on mange un bout, et puis on décide de boire du tedj, l'hydromel éthiopien. Nous avons le choix entre le "light" et le "strong", on part sur le plus fort.
En effet, c'est bien fort mais c'est vraiment bon, on continue de discuter, de danser, etc...
Je commence à être bien pompette, quand je décide de mettre la deuxième tournée. Tommy est bien saoul, il décline mon invitation, quant à Ju et Toto, ils sont bien partants. J'ai trouvé des compagnons de picole... Héhé...
Et puis d'un seul coup, tout change. Je me sens saoul d'un coup d'un seul, même sort pour mes congénères...
Je n'arrive même pas à finir le deuxième verre. On rigole beaucoup, et Meftah (qui ne boit pas d'alcool) est notre Sam de ce soir, il est chargé de nous raccompagner à la pension...
Il a bien du rigoler, accompagnant 3 français et un japonais bien bourrés, tous hilares...
On arrive à la pension, on se donne rendez-vous à 7h pour partir visiter.
Il est une heure du matin, je rentre dans ma chambre et m'effondre sur le lit, le sommier s'effondrant aussi...
zZzZzZzZ...
Il insiste pour m'accompagner jusqu'au bus. Nous partons tous les 2 en bajaj, pour arriver, encore une fois devant le portail fermé de la station. Il y a beaucoup plus de monde que la veille, la foule déborde sur le tarmac, ce qui vaut pas mal de coups de klaxon. Habiter en face de la gare routière, tu n'as pas besoin de réveil...
On croise même la folle de la veille, mais avec des vrais habits, cette fois, pas d'huile de vidange...
Je n'ai pas de ticket, Mickie m'a dit la veille que je n'en avais pas besoin, on verra sur place.
Les portes s'ouvrent, encore une fois, les gens courent. Mickie me dit de patienter quelques secondes, et de faire attention à mes poches.
Nous arrivons à un bus, malheureusement, pas de direct jusqu'à Lalibela, il faudra changer à Weldiya, et peut être même un autre après ...
Dans le bus, qui est quand même bien rempli (heureusement que je ne suis pas arrivé 10 minutes plus tard...), je suis assis à côté d'un français.
Il s'appelle Meftah, il vient de la région parisienne, et il a lâché son boulot pour un an autour du monde, avec l'agence anglaise Travel Nation, celle que je connais et avec laquelle Marta a du arranger son voyage. Il me conseille même de ne pas partir avec ce type de billets "open", car il y a quand même des conditions de voyage et de dates, qui sont contraignantes. Il est parti du Cap en Afrique du Sud et devait arriver à Nairobi pour partir en Amérique du Sud, mais tous les voyageurs qu'il a croisé sur sa route lui ont conseillé de ne pas louper l'Ethiopie. Il rentre à Nairobi le 19, pour rejoindre Londres, puis le Pérou...
Il a lâché son boulot pour partir voyager, c'est la première fois qu'il part "longtemps".
Nous discutons énormément tous les deux, c'est une personne extrêmement cultivée, intéressante avec qui nous partageons énormément. Le genre de personnes que tu ne connais pas, mais qui te mets en confiance dès le premier contact.
Il est accompagné d'un Japonais, Tommy. Meftah m'explique qu'il y a énormément de japonais qui voyage dès la vingtaine, car, une fois rentrés dans la vie active, il n'y a plus de possibilités pour eux de voyager. Métro, boulot, dodo. 9h-22h tous les jours, une vie dédiée au travail...
La veille, il est allé à Negash, une ville proche de Mekele, avec la première mosquée d'Afrique. Lui est musulman pratiquant et il me confie que c'était un rêve pour lui d'aller la-bas, où sont même enterrés les compagnons du Prophète. J'ai loupé ça. Ce sera la prochaine fois..
D'autres français sont dans le bus. Deux autres.
Lors de la première pause déjeuner, nous nous retrouvons tous les quatre, avec Tommy en plus.
Le premier, Julien, vient de Strasbourg, et n'a aucun mal à me distinguer en tant que français. Mon tshirt de Fumuj me trahit... L'autre s'appelle Christophe, ils sont potes depuis longtemps et voyagent régulièrement ensemble. 1, 2, 3 mois... Ils sont tous les deux saisonniers et profitent de leurs hivers pour découvrir de nouveaux pays.
Ils se trouvent qu'on a même des potes en commun...! Julien fait partie d'une association à Strasbourg qui organise des festivals et concerts.
Small, small world...
Le bus repart après une pause petit déjeuner d'une grosse demie-heure, il faut même que j'arrête le bus pour dire qu'il manque deux Farenjis, Meftah et Tommy, qui trainaient à payer l'addition...
Après quelques heures, nous arrivons à Weldiya, où il va falloir trouver un autre moyen, tous les cinq, pour rejoindre Lalibela.
Julien monte sur le toit du bus pour récupérer nos sacs, il en a marre de payer 10 birhs à chaque fois pour les bagages. Ça nous fait bien rire, les jeunes locaux aussi. En revanche, le gars des bagages, beaucoup moins...
Un local (qui a fait toute cette route pour une paire de chaussures et repart illico...!) nous emmène à l'autre station, celle des minibus. Arrivés la-bas, la gare routière est assez vide, peu de véhicules, mais quand même pas mal de monde.
Et c'est le début d'une longue attente. On se fait transporter de minibus en minibus, on attache nos bagages sur le toit, on rentre, on attend, puis on ressort. Les destinations changent tout le temps, on commence à perdre notre patience, Julien s'accroche même avec un gar qui essayede nous faire casquer pour arriver Lalibela. Il veut presque se battre avec Julien, si c'était arrivé, je n'aurais pas donné cher de sa peau, au vu de la différence de gabarit entre Ju et le frêle éthiopien...
Ça me fait un peu redescendre sur Terre. C'est la première fois depuis que je suis arrivé que je vis un "mauvais" moment. Tout est relatif, bien entendu. Comparé à tout ce que j'ai vécu jusqu'à présent, cette heure et demie passée à se faire littéralement balader me dit que tout n'est pas rose dans ce pays.
Nous sommes accompagnés de deux locaux qui rentrent à Lalibela pour les vacances. Cela fait trois ans qu'il n'ont pas rendu visite à leur famille. Ils ont tous les deux des coupes de cheveux bien afro, on les surnommera les "Jackson Two"...
Celui qui parle le mieux anglais s'appelle Daniel. Meftah s'installe à côté de lui pour le trajet, nous trois autres français sommes méfiants, quasi certains qu'il veut nous soutirer de l'argent pour quelconque service.
Ju, Toto et moi sommes tout au fond du bus quand il part finalement pour Ganasha, une ville avant Lalibela.
Bientôt rejoint par un local qui s'assoit entre Toto et moi. Il est complètement défoncé au khat, même l'amharique est trop difficile pour lui dans cet état...
Il mâche après de la canne à sucre. Il arrache le pourtour avec ses dents, puis croque dans le cœur du "bâton". Toto et moi sommes ébahis devant le repas du gars. J'en ai vraiment mal aux dents pour lui...
Finalement, nous arrivons à Ganasha en plein milieu de l'après-midi. Pas de minibus pour rallier Lalibela, nous nous installons donc au bord de la piste (plus de goudron...) qui mène jusque là-bas, 64km plus loin.
On attend une bonne demie-heure quand un 4x4 déboule et les Jackson Two l'arrêtent. Aussitôt que le chauffeur dit qu'il veut bien prendre des passagers à l'arrière, tout le monde (car bien entendu, d'autres locaux attendent aussi un moyen pour aller à Lalibela...) se jette sur le 4x4, nous nous retrouvons une bonne douzaine, plus nos sacs de Farenjis, à l'arrière. Le conducteur va se faire sa journée, si tout le monde paie...!
Ce n'est pas ce qu'entend un policier arrivant. Il ordonne à tout le monde de descendre, personne ne montera à l'arrière. Daniel commence alors à discuter avec le flic, qui nous accorde le droit de continuer jusqu'à Lalibela tous les 7 (les Jackson Two, Tommy, Meftah, Ju, Toto et moi) avec le conducteur. Nous le remercions fortement, nous sommes tous les cinq à l'arrière, ça va nous coûter 50 birhs (2 euros) par tête de pipe...
Nous partons et là, un des plus beaux moments vécus jusqu'à présent. La route (piste) est magnifique, nous étions presque à 3000m d'altitude à Ganasha, et nous descendons lentement jusqu'à Lalibela qui est à 2400m... On vit un moment super. Nous sommes hilares et en même temps stupéfaits par la beauté des paysages, sauf Meftah qui contemple... En cette fin d'après-midi, la lumière sur les flancs de montagnes est magnifique.
Je prends plein de photos, avec la GoPro aussi, dont une de nous cinq qui restera dans les annales...
Après une heure et demie de trajet, nous arrivons à Lalibela, il commence à faire un peu plus sombre...
Le 4x4 nous laisse à l'entrée de la ville, nous décidons de chercher un endroit où dormir tous ensemble.
Un minibus s'arrête et hurle par la fenêtre: "Vous cherchez un hôtel? J'ai une pension parfaite pour vous, les backpackers, pas chère...!"
Bon, on connaît l'histoire, il va falloir négocier sec, ça va être difficile parce qu'en cette période de fêtes, la plupart des hôtels sont pleins, et le peu de places restantes deviennent plus chères, comme il y a de la demande.
Je lance: "Sintenau?" (Combien?)
"100 par personne!"
Ni une ni deux, on ne cherche pas à savoir l'état et la propreté de sa pension, on ne réfléchit pas et unanimement on monte dans son véhicule.
En arrivant là bas, qui se trouve être un endroit assez central, on découvre les chambres. En effet, ce n'est pas le Club Med, loin de là, mais les chambres sont très correctes pour le prix. J'ai déjà payé 3 fois plus pour une chambre plus sale.
Il y a plusieurs chambres de vides, et le gars nous dit qu'il préfère nous faire payer ce prix-là, en trouvant des clients à 17h30, plutôt que les chambres soient vides.
Tommy et moi sommes dans des chambres avec salle de bains et toilettes communes, on arrive même à descendre le prix jusqu'à 80 birhs par nuit! (un peu plus de 3 euros...)
On rigole même avec le gérant à propos de la vétusté de sa pension...
"Où est le restaurant? Le sauna? C'est quoi le code du wifi...?"
Il est hilare. Il me dit qu'il va peut être aller à Bahar Dar le surlendemain, et que je pourrai bénéficier d'un bon siège. Bon, plutôt cool, ce sera confortable et je paierais sûrement moins cher qu'en minibus...!
On laisse nos affaires à la pension et Daniel (toujours avec nous) nous emmène au l'office de tourisme pour le lendemain, où il faudra acheter les billets pour la visite des 12 églises. 50 dollars chacun. C'est de loin le truc le plus cher que j'aurais payé en Éthiopie, mais c'est un must...
Sur la route du bureau, je tombe sur Alex, mon américain, entouré d'une dizaine de gamins. On se jette dans les bras l'un et l'autre. On s'était quitté à Gondar une semaine plus tôt, j'ai pris la route du Nord, alors qu'il venait ici. On s'était échangé quelques messages et quelques coups de téléphone depuis, mais j'étais loin de m'imaginer qu'un baroudeur comme lui pouvait rester plus d'une semaine au même endroit.
Il a eu la chance de faire le Noël orthodoxe ici, avec énormément de pèlerins, il nous fait une comparaison avec La Mecque...
Il continue sa route, on s'appellera plus tard pour boire un verre tous ensemble...
Le rendez vous est finalement donné pour 19h, dans un bar qui s'appelle Torpedo. Depuis le temps qu'il est ici, Alex commence à distinguer les bons plans des mauvais. Visiblement, celui-ci est un bon plan.
On se retrouve la bas à 18h55, en avance, j'en rigole intérieurement. Les éthiopiens sont "globalement" à l'heure (c'est quand même un pays africain, donc on part quasiment toujours en retard) mais jamais plus de 20 ou 30 minutes. Rien à voir avec les longues attentes que j'ai pu vivre il y a deux ans, parfois attendant 5 heures qu'un bus démarre...
On se retrouve sur une terrasse bien glauque, bétonnée, avec une lumière blanche d'un froid glacial.
On boit quelques bières, on s'échange plein de petits trucs pour la suite de nos voyages respectifs. Tommy et moi faisons la même route jusqu'en Ouganda, Meftah et Alex vont se retrouver en Amérique du Sud, et je vais retrouver Ju et Toto à Dar es Salam ou Zanzibar, puisqu'ils prennent leur avion le même jour que moi, mais par une compagnie différente.
On décide de rentrer à l'intérieur du bar, où il y a des danseurs et danseuses, des musiciens, et puis il commence à faire frais sur la terrasse...
On reboit des bières, je discute bien avec Toto qui est vraiment sympathique, on mange un bout, et puis on décide de boire du tedj, l'hydromel éthiopien. Nous avons le choix entre le "light" et le "strong", on part sur le plus fort.
En effet, c'est bien fort mais c'est vraiment bon, on continue de discuter, de danser, etc...
Je commence à être bien pompette, quand je décide de mettre la deuxième tournée. Tommy est bien saoul, il décline mon invitation, quant à Ju et Toto, ils sont bien partants. J'ai trouvé des compagnons de picole... Héhé...
Et puis d'un seul coup, tout change. Je me sens saoul d'un coup d'un seul, même sort pour mes congénères...
Je n'arrive même pas à finir le deuxième verre. On rigole beaucoup, et Meftah (qui ne boit pas d'alcool) est notre Sam de ce soir, il est chargé de nous raccompagner à la pension...
Il a bien du rigoler, accompagnant 3 français et un japonais bien bourrés, tous hilares...
On arrive à la pension, on se donne rendez-vous à 7h pour partir visiter.
Il est une heure du matin, je rentre dans ma chambre et m'effondre sur le lit, le sommier s'effondrant aussi...
zZzZzZzZ...