Le 30 mars, je retrouve ma propriétaire pour l’entrée des lieux dans mon nouveau logement, m’achète le minimum vital au chinois d’à côté pour pouvoir utiliser l’appart et me dirige à pieds vers un vendeur de hamac, content d’habiter dans le centre de Cayenne
. Le soir, je sais qu’il y a un concert de reggae à l’Iguana et décide de m’y rendre. La décoration du bar est très chaleureuse, avec ses longs canapés aux couleurs chaudes. Deux jeunes femmes s’installent à côté de moi puis engagent la conversation en attendant le début du concert. L’une d’entre elles connaît tout le monde, dont Oyana qui est aussi venu pour l’occasion ! Elle s’appelle Ivenare et est conseillère régionale à la jeunesse ! Nous discutons de la Guyane, des endroits où nous avons vécu. Ses amis nous rejoignent, dont l’une d’entre elle était aussi au bar des palmistes le dimanche précédent !
Nous passons une très bonne soirée et nous donnons rendez-vous au Jungle le vendredi suivant.
Le lendemain matin, je retrouve Pauline, Jennifer, sa coloc, Jean-Charles et sa copine pour partir à Awala. Toutes trois sont infirmières et lui est gendarme. Nous ferons connaissance pendant les trois heures de route, nous arrêtons à Sinnamary pour manger et arrivons vers Saint-Laurent du Maroni où la route se dégrade (nombreux nids de poule) pour arriver finalement à Awala, petit coin de paradis à la frontière du Suriname. A l’arrivée, nous allons voir René, le gérant amérindien pour nous installer sous le carbet loué par Pauline, premier montage de hamac+moustiquaire, baignade dans une eau à 25°C
, puis achat de pommes de terre, merguez, ailes de poulet, rhum, citrons vert, sucre de canne, rosé chez le chinois histoire de passer une bonne soirée. Nous improvisons un BBQ dans une jante qui avait déjà servi à un précédent festin. La nuit tombée, vers minuit, nous patrouillons sur la plage à la recherche des premières tortues luth, sans succès. Finalement notre voisine de carbet nous avertira qu’elle en a vu une à quelques centaines de mètres. Déjà quelques personnes se sont attroupées autour de l’animal. Une tortue luth doit faire environ deux mètres de long pour 300 kg. Elle creuse un trou de 80 cm de profondeur dans le sable pour pouvoir y pondre une centaine d’œufs. Après un dernier effort, la tortue couvre sa progéniture et masque ses traces pour éviter d’attirer d’éventuels prédateurs puis retourne à l’eau. Après cette belle histoire naturelle je retourne me coucher dans mon hamac. Le lendemain, petit déjeuner, baignade et retour sur Cayenne où je me rends compte en déballant mes affaires que j’ai ramené une scolopendre dans ma sacoche d’appareil photo. Une scolopendre, c’est un insecte peureux qui ressemble à un mille pattes vivant dans les endroits chauds et humides. Le soir venu, il profite de la fraîcheur pour se nourrir d’autres insectes. Il possède des mandibules dont la morsure peut être très douloureuse (œdème) voire mortelle (morsure chez les petits enfants ou les personnes âgées à la tête ou au cou)
. Bref, je la regarde, elle me regarde, je tourne la tête vers la porte parce que je sais que je n’ai rien pour m’en débarrasser, elle me regarde, je sors armé d’une claquette et donne un grand coup dans ma sacoche pour l’éjecter, elle prend peur et se cache dans un recoin de ma sacoche...essaie de l’extraire avec une fourchette, pas moyen. Sans autre solution, je décide de mettre ma sacoche au frigo et d’attendre qu’elle meurt de froid. Je sais, c’est super intelligent, ça fait maintenant 5 jours que la sacoche de mon réflex est dedans. En même temps, je ne sais pas combien de temps une scolopendre peut rester sans manger...La prochaine fois, je penserai à accrocher mon sac en hauteur...