Lisbonne

Pourquoi Lisbonne a décidé d’interdire les vols de nuit au moment où le tourisme explose ?

En bref

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Après des années de protestations et de mobilisations intenses de la part des résidents locaux, Lisbonne a enfin interdit les vols de nuit. Désormais, entre 1h et 5h du matin, aucun avion ne décollera ni n’atterrira à l’aéroport Humberto Delgado. Cette mesure, décrite comme un tournant majeur par le gouvernement portugais, est le fruit de longues discussions entre citoyens, groupes environnementaux et le conseil municipal. Quelles en sont les implications réelles pour la population et pour le secteur touristique florissant du Portugal ?

Une décision aux multiples enjeux

Cette interdiction vise à répondre à un problème qui n’a cessé de croître au fil des ans : les nuisances sonores provoquées par les avions, perturbant gravement le sommeil des habitants de Lisbonne. Pour certains résidents, les vols de nuit étaient devenus un cauchemar quotidien. L’organisation Zero, une ONG environnementale portugaise, a été l’une des premières à dénoncer ces nuisances, soulignant que les avions contribuent non seulement au bruit mais aussi à une pollution atmosphérique préoccupante.

Mais pourquoi cette interdiction prend-elle autant d’importance aujourd’hui ? En réalité, elle marque l’aboutissement d’années de lutte et de pressions populaires. Malgré des tentatives antérieures du gouvernement pour limiter les vols nocturnes, l’aéroport a continué d’enfreindre les limites imposées, avec 115 vols supplémentaires enregistrés en seulement deux semaines, selon The Portugal News.

Une victoire, mais des doutes qui subsistent

Bien que l’annonce ait été saluée par beaucoup, tous ne sont pas convaincus de son efficacité à long terme. Le groupe citoyen Aeroporto Fora, Lisboa Melhora, qui milite depuis longtemps pour l’interdiction, reste sceptique quant à l’impact réel de cette mesure. S’agit-il d’une interdiction totale ou les vols retardés d’autres aéroports pourront-ils toujours atterrir ? Ces questions sont sur toutes les lèvres, et l’absence de précisions du gouvernement ne fait qu’alimenter les inquiétudes.

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Miguel Pinto Luz, ministre des Infrastructures et du Logement, a qualifié cette interdiction de « grand pas en avant ». Mais pour les militants locaux, c’est une goutte d’eau dans un océan de problèmes non résolus. Pour eux, l’aéroport Humberto Delgado, situé à seulement sept kilomètres du centre-ville, reste un enjeu majeur de santé publique.

Un aéroport vieillissant avec des défis colossaux

Outre les vols de nuit, l’état de l’aéroport est une autre source de préoccupation. Vieillissant, il nécessiterait une rénovation estimée à 300 millions d’euros sur trois ans. Pour de nombreux citoyens, investir dans l’agrandissement de cet aéroport ne résout pas les problèmes de fond. Certains appellent à la construction d’un nouvel aéroport plus éloigné de la ville, afin de limiter les nuisances pour les habitants.

Cette situation complexe illustre parfaitement les défis auxquels le Portugal est confronté pour gérer un afflux touristique en constante augmentation. En effet, le pays, prisé pour ses paysages magnifiques et sa richesse culturelle, attire chaque année des millions de visiteurs. Mais à quel prix ?

Un effet domino des taxes touristiques

Dans ce contexte de gestion complexe du tourisme, Lisbonne a également introduit une taxe touristique. Depuis septembre, les visiteurs de plus de 12 ans doivent payer une « taxa turística » de 4 € par nuit pour les sept premières nuits. Cette mesure s’inscrit dans une série de politiques visant à réguler le tourisme dans le pays. La ville d’Albufeira, située dans l’Algarve, a, elle aussi, instauré une taxe similaire en mai 2024, de 2 € par nuit pendant la haute saison.

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Ces taxes, destinées à encadrer le tourisme et à préserver les infrastructures locales, soulèvent des débats. Certains voient dans ces prélèvements un moyen efficace de lutter contre le surtourisme, tandis que d’autres y perçoivent un obstacle potentiel à la croissance du secteur. Quoi qu’il en soit, elles témoignent d’une volonté du Portugal de préserver son attractivité tout en minimisant les impacts négatifs sur les résidents locaux.

Lisbonne face à un avenir incertain

La décision d’interdire les vols de nuit est-elle réellement le signe d’une prise de conscience écologique et citoyenne ou une simple mesure symbolique pour apaiser les tensions ? L’avenir nous dira si le gouvernement portugais parviendra à concilier les intérêts des résidents et ceux du secteur touristique. Dans un contexte où de nombreuses villes européennes cherchent à gérer un tourisme de masse souvent jugé envahissant, Lisbonne est peut-être en train de tracer une nouvelle voie, entre équilibre et compromis.

 

Alors que Lisbonne avance à petits pas pour répondre aux préoccupations de ses résidents, le défi demeure immense. Trouver un équilibre entre le bien-être de la population et le dynamisme économique du tourisme nécessitera bien plus que des interdictions symboliques. La ville saura-t-elle relever ce défi ?