Dès l’année prochaine, Venise renforcera son système de taxe d’excursion, avec un tarif doublé pour les visiteurs de dernière minute, passant de 5 à 10 euros. Cette mesure vise à contrôler l’afflux touristique et à soulager une ville qui souffre depuis longtemps de la surfréquentation. Le maire Luigi Brugnaro a souligné que cette taxe est essentielle pour protéger le cadre de vie des habitants et éviter des foules excessives pendant les week-ends et les périodes de vacances.
Comment fonctionne cette taxe d’entrée à Venise ?
La nouvelle version du système de taxation, prévue entre le 18 avril et le 27 juillet 2024, s’appliquera sur 54 jours ciblés, soit presque le double de l’année précédente. Elle concernera les vendredis, dimanches et jours fériés, de 8h30 à 16h, des moments identifiés comme les plus critiques en termes d’affluence. Le tarif augmentera à 10 euros pour ceux n’ayant pas réservé au moins quatre jours à l’avance, encourageant ainsi une planification anticipée des visites.
Certaines catégories de personnes seront exemptées de cette taxe :
- Résidents et personnes nées à Venise
- Étudiants et travailleurs se déplaçant pour des raisons professionnelles
- Touristes disposant d’une réservation d’hôtel ou d’hébergement officiel
Cette initiative cherche à limiter les visites d’un jour, jugées les plus néfastes, tout en encourageant les séjours plus longs. Le but est non seulement de réduire la pression touristique, mais aussi d’améliorer l’expérience des visiteurs et des résidents.
Une réponse urgente à un tourisme de masse devenu insoutenable
Venise, symbole de patrimoine mondial, fait face à des flux touristiques massifs, qui fragilisent à la fois ses infrastructures et son mode de vie local. Avant la pandémie, jusqu’à 30 millions de visiteurs par an, dont une grande partie en excursion d’un jour, traversaient la ville. Cette surfréquentation a failli coûter à Venise son statut de site protégé par l’UNESCO, poussant les autorités à interdire l’accès aux grands navires de croisière en 2021, une mesure saluée, mais insuffisante.
Les croisières continuent néanmoins d’exercer une pression considérable : en 2019, 1,6 million de croisiéristes ont débarqué dans la ville. En parallèle, le nombre de résidents du centre historique chute dangereusement, tombant sous le seuil des 50 000 habitants. Ce déséquilibre entre tourisme et population locale a accentué la migration des habitants vers le continent, privant la ville de services essentiels.
Une taxe d’entrée critiquée mais prometteuse
La première phase de test du droit d’entrée, bien qu’imparfaite, a permis à Venise de récolter 2,4 millions d’euros. Toutefois, cette initiative a reçu de nombreuses critiques. Giovanni Andrea Martini, conseiller de l’opposition, a souligné que cette taxe n’a pas réduit l’affluence comme prévu, les chiffres montrant même une augmentation moyenne de 7 000 visiteurs par jour par rapport aux années précédentes.
Malgré ces critiques, le maire Brugnaro défend ce programme comme une avancée majeure. « Venise est pionnière dans la gestion active du surtourisme », a-t-il déclaré, insistant sur les résultats encourageants obtenus et affirmant que ce projet est en constante évolution.
Les autorités espèrent que la planification anticipée et les exemptions pour les séjours prolongés inciteront les visiteurs à explorer la ville de manière plus respectueuse. En favorisant un tourisme plus durable, Venise espère trouver un équilibre entre développement touristique et qualité de vie pour ses habitants.
Que retenir ?
Venise se trouve à un tournant majeur de sa gestion touristique. En introduisant une taxe plus stricte, la ville espère non seulement réduire les foules lors des jours critiques, mais aussi encourager des visites mieux organisées. Bien que les premières expérimentations aient reçu des avis mitigés, elles ont permis de dégager des recettes importantes et d’affiner la compréhension des flux touristiques.
Toutefois, les défis restent nombreux : le déclin démographique, la surcharge des infrastructures et la pression des croisiéristes sont autant d’obstacles que la ville devra continuer à gérer. Venise doit donc trouver une voie durable pour préserver son patrimoine unique et offrir une meilleure qualité de vie à ses habitants.