À mesure que les étés deviennent de plus en plus intenses et que les gros titres se multiplient sur les foules envahissant les lieux touristiques européens, le surtourisme devient un problème majeur. Certaines des villes les plus visitées, comme Amsterdam, Barcelone ou Venise, sont les premières touchées par ce phénomène, mais elles ne sont que la partie émergée de l’iceberg. De nombreuses autres destinations européennes, moins connues, subissent elles aussi les conséquences de cette pression touristique, entraînant des impacts négatifs sur les habitants et les sites historiques. Dans cet article, découvrez comment ces lieux réagissent face à cette crise du tourisme de masse en prenant des mesures innovantes et parfois radicales.
Ile-de-Bréhat, France : une île bretonne à capacité limitée
L’île de Bréhat, située au large des côtes bretonnes, est un véritable joyau naturel. Cependant, sa fragilité écologique et sa petite taille en font une cible idéale pour les touristes en quête de nature préservée. En réponse à cette affluence, les autorités locales ont instauré une limite stricte de 4 700 visiteurs par jour entre 8h30 et 14h30. Ce quota n’inclut pas les résidents, les propriétaires de résidences secondaires et les travailleurs, mais il permet de préserver la qualité de vie des habitants tout en garantissant une expérience authentique pour les visiteurs. Cette réglementation saisonnière vise à éviter la saturation de l’île pendant la haute saison touristique et à maintenir l’équilibre entre le tourisme et l’environnement fragile de cette destination.
Athènes, Grèce : gérer les foules de l’Acropole
L’Acropole d’Athènes est sans aucun doute l’un des monuments les plus emblématiques du monde, attirant des millions de visiteurs chaque année. Cependant, l’afflux constant de touristes, notamment en été, a conduit à une situation de surcharge qui affecte à la fois la conservation du site et l’expérience des visiteurs. Face à ce problème, les autorités grecques ont décidé de limiter à 20 000 le nombre de visiteurs par jour. De plus, les entrées sont désormais échelonnées, ce qui permet de fluidifier les flux et d’éviter les concentrations massives de touristes à certaines heures. Cette mesure garantit une meilleure protection de ce site historique tout en offrant une visite plus agréable et moins chaotique pour les visiteurs.
Venise, Italie : la Sérénissime face à la pression touristique
Longtemps surnommée La Sérénissime, Venise a vu sa sérénité compromise par des foules gigantesques de touristes envahissant ses canaux et ses ruelles étroites. Pour remédier à ce problème, la ville a mis en place plusieurs mesures drastiques. Parmi elles, l’instauration d’un droit d’entrée pour les visiteurs en haute saison, la limitation à 25 personnes par groupe pour les visites guidées, et l’interdiction des mégaphones pour éviter les nuisances sonores. Venise tente également de réduire l’impact des croisiéristes, qui débarquent par milliers chaque jour, en imposant des restrictions strictes. Ces initiatives visent à retrouver l’authenticité qui faisait autrefois la renommée de la ville et à offrir une expérience de visite plus respectueuse de l’environnement urbain et de ses habitants.
Barcelone, Espagne : une lutte acharnée contre les locations touristiques
Barcelone, capitale de la Catalogne, est l’une des villes les plus visitées d’Europe, ce qui a provoqué des tensions entre touristes et résidents. L’un des principaux problèmes auxquels la ville fait face est la prolifération des locations de courte durée via des plateformes comme Airbnb, qui perturbe le marché immobilier et transforme certains quartiers en zones touristiques permanentes. En réponse, les autorités barcelonaises ont annoncé une interdiction totale de ces locations d’ici 2028. De plus, la ville a retiré un itinéraire de bus touristique populaire de Google Maps pour réduire la fréquentation du parc Güell, et elle a augmenté les taxes pour les croisiéristes ne passant que quelques heures en ville. Barcelone entend ainsi reprendre le contrôle de son identité urbaine et améliorer la qualité de vie de ses habitants tout en accueillant un tourisme plus responsable.
Lisbonne, Portugal : réduire les tuk-tuks et taxer les nuitées
À Lisbonne, capitale du Portugal, le nombre croissant de tuk-tuks dans les rues a suscité des inquiétudes parmi les résidents, qui se plaignent du bruit et des embouteillages causés par ces véhicules populaires auprès des touristes. En réponse, la ville a décidé de limiter leur nombre. En parallèle, elle a annoncé une augmentation de la taxe de séjour pour les visiteurs, passant de deux à quatre euros par nuitée. Ces mesures visent à mieux réguler les flux touristiques et à garantir que la ville reste agréable pour ses habitants tout en continuant à attirer des voyageurs. Lisbonne montre ainsi qu’il est possible de trouver un équilibre entre un tourisme florissant et le respect du cadre de vie des résidents.
Hallstatt, Autriche : le village pris d’assaut par les amateurs de selfies
Le village pittoresque de Hallstatt, situé au bord d’un lac en Autriche, est devenu une attraction touristique majeure en raison de son apparence féerique. Ce lieu, qui aurait inspiré des scènes du film La Reine des Neiges, attire des hordes de touristes désireux de prendre le selfie parfait. Face à cette invasion, les autorités locales ont érigé des barrières en bois pour restreindre l’accès à certaines zones populaires, protégeant ainsi les résidents et leur tranquillité. Ce geste peut sembler modeste, mais il représente un exemple marquant de la manière dont un petit village peut se défendre contre les excès du tourisme de masse.
Amsterdam, Pays-Bas : régulation stricte pour le quartier rouge
L’une des villes pionnières en matière de gestion du surtourisme, Amsterdam a pris des mesures significatives pour limiter l’impact des visiteurs. La ville a instauré la taxe de séjour la plus élevée d’Europe, a réduit le nombre d’amarrages pour les bateaux de croisière et a même lancé une campagne demandant à certains types de touristes de « rester loin ». Par ailleurs, la ville a décidé de fermer son terminal de croisière d’ici 2035 et a imposé des restrictions sur l’usage de cannabis dans les rues du célèbre quartier rouge. Ces initiatives visent à retrouver une qualité de vie plus sereine pour les habitants tout en maintenant une attractivité touristique équilibrée.
Dubrovnik, Croatie : préserver la perle de l’Adriatique
La célèbre ville de Dubrovnik, surnommée la Perle de l’Adriatique, a été l’une des premières à imposer des limites sur le nombre de passagers de croisière autorisés à débarquer chaque jour. Consciente des dégâts causés par le tourisme de masse, la ville a également lancé une campagne ludique demandant aux touristes d’éviter de faire rouler bruyamment leurs valises sur les pavés de la vieille ville et a mis en place des amendes pour les visiteurs se promenant en maillot de bain dans le centre historique. Ces mesures permettent de protéger le charme unique de Dubrovnik tout en offrant une expérience plus respectueuse aux visiteurs.
Alors que certaines destinations populaires prennent des mesures radicales pour gérer le surtourisme, d’autres lieux comme Kotor au Monténégro ou Santorin en Grèce commencent également à ressentir la pression croissante du tourisme. Dans ces villes, les habitants expriment de plus en plus leur frustration face aux foules, ce qui pourrait conduire à l’adoption de restrictions similaires dans les années à venir. Le tourisme durable devient ainsi une priorité pour de nombreuses destinations en Europe ; et il est probable que de nombreuses autres villes suivront cette tendance afin de protéger leurs sites naturels et culturels tout en offrant une expérience de qualité à leurs visiteurs.