Le lancement du système d’entrée/sortie (EES) de l’Union européenne post-Brexit, initialement prévu cet automne, pourrait être à nouveau retardé. Selon un rapport exclusif de The Independent, les nouveaux contrôles aux frontières de Schengen pourraient débuter le 10 novembre, avec une possibilité de report au 17 novembre. Ce système, attendu depuis 2022, a déjà été repoussé à plusieurs reprises : de mai 2023 à fin 2023, puis au 6 octobre 2024. Cependant, aucune date officielle n’a encore été confirmée par la Commission européenne.
La Commission maintient que l’EES entrera en vigueur à l’automne 2024. Christian Wigand, porte-parole de la Commission européenne, a déclaré à Euronews Travel que le système devrait être opérationnel à l’automne 2024, avec une date précise à annoncer en temps voulu. Le lancement sera déterminé et annoncé sur le site officiel de l’EES.
Une fois en place, ce nouveau système impliquera des contrôles aux frontières pour les voyageurs non européens entrant dans l’espace Schengen. Certains anticipent un chaos initial, tandis que d’autres espèrent que les retards successifs permettront aux pays de mieux se préparer. The Independent rapporte également que les centres de transport les plus fréquentés pourraient bénéficier d’une « soupape de sécurité », permettant de renoncer temporairement à l’enregistrement biométrique (reconnaissance faciale et empreintes digitales) aux heures de pointe, bien que cette information n’ait pas été confirmée par la Commission européenne.
Fonctionnement de l’EES
L’EES sera un système d’enregistrement automatisé destiné aux voyageurs britanniques et autres non européens dispensés de visa pour entrer dans l’UE. Les voyageurs devront scanner leur passeport ou autre document de voyage à une borne libre-service chaque fois qu’ils franchiront une frontière extérieure de l’UE. Cette mesure ne s’appliquera pas aux résidents légaux ni aux détenteurs de visas de long séjour. Le système enregistrera le nom du voyageur, ses données biométriques, ainsi que la date et le lieu d’entrée et de sortie. Les données biométriques seront conservées pendant trois ans après chaque voyage.
Ce système sera déployé dans tous les États membres de l’UE, à l’exception de Chypre et de l’Irlande, ainsi que dans les quatre pays non membres de l’UE de l’espace Schengen : l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse. L’EES vise à renforcer la sécurité aux frontières et à identifier les voyageurs dépassant la durée autorisée dans l’espace Schengen (90 jours sur une période de 180 jours).
Réactions de l’industrie du voyage
L’industrie aérienne a soutenu les retards de mise en œuvre de l’EES, car ils offrent plus de temps pour les préparatifs. Une déclaration conjointe de plusieurs organisations du secteur, dont la région européenne du Conseil international des aéroports (ACI), Airlines for Europe (A4E), l’Association des compagnies aériennes des régions européennes (ERA) et l’Association internationale du transport aérien (IATA), a souligné que l’EES transformerait la gestion des frontières de l’UE. Toutefois, des problèmes subsistent pour garantir un déploiement sans heurts, afin d’éviter des perturbations pour les passagers aériens.
La coalition a insisté sur la nécessité d’une « adoption plus large et d’une mise en œuvre efficace de l’automatisation aux points de passage des frontières nationales par les autorités nationales », ainsi que sur le financement par les États membres pour déployer suffisamment de personnel formé et de ressources aux frontières extérieures de l’UE, en particulier dans les aéroports. Les compagnies aériennes et les aéroports devront également disposer de « ressources suffisantes » pour faciliter l’application des nouvelles règles. Une campagne de communication publique est également jugée nécessaire pour informer les voyageurs des changements à venir.
Lien avec l’ETIAS
L’EES est connecté au système européen d’information et d’autorisation de voyage (ETIAS). Ce système oblige les citoyens non européens dispensés de visa à obtenir une autorisation de voyage pour entrer dans l’Union. Initialement prévu pour novembre 2023, l’ETIAS devrait désormais être opérationnel au printemps 2024. Bien qu’aucune date exacte ne soit fournie, l’UE a déjà indiqué qu’il serait introduit cinq à six mois après l’EES. Une période de mise en œuvre progressive est envisagée pour introduire l’ETIAS parallèlement au système d’entrée-sortie.
Les voyageurs pourront demander l’ETIAS en ligne avant leur voyage, moyennant des frais de 7 €. Une fois approuvée, l’autorisation de voyage électronique sera liée électroniquement à leur passeport et valable trois ans.
Causes des retards de l’EES
Les difficultés rencontrées par les entrepreneurs pour respecter les délais ont été citées comme raison des reports successifs de l’EES. Des barrières EES automatisées doivent être installées à toutes les frontières internationales terrestres, maritimes et aériennes de l’espace Schengen. Les voyageurs pourront enregistrer leurs données sur des bornes libre-service et des applications mobiles dans certains pays, après quoi les gardes-frontières ou les portes électroniques effectueront les contrôles.
Impact sur les voyages
Au Royaume-Uni et ailleurs, certains craignent que l’EES n’augmente les délais d’attente aux points de contrôle aux frontières. Dans un rapport du Conseil européen publié par l’organisation à but non lucratif Statewatch, plusieurs pays s’inquiètent des retards dans la mise en œuvre du système EES. L’année dernière, ils ont exprimé des préoccupations quant au temps limité dont ils disposeraient pour tester le système avant son lancement.
Les autorités françaises prévoient de mettre en place des contrôles aux frontières EES dans le port de Douvres, Eurostar et Eurotunnel au Royaume-Uni. Elles collaborent avec le gouvernement britannique pour minimiser l’impact sur les flux et le trafic aux frontières, bien que des délais d’attente potentiels soient redoutés. D’autres pays travaillent également sur la mise en œuvre du système EES. La Commission européenne a suggéré une introduction progressive et flexible du système pour réduire le risque de longs délais d’attente aux frontières.